Chapitre 58

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Une semaine passa. Léna ne semblait plus vouloir tuer Dylan, ce qui était déjà un immense progrès.

Un grand pas pour Léna, un petit pas pour l'humanité. Pensait la jeune femme avec amusement lorsqu'elle se souvenait de ses anciennes envies de meurtres envers son garde du corps. Bon, ne rêvons pas, elles n'avaient pas complètement disparu, mais disons que l'adolescente avait décidé de les enfouir quelques temps, l'occasion de lui machiner un décès long et douloureux. Elle rit intérieurement, se disant qu'elle pouvait vraiment être méchante.

Elle avait passé la matinée dans sa salle de sport, en compagnie de Jérôme. Les réconciliations avec l'homme étaient encore loin de faire l'actualité, mais Léna ne pouvait s'empêcher de l'apprécier, dans le fond. Comme voulant se racheter, son moniteur lui parlait avec une certaine gentillesse et un grand respect, tentant de se rapprocher de cette élève dont il était tant complice, tout en laissant à la jeune fille le temps et l'espace vital qu'il lui fallait.

La princesse n'avait pas pu s'empêcher de lancer quelques piques comme par exemple « alors tu as pu t'acheter quoi comme joujou avec l'argent que je t'ai rapporté durant touuuuuuutes ces années où , parfaite innocente que j'étais, je n'avais rien remarqué !? », phrase qu'elle avait lâché en chantonnant, tout en exécutant la figure qu'elle venait d'apprendre, laissant son corps virevolter sur la barre fixe. Le corps en sueur, la gymnaste commençait à se demander ce qui avait bien pu la prendre de décider à faire du sport, dans une salle à effet de serre, durant les heures les plus chaudes de la journée, en plein mois d'août. Elle souffla, reprenant le maximum d'oxygène qu'elle pouvait avant de poser ses mains sur les barres asymétrique, ou les barres trucs pour les intimes, et dans un élan donné par ses jambes, soulever son corps dans les airs.

Jérôme faisait entièrement abstraction de ces piques que lui lançait la princesse. De toute façon, c'était lui qui était en tort, et lui seul : avoir accepté l'argent pour se rapprocher de la jeune fille, et une fois les liens crées, ça ne lui était même pas passé par la tête de tout dire à son élève. Un joli secret tenu pendant de nombreuses années qui avait donné à Léna assez de colère pour éclater en sanglots et faire exploser son cœur dans un bombardement de rancœur. Et puis il y avait Eloïse, cette adorable blondinette, entrée dans ce conflit de pièces d'or en même temps que son père. C'était la meilleure amie de Léna, autrefois. Un petit bout de femme qui avait toutes les qualités requises pour bien s'entendre avec l'héritière du trône portugais. La princesse savait que Jérôme et sa famille n'avaient pas un revenu élevé, qu'ils faisaient partie de la classe populaire. Mais pourquoi ne pas lui en avoir parlé ? Comment pardonner, après ça ? Après qu'ils aient préférés, durant des dizaines de mois, manigancer quelques échanges de bons services et de gras salaires avec ses parents ! Ces deux personnes qui représentaient la source de son malheur le plus profond.

La jeune fille chassa vivement ces pensées de son esprit, préférant ne pas elle-même retourner le couteau dans sa plaie. Elle avait enchainé l'exercice complet, pour ensuite se laisser tomber de fatigue sur les tapis de gym éparpillés un peu partout sur le sol. L'adolescente reprenait difficilement son souffle, se rendant compte qu'elle aurait peut-être dû se ménager un peu plus.

Assis dans un coin de la salle, près de la porte, Dylan regardait sa protégée. Elle était étonnante, cette gamine. Toutes ces années à s'ennuyer dans l'enceinte royale n'avait pas été inutile : elles avaient au moins permises à la jeune princesse de développer de véritables compétences sportives en gymnastique, et aussi, de ce qu'il avait pu voir ces dernières semaines, dans le domaine de l'équitation. Mais bon, entre être une bonne athlète et avoir une vie libre loin de cette prison dorée, il se disait que sa protégée aurait très vite fait le choix. Exister ailleurs, même dans un autre pays, qu'importe, mais pas là où elle était actuellement.

Princesse LénaWhere stories live. Discover now