Poudlard Express.

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19 août 1996, Manoir Malefoy, Wiltshire.

Il était minuit. Bellatrix ne parvenait pas à trouver le sommeil. Après deux heures à s'être tournée et retournée sous ses draps sans pouvoir s'endormir, elle décida de se lever. La sorcière enfila un peignoir de soie noire, des pantoufles, et sortit de sa chambre. Le corridor était plongé dans l'obscurité, ainsi elle dut allumer sa baguette afin de mieux discerner le chemin. Sur son passage, les murmures offusqués des portraits accrochés au mur la priaient de bien vouloir éteindre la lumière, mais la mangemort n'y prêta que peu d'attention. Quand elle arriva au bout du couloir, elle entendit une voix familière, si basse qu'elle dut tendre l'oreille pour comprendre ce qu'elle disait.

- ...et mon pauvre fils, qui marche droit vers la mort... ô chers parents, notre noble lignée menace de disparaître, chaque jour est un pas de plus vers l'anéantissement. Il ne reste plus que Bella et moi, et Bella... le Seigneur des Ténèbres me l'arrachera un jour, je ne le sais que trop bien. Notre nom a disparu, notre sang a été souillé, nous sommes humiliés, pointés du doigt. Le temps où les Sacrés étaient respectés est loin derrière nous, et je perds espoir qu'il reviendra un jour...

La voix provenait de derrière une porte que Bellatrix n'avait jamais remarquée jusque là. Elle était entrebâillée, aussi la mangemort put jeter un coup d'œil à l'intérieur. Elle vit Narcissa, agenouillée au centre d'une pièce où s'amoncelaient divers objets étranges et sinistres, devant un grand portrait dont Bellatrix distinguait mal les contours. La blonde n'était éclairée que par la lumière de deux bougies posées au sol, et portait une longue robe de nuit blanche qui couvrait chaque centimètre de sa peau. Ses cheveux dorés étaient lâchés sur ses épaules étroites, et son regard était levé vers le tableau. Bellatrix décida d'entrer dans la salle, et Narcissa n'eut aucune réaction quand elle la vit. Ses yeux étaient baignés de larmes. Bellatrix, elle, sentait la colère monter et sentait que, si elle ouvrait la bouche, les mots qu'elle prononcerait ne seraient ni doux, ni tolérants.
Soudain, un mouvement intercepta son attention. Il venait du tableau. Elle leva sa baguette illuminée, et découvrit avec stupeur le portrait d'une femme qu'elle ne connaissait que trop bien.

- Mère...
- Baissez votre baguette, jeune fille, répondit le portrait de Druella d'un ton autoritaire.

Bouche bée, Bellatrix regarda sa mère lui lancer un regard froid. Druella était splendide, elle l'avait toujours été. Ses beaux cheveux blonds, les mêmes que Narcissa, étaient coiffés en chignon bas, et sa bouche fine était mise en valeur par une couleur rouge sombre.

- Pourquoi ne m'as-tu jamais dit que tu avais un portrait de mère caché chez les Malefoy ? siffla Bellatrix à l'attention de sa sœur.
- Il n'est pas caché, se défendit Narcissa.
- Vraiment ? répondit l'aînée en plissant les yeux. Et quel était ce discours par ailleurs ? Comment oses-tu douter ainsi de mon Maître ?
- Je ne doute pas je...
- Comment oses-tu penser que le Seigneur des Ténèbres sera ma perte !
- Bella je...
- Espèce de sale...
- ASSEZ.

La voix de Druella avait claqué comme un fouet. Les sœurs sœurs se figèrent, et se turent instantanément.

- Tu ne te rends pas compte, murmura Narcissa après un instant de silence. À la fin... c'était horrible. Nous avons tout perdu. Arrives-tu seulement à imaginer ce que tante Walburga a pu ressentir ? T'arrive-t-il de penser à ce qu'elle a vécu ? Bella, son fils lui a été arraché et elle n'a jamais eu de corps sur lequel pleurer. Il n'y a jamais eu de preuve de sa mort, elle n'a jamais fait le deuil de Regulus. Il a disparu, du jour au lendemain, sans laisser de traces. Il avait à peine dix-huit ans... Walburga est morte sans pouvoir dire adieu au seul être qu'elle aimait sur cette Terre.
- Il a trahi le Seigneur des...
- C'était un enfant ! Bella, ce n'était qu'un enfant ! cria Narcissa d'une voix tremblante. S'il arrivait malheur à Draco... notre pauvre famille... je ne veux pas vivre ce qu'ont vécu nos aînés. Je ne veux pas perdre un nouvel enfant.
- J'étais une enfant aussi quand j'ai décidé de rejoindre les rangs des mangemorts, répondit froidement Bellatrix. J'ai toujours assumé mon choix, je suis toujours restée fidèle à mon Maître. Regulus est mort car il n'a pas assumé son choix, et c'est entièrement sa faute. Les traitres n'ont droit à aucune pitié. Il n'arrivera rien à Draco tant qu'il servira le Seigneur des Ténèbres avec une entière dévotion.
- Et s'il venait à échouer...
- Tu t'es déjà débrouillée pour le mettre en sécurité en allant voir Severus, répliqua sèchement la mangemort. Maintenant, sois digne, et arrête de pleurnicher devant le portrait d'une femme morte.

A Black Tale II : the Dark Lord ascendingWhere stories live. Discover now