Chapitre 1

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Milan,

Tu ne liras probablement pas ce petit mot parce que je ne suis même pas sûre de vraiment l'écrire mais tant pis. Viens me chercher s'il te plait. Je n'arrive pas à retrouver mon chemin sans toi. Je t'appelle si fort dans mes rêves que je ne comprends pas pourquoi tu ne m'entends pas. Gratte simplement quelques notes sur ta guitare et je les suivrai. Je n'ai besoin que de tes doigts sur les cordes et de ta voix qui envahit mon esprit. S'il te plait, je t'attends.

Ema

Bip... Bip... Bip... Bip... Bip... Bip

Un trou noir. Un gouffre. Un tunnel sans fin. Aucune lumière. Seulement un long chemin teinté de noir.

J'ai le vertige dans cette immensité. Je ne suis qu'un grain de sable dans l'univers alternatif qui m'a accueillie et bon sang, je déteste ça ! Je ne suis pas du genre à me laisser abattre mais là, je n'ai plus d'arme. Je suis enfermée dans ce bunker angoissant et mon cerveau a totalement pété les plombs. Je distingue des ombres, des raies de lumière puis des formes mais rien n'a de sens. Je crois que je deviens folle.

Bip... Bip... Bip... Bip... Bip... Bip

Putain, mais c'est quoi ce bruit répétitif ? Il faut que j'ouvre les yeux. Il faut que j'arrête cette machine insupportable qui me tape sur les nerfs. Allez Ema, prends ton courage à deux mains et agis ! J'essaie de tendre le bras, je force, je me concentre mais rien n'y fait. Je n'ai pas bougé et ce satané bidule continue de biper. Non mais qu'est-ce qu'il m'arrive au juste ? Si c'est une blague, ce n'est vraiment pas drôle. Il faut que je me souvienne si j'ai pris un truc pas net hier... je croyais en avoir terminé avec ces conneries depuis la dernière fois où Milan m'a récupérée dans un sale état. Enfin bon... si c'est à cause d'une foutue drogue, je n'ai plus qu'à attendre quelques heures et le problème sera réglé.

Bip... Bip... Bip... Bip... Bip... Bip

J'arrête d'essayer vainement de maitriser mon corps et je replonge. Je flotte dans ce passage noir. Je virevolte, j'enchaine les loopings tantôt avec la tête en bas, tantôt avec les bras en l'air et j'ai rapidement la nausée. Je n'ai jamais aimé les manèges à sensation. J'ai toujours fait semblant pour tenir tête à mon petit frère qui me traitait sans cesse de poule mouillée. Et comme une idiote, je rentrais dans son jeu, je serrais les dents et je relevais fièrement le menton. Je m'installais sur le siège sans jamais le quitter du regard et je passais ensuite les trois prochaines minutes à regarder fixement devant moi tout en planifiant ma vengeance dans les moindres détails. Alors, aujourd'hui que je suis coincée dans mon propre esprit à m'infliger moi-même cette torture, vous comprendrez que j'angoisse un peu de ce qu'il m'arrive. Parce que soyons honnêtes, je ne me serais jamais lancée dans cette embrouille de mon plein gré.

Bip... Bip... Bip... Bip... Bip... Bip

Ok, cette fois c'en est trop. Concentre-toi deux secondes Ema et tends ce putain de bras ! J'essaie. J'essaie de toutes mes forces mais rien ne bouge. Cette histoire de fou devient carrément flippante ! Bon... ça ne sert à rien de s'énerver. Je me focalise plus intensément sur mes membres et l'effet que je ressens est semblable à coup de poignard en plein cœur. Non pas que je sache ce qu'on ressent lorsqu'on se fait poignarder mais cette sensation de vide est la pire chose qui m'ait jamais été donné de ressentir. Mon corps est un poids mort. Je tente de toutes mes forces de bouger mes orteils, mes doigts, mes bras ou mes jambes mais rien ne se passe. Je suis une statue de pierre qui accueille sans le savoir un esprit totalement défoncé.

Bip... Bip... Bip... Bip... Bip... Bip

J'angoisse. Ca y est, ça me reprend. Comme quand j'étais plus jeune et que je n'arrivais plus à maitriser mes peurs. Je me réfugiais dans ma chambre et je me cachais sous les draps. Je comptais jusqu'à cent et j'attendais j'attendais j'attendais. Cette routine était mon oasis en temps de crise jusqu'à ce que Milan me découvre roulée en boule. Depuis ce jour, ma routine est devenue inutile. Elle a été remplacée par les yeux perçants de mon ami dont le bleu clair m'enveloppait dans son onctuosité anesthésiante et par sa main moulée spécialement pour la mienne. Oui, parce que sinon comment expliquez-vous que son simple toucher fasse s'envoler mes craintes les plus profondes ? J'avais sept ans quand j'ai découvert son super pouvoir et je n'ai jamais réussi à m'en passer depuis.

Nos Petits Mots (Terminé)Where stories live. Discover now