Le calme avant la tempête.

342 25 2
                                    


27 juin 1997, Manoir Malefoy, Wiltshire.


Bellatrix fut réveillée par une violente nausée et bondit hors de son lit pour se précipiter au-dessus des toilettes. Après dix longues minutes passées à vomir, elle prit soin de bien se laver les dents avant de prendre une potion anti-nausée que Narcissa lui avait fourni. La mangemort commençait à redouter l'avancée de sa grossesse, se fit à elle-même la promesse de ne plus jamais porter d'enfant.
Enfin...
Sauf si son Maître lui en donnait à nouveau l'ordre.

Elle alla dans son dressing d'un pas trainant, choisit la robe la plus ample qu'elle put trouver et l'enfila d'un geste paresseux. Ensuite, elle sortit de sa suite, encore à moitié endormie. Elle ne remarqua pas tout de suite l'ombre au bout du couloir. Aussi, quand Lord Voldemort posa une main sur son épaule, elle ne put s'empêcher de sursauter.

- Maître ! Je vous prie de m'excuser, je ne vous avais pas...
- Comment vas-tu aujourd'hui ?

Bellatrix s'arrêta net, surprise par sa question.

- Je... bien, tout va bien, répondit la brune.

Voldemort regarda autour d'eux, puis aggripa Bellatrix par l'avant-bras pour l'entrainer à nouveau dans sa chambre. Il ferma la porte derrière eux et invita la sorcière à s'asseoir, ce qu'elle fit docilement. Le mage noir s'approcha d'elle, et passa une main sur son ventre. Une lueur étrange brillait dans ses yeux écarlates, et son expression faciale était à mi-chemin entre le dégoût et la fascination.

- Tu le sens bouger ? demanda Lord Voldemort d'une voix blanche.
- Non, pas encore, répondit Bellatrix avec un petit sourire. Mais il est là, Maître, je peux vous l'assurer. Tout va bien.

Voldemord garda sa main posée sur le ventre de Bellatrix. Son regard était sombre.

- Tu vas rester ici ce soir, déclara-t-il soudain d'une voix froide.
- Mais... commença Bellatrix, interloquée.
- Il n'y a pas de mais, coupa sèchement Voldemort. Tu portes mon héritier. Si jamais un sortilège venait à te toucher, tu risquerais de le perdre. Tu restes ici ce soir, c'est mon dernier mot.

Il fit un mouvement pour partir, mais Bellatrix se leva brusquement.

- Je suis votre meilleur lieutenant, j'ai toujours été à vos côtés, dit-elle avec assurance. Aucun sortilège ne me touchera. Et puis, ne m'avez-vous pas demandé de faire du ménage dans la famille ? La sale hybride d'Andromeda sera de la partie à coup sûr, je veux être présente, je veux pouvoir la tuer moi-même. Je vous en conjure, Maître, laissez-moi venir avec vous.

Voldemort passa lentement le bout de sa langue sur sa lèvre inférieure en regardant attentivement sa servante. Il soupesait le pour et le contre, Bellatrix pouvait le deviner car elle connaissait chacune de ses mimiques.

- S'il vous plaît...

Le Seigneur des Ténèbres ferma les yeux et soupira.

- Si tu perds l'enfant, Bella, tu perdras la vie. C'est aussi simple que cela.

Un frisson d'excitation parcourut l'échine de la mangemort, et elle s'empressa de s'incliner devant son Maître.

- Merci, mon Seigneur, dit-elle d'une voix emprunte d'émotion.


****


Narcissa agita une dernière fois sa baguette pour que la seule pile de linge qui le restait à ranger se plie et vole jusque dans l'armoire de son dressing. Derrière elle, assis dans un grand fauteuil de cuir, Lucius lisait le journal.

- Vois le côté positif des choses, dit Narcissa d'une voix claire. Si tu n'as pas ta baguette, tu n'auras pas à participer à la mission de ce soir. Tu pourras rester tranquillement ici, avec nous. Nous pourrions même sortir, avec Draco, comme avant. Je suis sûre que le patron de la Guivre Blanche serait ravi de nous proposer sa meilleure table.
- Voir le côté positif des choses, siffla Lucius en levant ses yeux clairs vers sa femme. Je suis sorti d'Azkaban pour me rendre compte que je suis traité comme un servant dans ma propre maison. Je n'ai plus de baguette, je suis aussi utile qu'un cracmol et toi tu me demandes de voir le côté positif des choses ? Tu crois que l'idée d'être tenu à l'écart me plait ? Je ne sais pas si tu es devenue stupide pendant mon absence ou si tu es simplement naïve, mais il va falloir que tu commences à accepter la réalité qui est la nôtre, Cissy. Nous sommes déchus, le Seigneur des Ténèbres nous méprise, tous, même ta folle de sœur. Ce n'est qu'une question de temps avant qu'elle ne s'en rende compte.
- Ce n'est pas la peine de me parler ainsi, Lucius, répondit sèchement Narcissa. Je ne suis pas stupide, et encore moins naïve. Je fais de mon mieux pour maintenir notre famille dans une bonne position. Dois-je te rappeler que j'étais là, moi, pour notre fils, quand tu étais enfermé à Azkaban ? J'ai tout fait pour ne pas sombrer, pour nous maintenir à flot. Tu crois que tu es le seul à avoir souffert ? Tu passes ton temps à te lamenter, à ressasser le passé. Crois-tu que cela t'aidera à avancer ? Tu traites ma sœur de folle, Lucius... peut-être que Bellatrix a une façon de réfléchir différente de la tienne, différente de tous, mais elle au moins, elle garde la tête haute. Elle est sortie de treize ans d'enfermement, prête à se battre pour ses idéaux. Toi tu reviens après une année comme si le monde entier s'était écroulé. Tu nous insultes, ma sœur et moi, tu nous prends de haut, mais peut-être devrais-tu nous prendre pour exemple.
- Vous prendre pour exemple, répondit Lucius avec un rire mesquin.
- Oui, oui, Lucius Malefoy, peut-être que tu devrais, pour une fois dans ta vie, admettre qu'il puisse y avoir mieux que toi. Et que ce mieux, ce sont notamment les femmes qui t'entourent.
- Je...
- Sais-tu ce que je crois ? coupa la sorcière. Je crois que tu as peur, et que tu n'oses rien faire. Sauf qu'un jour, Lucius, il faudra oser. Il faudra oser lui tenir tête, ou oser le servir en dépit des conditions. Un jour, Lucius, il faudra oser faire comme ceux que tu méprises avec tant d'ardeur. Il faudra oser être Bellatrix, ou oser être Regulus.
- Regulus ? répéta Lucius en haussant un sourcil.
- Oui, Regulus. Pourquoi crois-tu qu'il ait disparu sans laisser de traces ? J'ignore comment, mais il a tenu tête au Seigneur des Ténèbres. Cela lui a peut-être coûté la vie, mais il est mort en osant, en osant être courageux.
- Tu veux que je meure pour montrer à quel point je suis courageux ? demanda Lucius sur un ton moqueur.
- Je veux que tu arrêtes d'être un gamin arrogant, méprisant, incapable et paresseux, siffla Narcissa dont les yeux sombres étaient emplis de colère. Lucius, si tu continues sur la voie que tu as empruntée, tu me perdras, et tu perdras Draco. C'est tout ce que j'ai à te dire. Et c'est la dernière fois que tu insultes ma sœur.

À ces mots, Narcissa fit volte face et sortit de la suite parentale en trombes, laissant derrière elle un Lucius Malefoy profondément choqué.


****

10, Montagu Road, Oxfordshire.


La nuit tombait peu à peu sur le compté d'Oxfordshire. Anxieuse, Andromeda Tonks regardait par la fenêtre, le visage grave. Peu à peu, elle distingua deux silhouettes au bout de la rue. Elles approchaient. À la lueur des réverbères, elle distingua la chevelure aux reflets violets de sa fille.

- Ils sont là, dit-elle d'une voix blanche.

Teddy s'approcha d'elle, et passa un bras autour de sa taille.

- Tout va bien se passer, Dromeda.
- Je sais, dit-elle avec un faible sourire.

Quelques secondes plus tard, on toqua à la porte. Teddy alla ouvrir à Nymphadora et Remus, qui entrèrent sans plus attendre.

- Les autres sont déjà en route pour Little Whinging, dit Nymphadora. Nous ne devons pas tarder. Tout est prêt ?
- Le portoloin est relié au Terrier, promit Teddy. Il ne reste plus qu'à installer les protections.
- Parfait, acquiesça Lupin. Allons-y, dans ce cas.

Andromeda prit une profonde inspiration, et tous sortirent à l'extérieur pour commencer à lancer les sortilèges de protection. Chacun se posta à un coin différent de la propriété, et tous levèrent leur baguette comme un seul homme pour réciter les mêmes incantations.

- Protego Maxima, Protego Totalum, Cave Inimicum, Protego Horribilis, Repello Inimicum, Salveo Maleficia... Protego Maxima, Protego Totalum, Cave Inimicum, Protego Horribilis, Repello Inimicum, Salveo Maleficia.


****


Devant l'imposant Manoir Malefoy, une trentaine de silhouettes encapuchonnées attendaient dans un brouhaha sinistre. La plupart avaient un balai à la main, à l'exception de quelques-uns qui avaient réussi maitriser le vol sans balai. Une légère brise balayait les environs, et d'épais nuages cachaient les reflets de la Lune.
Tout à coup, les grandes portes de l'entrée principale s'ouvrirent, et une femme toute vêtue de noir, à l'épaisse crinière de boucles brunes apparut. Elle marchait d'un pas décidé, son visage était sérieux, mais elle semblait profondément excitée par la mission à venir. Elle toisa chacun des mangemorts devant elle avec un sourire maléfique.

- Vous avez entendu le Seigneur des Ténèbres, dit-elle d'une voix puissante. Aucune erreur ne sera tolérée ce soir. Tuez à portée de vue, mais épargnez le garçon, il appartient au Maître. Ne le laissez pas s'enfuir, où vous en souffrirez les conséquences.

Un silence de plomb avait gagné l'assemblée qui regardait désormais avec attention cette femme si menue et pourtant ô combien charismatique. Non loin d'elle, Rodulphus Lestrange observait son épouse avec une fierté non-dissimulée. Il savait pertinemment que tous la craignaient, mangemorts comme traitres à leur sang. Bellatrix ne connaissait nulle autre peur que celle de décevoir son Maître, et c'est ce qui faisait d'elle l'une des sorcières les plus dangereuses de Grande-Bretagne, si ce n'est d'Europe. Elle ne se souciait pas de sa propre mort, et encore moins de celle des autres. Sur le champ de bataille, tout ce qui se trouvait sur son chemin tombait. Elle éliminait ses opposants sans une once d'hésitation, et prenait toujours un malin plaisir à les voir souffrir. La première femme mangemort, la main droite du Seigneur des Ténèbres, l'héritière de la Noble et Ancienne Maison des Black... Bellatrix était l'incarnation même de la volonté de Lord Voldemort, et nul ne pouvait ignorer cela.

- Oh et... faites-moi plaisir, ajouta la belle brune avec un regard malicieux, laissez-moi la bâtarde Tonks.

Cette dernière requête déclencha l'hilarité chez les mangemorts, mais les rires furent vite tus par l'arrivée d'un dernier personnage. D'un pas fluide, d'une démarque aérienne quasiment irréelle, Lord Voldemort s'avança et traversa le groupe de mangemort pour se retrouver aux côtés de Bellatrix. Il parcourut sans un mot l'assemblée de son regard pourpre, et son visage était marqué par une expression de profonde détermination. De sa main osseuse et pâle, il serrait la baguette en orme de Lucius Malefoy.
Le silence dura un long moment. Lord Voldemort respirait lentement, et l'on pouvait à peine distinguer la façon dont son torse se soulevait à chaque inspiration. Bellatrix le regardait, le souffle court, avec de grands yeux brillants d'adoration. Puis, d'une voix claire et froide, le mage noir ordonna :

- Allez-y.

Les mangemorts décollèrent immédiatement, fusant droit vers le ciel sombre. Lord Voldemort agrippa la main de Bellatrix juste avant que celle-ci ne quitte la terre ferme et braqua son regard dans le sien.

- Fais très attention, Bella.

La sorcière ne put déterminer s'il s'agissait d'un conseil ou d'une menace, mais hocha la tête, le visage sérieux. Lord Voldemort relâcha son bras, et Bellatrix s'envola dans un nuage de fumée noire.

A Black Tale II : the Dark Lord ascendingWhere stories live. Discover now