Chapitre 16

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– Majestée, nous vous prions de bien vouloir vous préparer pour la réception de la famille royale d'Ukraine...

Voilà trois jours que Léna n'avait pas revu Eloïse. Sixtine, elle, s'était remise de son congé maladie et venait justement de revenir il y a quelques heures. La gouvernante n'eut même pas le temps de finir sa phrase que sa princesse apparue dans son champ de vision. Vêtu d'une splendide robe longue. D'un rose clair magnifique et munit d'une dentelle fine et brillante sur le col. Un tissu léger qui épousait les formes de l'adolescente plus qu'à merveille. Une tenue si superbe que jamais dans le pays on ne réussit à la remplacer.

Une robe qu'Ivan lui avait offerte l'été dernier et qu'il semblait adorer plus que tout. Le jeune prince Ukrainien serait sûrement extrêmement heureux de voir son amie vêtue ainsi. Et rien qu'à cette idée, Léna ne put s'empêcher de sourire.

Sa gouvernante l'avait regardée d'un visage neutre. Elle la trouvait splendide, oui, bien sûr. Mais la haine qu'elle portait à sa jeune maitresse l'empêchait de sourire.

– Je suis déjà prête, Sixtine.

– Monsieur Duciel l'est-il également ?

La jeune fille leva les yeux au ciel. S'il avait décidé de remettre un nœud papillon, elles pouvaient encore attendre...

– Allez l'aider, nous risquons fort d'être en retard, sinon.

La femme haussa les sourcils, étonnée, avant de se diriger en acquiesçant vers la porte qui se trouvait à l'autre bout de la chambre. Elle y toqua et l'ouvrit après avoir entendu un rapide "Entrez". Sixtine referma la porte derrière elle, laissant de nouveau la princesse seule.

Léna soupira avant de se diriger face à son miroir. Elle se dévisagea de la tête aux pieds, comme observant un intru, qu'elle connaissait par cœur. Tout simplement parce que c'était elle. C'était ce qu'elle était là, maintenant, et ce qu'elle avait toujours été.

Ce qu'elle a toujours été, avec cette impression de ne jamais être à sa place.

Mais bon, ce sentiment était si souvent avec elle que la jeune fille ne le remarquait même plus. Il faisait parti de ses humeurs, de son quotidien, et s'inscrivait dans son décor depuis si longtemps qu'elle ne savait plus le jours, le mois, la semaine, l'année de son arrivée. Peut-être même qu'il était né en même temps qu'elle. Ou peut-être que c'était il y a cinq ans ? Peut-être...

Ses yeux marrons parcoururent les plis du vêtement, ses froufrous. Un petit sourire illumina son visage. C'est vrai qu'elle était très belle, cette robe.

Chassant ses mauvaise pensées, l'adolescente se dirigea vers l'armoire où elle rangeait ses chaussures. Il y avait ces beaux escarpins qui iraient à merveilles avec sa tenue. Ou encore ces chaussures rosées à talons. Ces chaussures plates, là, aussi. Ou celles-ci qui trainaient, contre le mur depuis tellement longtemps.

Elle soupira. Sa robe était si longue, si belle. Ses yeux pétillèrent face à son choix. Voilà ce qui ferait l'affaire. Ces chaussures étaient tellement confortables, que pour un bal rien ne lui paraissait mieux. Elle s'empara de la paire de basquettes blanches avant de les enfiler. Et voilà ! Ni vue ni connue !

À peine se relevait-elle que son garde du corps accompagné de Sixtine franchissaient la porte.

À une seconde près... Pensa-t-elle face à la petite provocation qu'elle venait de faire. Mais bon, quelle idée de mettre des chaussures avec des talons riquiquis qui manquaient de vous casser la cheville à chaque pas, avec une robe aussi longue ?

Son regard se posa sur Dylan. Il était habillé d'un très beau costume bleu foncé. Pas de maquillage, pas de touches en trop. Ses cheveux si bien décoiffés, comme à son habitude. Mais ni cravate, ni nœud de papillon ou quelconque accessoire. La jeune fille fronça les sourcils en remarquant ce détail, mais ses yeux s'illuminèrent d'amusement lorsqu'elle vit que la gouvernant tenait désespérément un bout de tissus tout froissé dans ses mains.

Princesse LénaWhere stories live. Discover now