Princesse Léna

Chapitre 53

Ivan avait redormit avec Léna cette nuit-là. Il avait sentit l'humeur inquiète de son amie lorsque le crépuscule arrivait et avait alors jugé important de rester avec elle. Le jeune garde du corps avait bien vu que le prince et la princesse avaient passé la nuit ensemble, tout comme il avait remarqué qu'à sept heure du matin le lendemain, le jeune homme était sortit discrètement de la chambre pour aller à ses appartement, rejoint une petite heure plus tard par la jeune fille. Mais Dylan préférait ne pas s'interposer. Le choc traumatique qu'avait subit sa protégée était tout de même assez profond, et bien qu'il aurait pu s'en passer, le garçon devait bien s'avouer que la présence d'Ivan ne pouvait qu'être bénéfique pour l'adolescente.

À de ce que les gardes avaient rapportés durant la nuit, les mafieux n'étaient pas revenus. Trois nuits de terreur leurs auraient donc suffit. C'était étonnant. Enfin, pas tant que ça s'il tenait les propos de Léna pour vrais, quand elle lui avait affirmé que son agresseur avait dit agir contre l'ordre de ses supérieurs. La Mafia s'est peut-être occupée elle-même des fauteurs de trouble, d'une façon probablement bien plus efficace et définitive que la justice civile et démocratique du pays. Il avait rédigé les propos de l'adolescente dans un rapport et la réponse de son équipe avait été immédiate : l'étonnement. Pour Dylan, la jeune princesse ne mentait pas, il en était presque entièrement persuadé. De toute façon, qu'elle ait inventé ces informations serait illogique et irrationnel.

Mais le plus gros problème s'était posé lorsqu'il se demandait pourquoi la branche directive de la Mafia, c'est-à-dire gouvernée par les nouveau Parrain Inacio et ses prédécesseur n'étant autre que ses géniteurs, protégeraient-ils Léna. C'était à la limite de l'impossible. L'un des plus grands criminels au monde ne voudrait-il pas la mort d'une héritière royale connue aux quatre coins de la planète ? Tout cela était irrationnel et bien trop problématique, posant Dylan et ses collègues face à un mur immense.

Le bodyguard avait affleuré par la pensée cet individu entièrement cagoulé qu'il avait surpris avec Léna l'autre jour, près du portail de fer. Cet homme lui paraissait inquiétant. Et tout ce que la princesse lui avait dit à son sujet était déjà répertorié dans les archives des précédents gardes du corps : frère d'une ancienne amie, albinos de naissance, etc... Ce personnage l'intriguait.

Il faudrait vraiment, un jour, que je m'y attarde plus, lorsque mes obligations du moment seront terminées. Se disait-il.

Le garde du corps ne se doutait alors pas que commencer par la simplicité de trouver l'identité de cet homme résoudrait l'entière suite des problèmes urgents qu'il traquait.

Tout comme les journées précédentes, le soleil trônait dans le ciel bleu, illuminant une fois de plus les heures de ce beau mois d'août. On avait informé Ivan et Léna qu'ils pourraient sortir pendant l'après-midi, et les deux amis avaient prévus avec joie d'aller faire un tour à cheval. En attendant, il fallait qu'ils occupent leur matinée, et la jeune princesse décida alors de mettre en action une idée qui lui avait parcouru l'esprit la veille.

La jeune fille alla dénicher deux couettes d'hiver qu'ils placèrent dans des houses noires. Le yeux pétillant, l'adolescente s'assit dessus comme sur une luge, tenant bien tendu avec ses mains l'une des extrémités du drap. Sous ses fesses, elle avait placé un gros coussin pour éviter de se faire mal. Et d'un coup de dos, Léna se laissa tomber dans les escaliers, comme sur un toboggan. La lenteur a laquelle elle descendait les marches était si ridicule qu'elle éclata de rire. Ivan la rattrapa en quelques segondes et empoigna la couverture pour la tirer vers le bas, entraînant la princesse dans sa course, puis sa chute, dans un bruit fracassant. Les deux jeunes gens restèrent quelques temps allongés, à cracher leurs poumons tellement ils riaient. Puis ils se levèrent de bon cœur pour recommencer leur escapade, cette fois-ci sous forme de course.