Nos Petits Mots (Terminé)

Chapitre 56

Milan,

J'ai encore du mal à me dire que ce cauchemar est derrière nous. Je me réveille en sursaut la nuit, je revois son visage, j'entends sa haine. Et puis je me blottis contre toi et tout va mieux. Le soleil brille enfin. Définitivement.

Ema

Malgré le réveil sensuel et mélodieux que m'a offert Milan, cette journée ne s'annonce pas de tout repos. L'enquête visant Natur'alliance ne m'accorde que peu de répit. Nous sommes au beau milieu de l'après-midi et l'inspecteur Anderson m'a déjà demandé de le rejoindre au commissariat. Honnêtement, ça me contrarie. Hier soir, je croyais en avoir fini avec tout ça. Je pensais que les visites au poste de police et les confrontations étaient derrière nous. Mais il faut croire que l'enfer regorge de flammes lentes à se consumer.

Jamie est passée me voir ce matin. Elle voulait prendre de mes nouvelles, comme tous les jours ces derniers temps. Je lui ai raconté les évènements de la veille. Si mon amie sait parfaitement me divertir et me changer les idées quand j'en ai besoin, elle sait également se montrer sérieuse et engagée. Je ne pensais pas que notre lien était si solide avant toute cette histoire. Mais force est de constater qu'elle a à coeur de couvrir mes arrières. Elle a religieusement écouté mon récit, le ponctuant de ses habituels « putain ! » et autres « quelle enflure ! ». Quand j'ai terminé mon monologue, elle s'est levée du canapé dans lequel elle était affalée pour venir m'étreindre avec émotion. Les larmes aux yeux, je n'ai réussi qu'à lui murmurer un faible merci.

Et pourtant... elle ne saura jamais tout ce que comporte ce simple petit mot. Merci d'être là pour moi, merci de m'écouter, merci de t'inquiéter pour moi, merci de comprendre mon combat, merci de me soutenir, merci de me botter les fesses quand j'ai le moral en berne, merci de me prendre comme je suis, merci de ne pas me voir comme je me vois. Merci.

En partant de chez Milan, elle a dû appeler Sam, Nico et Sophia pour leur raconter mes déboires. C'est sans doute pour cette raison que nous nous trouvons tous les six devant le commissariat. Debout, dans le froid, bercés par de timides rayons de soleil. Nos regards accrochés à la devanture morose qui abrite tant de mauvais souvenirs. Mes amis prêts à s'engager dans mon combat, faisant bloc autour de moi, tels des alliés inespérés. Comment ai-je pu croire pendant tant d'années que je ne valais rien ? Un seul regard vers eux et je me sens déjà plus forte.

-Tu n'as plus rien à craindre maintenant Ema, me rassure Nico.

-Tu veux que je t'accompagne ? demande Sam avec le plus grand sérieux.

-On est avec toi. Rentre là-dedans et va clouer définitivement le bec de cet escroc, renchérit Jamie.

Sophia m'offre un doux sourire d'encouragement tout en nouant délicatement ses doigts à ceux de son amoureuse. Surprise, cette dernière sursaute presque. Il faut dire que c'est la première fois que la belle infirmière ose un geste de tendresse en public. Sam ouvre d'ailleurs des yeux ronds comme des billes lorsqu'il les aperçoit si proches. Apparemment, il était bien le seul à ne pas avoir capté leur rapprochement. Heureusement, Milan est là pour recentrer l'attention sur l'objet de notre visite et leur épargner un moment de gêne. Je ne suis pas sûre que Sophia supporterait ce genre de situation.

-Tu es prête ?

Sa main fermement ancrée dans la mienne, ses beaux yeux amoureusement plongés dans les miens, il me transmet toute sa force.

-Oui... mais... est-ce que ça t'embête si j'y vais seule ? Je crois que j'ai besoin de clore cette histoire moi-même.

Milan secoue la tête en enroulant ses bras autour de moi.