Tristement célèbres.

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- Madame Malefoy ?

Narcissa tourna la tête pour apercevoir un sorcier vêtu d'une chemise grise au nœud papillon brun, coiffé d'un chapeau melon, tenant un carnet à la main. Un plume à papotte volait à sa droite, et deux autres sorciers qui tenaient des appareils photo étaient derrière lui. Narcissa soupira et s'éloigna d'un pas rapide, mais les trois sorciers la suivirent.

- Madame Malefoy, quelques questions s'il vous plait ! l'appela le journaliste. Vous êtes venue chercher le jeune Draco, n'est-ce pas ? Est-il vrai que votre fils est un mangemort ?

Au même moment, le Poudlard Express faisait son entrée en gare dans une grande volute de fumée grise. Autour, les familles se pressaient pour accueillir leurs enfants. Narcissa tenta de repérer son fils dans les wagons habituellement occupés par les Serpentards, mais la vue était bloquée par les passants. Entre temps, les journalistes étaient arrivés à sa hauteur, et continuaient de lui poser des questions que la femme tentait tant bien que mal d'ignorer.
Enfin, elle vit la tête blonde de Draco sortir du train, et elle se hâta en sa direction. Quand il la vit, le jeune Malefoy eut un mouvement de recul. Il avait aussi aperçu les journalistes. Narcissa lui tendit la main, et l'entraina le plus loin possible de la foule qui leur lançait des regards curieux. Les journalistes étaient sur leurs talons, et les flashs de leurs appareils troublaient la vue de Narcissa qui sentait la colère monter. Soudain, elle s'arrêta et fit volte face, baguette à la main.

- Je vous interdis de continuer à nous pourchasser ! s'écria-t-elle d'une voix tremblante. Mon fils et moi n'avons rien à voir avec vos histoires ! Ce que vous faites ; c'est du harcèlement, et si vous osez vous approcher à nouveau de ma famille, vous finirez devant le juge !
- Donc vous dites que Draco et vous-même n'avez rien à voir avec Celui-Dont-On-Ne-Doit-Pas-Prononcer-Le-Nom, alors même que Lucius Malefoy est enfermé à Azkaban pour avoir servi le mage noir ? demanda le journaliste en ignorant les menaces de la sorcière.
- Mon époux n'a jamais fait de mal à personne, il est innocent ! répliqua Narcissa, furieuse. N'avez-vous pas honte ?
- Cachez-vous votre sœur, Bellatrix Lestrange, la meurtrière ? continua l'autre.

Narcissa regarda un regard affolé à la plume à papotte qui continuait d'écrire. Draco serra la main de sa mère, et d'un geste de la tête l'implora de continuer son chemin. La sorcière acquiesça, et se dirigea vers la sortie, les journalistes toujours derrière eux. Avant qu'elle ne transplane avec son fils, une dernière question parvint à ses oreilles :

- Niez-vous être en partie responsable du meurtre de votre cousin, Sirius Black ?


****


Il pleuvait sur Londres. Confortablement installés dans le living-room, les enfants Black vaquaient à leurs occupations. Leurs parents, dans la pièce d'à côté, discutaient politique. La plus âgée des enfants avait essayé de s'incruster dans la conversation, mais l'opération avait été un flagrant échec. Elle revint aux côtés de ses sœurs et de son cousin, une moue de déception sur le visage.

- C'est si ennuyant d'être adulte, soupira-t-elle en s'affalant sur un sofa, écrasant à moitié une autre fillette qui lui ressemblait beaucoup.
- De quoi parlent-il ? demanda cette dernière en poussant gentiment son aînée.
- D'Ignatus Tuft et des détraqueurs. Ils disent que c'est une honte qu'il ait été remplacé par un sang de bourbe, répondit la brune.
- Ne parle pas des détraqueurs, Bella ! s'écria une petite blonde assise en face d'elle.
- Cissy a peur ? demanda un petit garçon aux mêmes boucles brunes que la plus vieille avec un sourire moqueur et une voix fluette.
- Laisse la tranquille Sirius, répondit sèchement Bellatrix.
- Bella, il est petit, sois moins dure, dit la cadette.
- Oh pitié, Dromeda, répondit Bellatrix en levant les yeux au ciel. S'il n'apprend pas maintenant, il n'apprendra jamais.

Tout à coup, une grande femme mince au regard sévère entra dans la pièce. Elle tenait contre elle un bébé qui avait déjà les mêmes boucles que Sirius.

- Bellatrix, occupez-vous de Regulus un instant, ordonna la femme.
- Mais, tante Walburga, j'ai autre chose à faire... se plaignit la fille.

Le regard de Walburga ne laissa pas le choix à Bellatrix, qui prit le bébé contre elle. Quand sa mère partit, elle posa ses yeux sombre sur son plus jeune cousin. Ses deux sœurs s'étaient collées à eux comme de la glue et observaient l'enfant avec émerveillement.

- Bonjour tout petit Regulus Black, murmura Andromeda en caressant le duvet brun sur la tête de son cousin. Regardez-vous, comme vous êtes beau !
- Il est beau, il est gentil ! s'écria Sirius avec sa petite voix. Regardez, il sourit à moi !

Regulus en effet s'était mis à sourire quand Sirius s'était approché de lui.

- Moi quand j'aurai un fils, il aura les mêmes yeux, affirma Narcissa. Regardez, des vrais yeux de Black.

En effet, l'enfant avait déjà des pupilles sombres comme les ténèbres les plus profonds. Bellatrix ne put s'empêcher de sourire en constatant qu'elle, ses sœurs et ses cousins, partageaient tous les mêmes traits prononcés et majestueux des Black.

- Toujours Pur, dit la fille dans un murmure.


Draco n'avait pas prononcé un mot depuis qu'il était sorti du Poudlard Express. Narcissa était inquiète. Elle craignait que son fils ne se renferme et garde tout son mal être pour lui. D'expérience, elle savait que cela était la pire chose à faire lorsque le monde s'écroulait autour de soit. La sorcière savait à quel point Draco tenait à son père, à quel point leur fils vénérait Lucius. Ce dernier avait toujours été un exemple pour le jeune garçon, un modèle à suivre. Le savoir derrière les barreaux de la terrible prison d'Azkaban avait dû être un choc terrible pour l'enfant Malefoy.

- Veux-tu une tasse de thé ? demanda Narcissa d'une voix douce.

Draco fit non de la tête.

- J'ai acheté tes gâteaux préférés, dit la mère avec un faible sourire. Et nous avons un stock de pommes délicieuses.
- Je n'ai pas faim, répondit Draco à voix basse. Merci.

Les deux étaient assis d'un bout à l'autre de la table du salon principal. Le regard de Draco était rivé sur la surface lisse du meuble. Il était extrêmement pâle, et son expression était figée, froide. Le cœur de Narcissa se serra un peu plus quand elle se rendit compte de l'état de son fils.

- Il sera de retour avant même que tu ne le réalises, dit-elle doucement. Ton père est un homme important, il n'a rien à faire à... là-bas.

Draco n'avait pas eu la moindre réaction. Narcissa douta même un instant qu'il l'eut entendue.

- Peut-être que nous pourrions inviter les Parkinson à dîner ? suggéra Narcissa.
- Si tu veux, maman, répondit le fils d'une voix lasse.
- J'ai rencontré Protheus et Romilda l'autre jour chez Barjow et Beurk, ils m'ont dit que Pansy ne s'était pas trop mal débrouillée cette année.

Toujours aucune réaction chez Draco. Narcissa prit une gorgée de thé, et reposa doucement sa tasse. Ses mains tremblaient.

- Va-t-il revenir ? dit gravement Draco, le regard toujours fixé sur la table, les mains crispées l'une dans l'autre.

« Il ». Narcissa déglutit. Draco ne parlait pas de son père. Il parlait du Seigneur des Ténèbres.

- Oui, répondit Narcissa dans un soupir. Oui, il va revenir. Mais il fera libérer ton père, ne t'inquiète pas.
- Je ne m'inquiète pas, répondit sèchement Draco en levant ses yeux gris vers sa mère.

Le regard que lui lança Narcissa lui fit comprendre immédiatement qu'il ne s'était pas adressé à elle de la bonne manière. Draco baissa à nouveau les yeux.

- Pardon, murmura-t-il. Je suis fatigué. Je vais à l'étage, si ça ne te dérange pas.
- Ne t'inquiète pas Draco, répondit Narcissa. Repose-toi. Tout ira bien.

Draco hocha la tête, se leva, et laissa sa mère seule dans l'immense salon.


****

Voldemort avait réfléchi toute la nuit à la façon dont les choses allaient pouvoir se dérouler maintenant que son retour avait été reconnu par le Ministre de la Magie, Cornelius Fudge. Il ne plus se permettre de perdre du temps désormais. Il fallait qu'il agisse vite, qu'il retrouve ses partisans le plus tôt possible afin d'organiser le coup d'Etat qui renverserait une bonne fois pour toute le Ministère. Fudge était en mauvaise position, et serait évincé relativement tôt si tout se déroulait selon les plans du Seigneur des Ténèbres. Pour que le mage noir prenne le pouvoir, il fallait que le successeur de Fudge soit sous son contrôle. Afin que ce soit le cas, il y avait deux solutions : qu'un de ses mangemorts soit élu, ou bien que le prochain Ministre soit soumis au sortilège de l'Imperium.
Le Seigneur des Ténèbres avait également pensé à un moyen d'affirmer qu'on ne pouvait pas s'attaquer à lui comme on avait essayé de le faire au Département des Mystères. La presque totalité des mangemorts qu'il avait envoyé la-bas avait été capturée, ce qui ternissait considérablement l'image du mage noir. Il était absolument hors de question qu'on le voit comme faible, comme quelqu'un qui puisse être atteint. À ces arrestations, il fallait une réponse forte. Il fallait des corps.

Il était tôt, le soleil ne s'était pas encore levé. Lord Voldemort était assis au bord d'un lit. Son regard était posé sur une Bellatrix endormie. Comme cela, elle avait presque l'air innocente. Son visage pâle était apaisé, ses boucles brunes ondulaient le long de sa nuque, et sa poitrine ronde se soulevait lentement au rythme de sa respiration. Elle ne portait qu'une robe de nuit au tissu fin, à cause de la chaleur du mois du juillet qui venait de commencer.
Le mage noir observa longuement sa mangemort, réalisant peu à peu qu'elle était sans doute la seule chose sûre qu'il connaissait en ce monde. Son ascension au pouvoir, la fidélité de ses mangemorts, l'issue des combats à venir...rien de tout cela n'était réellement certain. Mais la dévotion que lui vouait Bellatrix Lestrange, elle, était inébranlable, éternelle. C'était comme si elle avait toujours été là, comme si elle était née pour le servir. Bellatrix était vicieuse, sadique, immorale, létale, extrêmement puissante.
Voldemort refusait de l'admettre, mais Bellatrix n'était pas qu'utile. D'une certaine manière, elle était... précieuse. Le mage noir, quelque part, avait besoin de savoir que sa poitrine se soulevait toujours pour montrer qu'elle respirait. Il avait besoin de l'entendre hurler sur les autres, de la voir se pencher ridiculement bas pour le saluer. Il avait besoin de la voir tuer, de la voir rire, de la voir combattre. Et il avait besoin qu'elle continue de l'adorer, mais surtout ; de le craindre.

Elle l'avait déçu quand elle avait failli à lui ramener la prophétie. Mais, même dans sa colère, Lord Voldemort n'avait pas réussi à abandonner sa plus fidèle mangemort à son triste sort, alors qu'elle était en très mauvaise posture face à Dumbledore. Il avait laissé les autres être envoyé à Azkaban, mais il avait emmené Bellatrix Lestrange avec lui dans sa fuite. Et désormais, elle était là, devant le mage noir, et dormait paisiblement.
Elle avait vieilli, et son séjour à Azkaban avait laissé des traces indélébiles aussi bien sur son esprit que sur son corps. Néanmoins, elle s'était remise en forme, et avait conservé le charme et la beauté qui avaient su éveiller le désir du Seigneur des Ténèbres il y a des années.
Du bout de son index, Voldemort parcouru les courbes de la femme. Il se l'était dit dès qu'il avait su que Bellatrix lui reviendrait, et se l'était répété chaque jour depuis : ce ne pouvait plus être comme avant entre eux. La sorcière le distrayait. Il avait essayé de se convaincre qu'elle n'était qu'une source de plaisir charnel, et rien de plus. Mais la vérité, c'est qu'à force de la côtoyer, Voldemort avait été de plus en plus mal à l'aise à l'idée que sa servante puisse périr sur un champ de bataille. Il était convaincu que cela n'était dû qu'au fait qu'elle était sa meilleure arme, mais il voulait pouvoir rester impassible aux trépas de ses soldats. Il devait être inatteignable.

Le Seigneur des Ténèbres devait être capable de voir son meilleur soldat mourir sous ses yeux et continuer comme si de rien n'était.

Il passa sa main dans ses belles boucles brunes. Il savait qu'elle aimait quand il faisait cela. Une unique fois, elle s'était endormie contre lui. Il avait joué avec ses boucles jusqu'à ce que son souffle ralentisse et que les bras de Morphée l'accueillent. Elle avait posé sa tête sur son torse, et cette fois, il n'avait pas cherché à la déranger. Elle avait alors vingt-neuf ans.
À cette époque déjà, Bellatrix était l'objet de nombreuses convoitises. Voldemort l'avait vu dans l'esprit de ses autres mangemorts, rares étaient ceux qui n'auraient pas aimé avoir la sorcière dans leur lit. Dolohov, par exemple, avait eu un faible pour elle dès qu'elle était entrée dans leurs rangs, à l'âge de dix-huit ans. Même son cousin, Evan Rosier, n'avait pas été dérangé par l'idée d'avoir une aventure avec la terrible meurtrière.
Aujourd'hui encore, les hommes s'amusaient à tenir des propos répugnants sur Bellatrix. La plupart du temps, ils le faisaient quand son époux n'était pas là, et n'osaient jamais parler ainsi d'elle devant Lord Voldemort. Mais ce dernier n'avait pas besoin de les entendre pour savoir ce qui se disait derrière son dos. Ses mangemorts appréciaient le corps de Bellatrix, ses formes et son visage, ils aimaient la pureté de son sang et son côté intrépide. Voldemort ne pouvait pas leur reprocher cela. Néanmoins, il n'était pas sûr qu'il se retiendrait d'abattre quiconque oserait parler ainsi de Bellatrix directement devant lui. D'une certaine façon, manquer de respect au bras droit du Seigneur des Ténèbres, c'était manquer de respect au Seigneur des Ténèbres lui-même. Et manquer au respect au Seigneur des Ténèbres, c'était tout bonnement suicidaire.

Soudain, alors qu'il contemplait sans fin sa servante, une douleur immense frappa le mage noir. Il tomba à genoux sur le sol, le souffle court. Ses oreilles sifflaient, et sa vue était brouillée de tâches noires. Il entendit à peine Bellatrix qui s'était réveillée en sursaut et qui appelait son nom. Il sentit qu'elle le soulevait pour l'aider à s'asseoir sur le lit, il sentit qu'elle prenait son visage entre ses mains.
La douleur était atroce. La dernière fois qu'il avait tant souffert, c'était la nuit du 31 octobre 1981, lorsque son sortilège de mort s'était retourné contre lui, et avait ressentit une douleur similaire chaque fois qu'il avait créé un horcruxe.

- Maître ! Maître, je vous en supplie, répondez-moi !

Sa vue lui revenait peu à peu, et Lord Voldemort pu voir le visage de Bellatrix à quelques centimètres du sien. Ses yeux étaient baignés de larmes, et elle tremblait comme une feuille. Il la repoussa en grognant, et se massa les tempes.

- Maître, que s'est-il passé ? demanda Bellatrix d'une voix blanche.

Voldemort réfléchit à toute allure. Il n'avait aucune idée de ce qui venait de se passer, mais instinctivement, il se leva et descendit en trombe les escaliers, à la recherche de Nagini. Il trouva le serpent enroulé sur elle-même au fond du jardin, et la prit immédiatement contre lui, haletant. Bellatrix le rejoint quelques secondes plus tard, pieds nus et vêtue seulement de sa nuisette. Des larmes avaient séchés sur ses joues, mais ses yeux étaient encore rouges.

- Maître...bredouilla-t-elle.
- Retourne te coucher, Bella, dit sèchement le mage noir. Et n'y pense plus.

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SOFT BELLAMORT, because we deserve it.

Je reste persuadée que Voldemort est capable de ressentir des trucs, même si c'est pas vraiment de l'amour il reste humain. Et très honnêtement, l'avis de JK Rowling : qui calcule ?????? Qui connaît cette femme dans un premier temps ??????

J'espère que le tome 2 vous plaît jusque là, perso les jeunes sœurs Black me manquent. Elles étaient trop mignonnes. Maintenant... mdr.

Bonne lecture,
Altaïr.

A Black Tale II : the Dark Lord ascendingWhere stories live. Discover now