Chapitre 12

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– Tu n'es plus assignée à ta chambre. Lui annonça sa mère sans le moindre sourire, preuve qu'elle n'en n'était point ravie. Un feu d'artifice éclata dans la tête de la princesse : enfin libre ! On va pouvoir faire des dizaines de bêtises ! Non, des centaines ! Retourner aux écuries et à la salle de gymnastique ! Aller dans les jardins du palais, se baigner dans la piscine !

Ses yeux pétillaient de mille feux.

– Mais bien sûr, nous avons rembauché un garde du corps que, par pitié, tu ne vireras pas ou la sanction se reproduira.

Ha... c'est le retour brutal à la réalité. Le feu d'artifice fit place à la fumée sombre causée par les pétards, cachant le vue sur toute étoile, once de lumière. Jamais elle ne serait réellement libre. Jamais. Elle avait eu un espoir, pour une fois, mais maintenant, elle comprenait. Jamais elle ne sortira de ce maudit palais non escorté par des dizaines d'hommes. Jamais elle ne goûterait pleinement aux plaisirs de la vie. Jamais...

Jamais elle n'ira voire la mer.

– Il arrivera très bientôt, si ce n'est déjà le cas. Nous te laisserons l'accueillir. Bien ?

– Bien.

Ce fut le seul mot qu'elle prononça avant que le couple ne parte et ferme la porte derrière eux. S'allongeant brusquement sur son lit, elle cria de toutes ses forces dans son oreiller, autant que sa voix la lui permettait. Quand elle eut fini, elle se dirigea vers un coin de sa chambre, ouvrit un petit meuble et s'empara de gants de boxe avant de s'acharner sur le sac, encore teinté de traces rouges. Mais rien ne semblait vouloir la défouler et elle s'arrêta donc au bout de nombreuses minutes, cinq, ou dix ; décidée à attendre de pieds fermes ses chers baby-sitters et à eux-mêmes leur faire payer.

Une sorte de rage bouillante montait en elle au fur et à mesure du temps qui passait, quand quelqu'un toqua soudainement à la porte de bois, faisant résonner les coups dans toute la pièce. Un sourire mesquin se dessina sur ses lèvres. Elle se dirigea vers celle-ci et l'ouvrit brutalement, prête à hurler des toutes ses forces sur les gardes.

Mais ce qu'elle vit la stoppa dans son élan. C'était le jeune cuisinier qui l'avait relevé tout à l'heure. Il regardait la princesse d'un air presque timide et perdu.

– Tes appartements sont au même endroit, mais au dernier étage si c'est ce que tu cherches. Lui dit-elle avant de s'apprêter à refermer la porte.

– Veuillez m'excusez, mais on m'a dit de venir à celui-ci.

Elle le regarda avec étonnement.

– Ils ont dû se tromper. Qui vous a dit ça ? Vous voyez bien que ce sont mes appartements ici non ? Répondit-elle en montrant la pièce du bras.

– Sa Majesté le roi et son épouse la reine m'avaient pourtant annoncé que vous m'attendriez. Je suis désolé de vous déranger.

Elle leva les yeux au ciel et soupira bruyamment.

– Non désolé j'attends mes adooraaables gardes du corps ! Que je vais me faire le plaisir d'écarteler d'ailleurs... Continua-t-elle à voix basse, en se parlant à elle-même.

Elle voulut refermer la porte mais il la bloqua avec son pied. Ses airs de petits garçons perdus avaient disparus laissant place à des yeux rieurs.

– Il y a eu une erreur, mademoiselle. Permettez-moi de me présenter : Dylan Duciel, dix-neuf ans et de profession garde de protection rapprochée.

– Hin hin trèès drôle. Elle le dévisagea de la tête aux pieds avant de crier :

– HA MAIS C'EST PAS VRAI JE VAIS FAIRE DES MEURTRES MOI VOUS ALLEZ VOIR ! Elle claqua violemment la porte dans un bruit assourdissant avant se diriger vers son sac de frappe, et ignorant complètement ses deux gants qui gisaient à terre, elle commença à frapper dedans, comme elle le faisait rarement, tout en continuant :

– MAIS POURQUOI J'AI DES PARENTS AUSSI NULS QUI FONT TOUT POUR FAIRE DE MA VIE UN ENFER ! HEIN ! POURQUOI ?!

L'adolescente aurait pu continuer ainsi pendant des heures, mais deux mains la saisit par les épaules et la tira en arrière.

– Eh Altesse calmez-vous.

Elle se retourna vars le dénommé Dylan et dit d'une voix calme, un sourire insolent et ironique s'étant emparé d'elle :

– Que je me calme... Monsieur Duciel, vous voulez que je me calme alors que je viens d'apprendre que mes parents viennent de gâcher des années de travail, et bien d'autres ? Bordel ! Comment je fais moi maintenant si vous êtes seul ? J'avais l'habitude de compter par binôme moi ! Ho, vous êtes mon quatre-cent-et-unième binôme de garde du corps ! Eh bien non. Vous êtes monsieur Duciel, bodyguard seul, gâchant mes calculs ! Raaa mais ça faisait tellement longtemps que je n'avais pas eu de baby-sitters seuls !

Le jeune homme éclata franchement de rire face à la réplique de la jeune fille, se rendant compte que sa nouvelle cliente venait de se mettre dans une colère noir pour... cet élément inutile. Ça commençait bien dis donc.

– Mais arrêtez de vous moquer de moi ! Je suis votre princesse !

– Je suis français, donc non pas vraiment.

Elle voulut le frapper mais il para le coup en ploquant son poing avec sa main.

– Eh clamez-vous je vous prie, je ne vous ai rien fait.

– Si ! Vous venez de gâcher ma vie !

– Ah oui ? Il croisa les mains sur sa poitrine en haussant les sourcils, l'air fortement septique.

– Sachez, monsieur Duciel, que pour moi, savoir que un pot de colle m'a été attribué et que je n'aurais toujours pas de vie privée ne m'enchante guère.

– Mais voyons, vous ne me connaissez même pas !

Elle rit ironiquement, avant de reprendre subitement son sérieux, ses yeux noisette lançant des éclairs.

– Je n'ai jamais eu de vie privée, et toute liberté m'est formellement interdite depuis mes sept ans. J'ai eu plus de huit-cent gardes du corps, donc sachez que je sais très bien de quoi je parle. Ho, et puis mince ! Ne répliquez même pas, cela m'ennuierais tout au plus. Je vais appeler Sixtine elle vous montrera vos appartements.

– Sixtine est en arrêt. Elle s'est cassé deux doigts de la main droite en essayant d'ouvrir votre porte que vous aviez barricadée la semaine dernière.

– En vrai ? Léna sautillait de fierté, les yeux pétillants. Mais c'est trooop biennnn !

– Pardon ?

– Non, laissez, Sixtine est une gouvernants exécrable, sachez-le. Venez, que je vous montre vos appartements.

Souriante, elle lui fit donc la visite, comme elle l'avait fait pour Marc et Loïc quelques semaines auparavant, mais en approfondissant légèrement celle-ci. Le garçon la suivait, écoutant attentivement et sans rien dire, le visage sérieux. Ses bagages avaient déjà été montés et tandis qu'il commençait à les ouvrir, l'adolescente en profita pour le dévisager.

– La vue est belle ? Finit-il par lui dire, un sourire nargueur placé sur son visage.

– Vous n'êtes pas comme les autres, vous.

– C'est vrai, je suis déjà plus jeune, moins coincé et apeuré par votre personne.

Il rit, et la jeune fille écarquilla les yeux.

– Il y en a vraiment qui ont peur de moi ! Mais c'est suuuper ! Dit-elle en montant dans les aigus.

– Merci les ultrasons.

– Mais de rien ce fut avec plaisir. Non mais sérieusement, vous n'êtes pas comme les autres. J'ai trouvé : je connais votre nom. Bien. Désolé mais j'ai trop d'idées en tête pour limiter mes bêtises ces temps-ci. On vient de me libérer de ma prison, j'en profite.

– Ho, mais profitez-en Majestée. Après tout nous n'avons qu'une vie.

Elle sourit face à sa réplique. Son assurance lui fera peut-être gagner quelques jours avant le licenciement après tout.

Princesse LénaWhere stories live. Discover now