Chapitre 50

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Ema,

Des fois, je me fais peur. J'ai peur de ce que je pourrais faire si quelqu'un s'en prenait à toi. Mais je sais déjà que je ne regretterai jamais tout ce que je suis prêt à faire pour te protéger. Tu es ce que j'ai de plus précieux et je te jure que je ne laisserai personne te faire du mal, peu importe ce qu'il m'en coutera.

Milan

« Vos analyses ne révèlent la présence d'aucune trace de drogue. »

Cette phrase tourne en boucle dans mon cerveau depuis ce matin. Et que dire de Milan ? J'ai bien cru qu'il allait passer ses nerfs sur le pauvre interne qui est venu nous lire le résultat de mes analyses de sang. C'est tout simplement incompréhensible. Je suis formelle : Jason et le Dr Copri m'ont incitée à prendre ces deux pilules, ce sont elles qui m'ont plongée dans un état second. J'ai subi nausées, vertiges ou encore perte de repères mais aucune drogue n'est détectable dans mon organisme. Ce mystère va me rendre folle.

-Ils vont le payer Em', crois-moi !

Milan profère menaces et insultes depuis que nous sommes arrivés à l'hôpital hier soir. Il est fou de rage. Nous attendons la visite du médecin pour être officiellement autorisés à quitter les lieux. Je n'ai qu'une envie, rentrer chez moi et prendre une bonne douche. Alors que je rassemble pour la dixième fois mes quelques affaires personnelles pour passer le temps et déguerpir au plus vite, l'inspecteur Anderson frappe à la porte.

-Bonjour Madame Pazzi, comment vous sentez-vous ce matin ?

-Bien mieux merci.

-Je viens de parler avec le médecin qui vous a prise en charge. Les analyses de sang ne prouvent pas que vous ayez été droguée. Cependant, je pense que même si les pilules que vous avez avalées sont un mélange à base de plantes – il s'agit là de la théorie la plus plausible pour expliquer qu'on n'ait retrouvé aucune trace de drogue dans votre sang- elles n'en restent pas moins dangereuses. Le Dr Copri sait pertinemment quels produits utiliser pour manipuler ses sujets. J'ai maintenant besoin de savoir si vous souhaitez porter plainte. Bien sûr, je ne vous cache pas qu'une plainte nous permettrait de mettre en place de réelles investigations et que nous...

-Oui. Je veux porter plainte.

Ma voix ne tremble pas. Je suis sûre de moi. Je ne veux plus jamais vivre ce que j'ai vécu. Milan glisse sa main autour de la mienne et ensemble, nous faisons front. L'inspecteur Anderson semble apprécier ma réponse puisque comme à son habitude, il ne perd pas de temps. Il me demande de passer au poste de police dès que je m'en sentirai capable et de ne pas remettre les pieds à Natur'alliance.

Une heure plus tard, je me délecte de l'eau brulante qui coule sur mes épaules. Les paupières closes, je laisse les gouttes dissoudre les dernières vingt-quatre heures. Un courant d'air frais me fait soudain sursauter mais je reconnais aussitôt la douceur des bras de Milan qui se referment autour de mes hanches. Sa tête se niche entre mes omoplates, son corps se moule parfaitement au mien. Je soupire d'aise. Autour de nous, seul le concerto de l'eau ponctue le silence apaisant qui nous enveloppe. D'abord timides, les baisers de Milan se font plus sensuels à mesure qu'il comprend que mon corps est totalement réceptif. J'ai besoin de sa tendresse et de son amour pour traverser toutes ces épreuves. De caresses en soupirs, nous ne formons plus qu'un tout. Le meilleur de nous. Et je crois que notre complicité me guérit un peu plus de l'horreur que j'ai vécu la veille. Parce que je ne pensais pas que le fait qu'on me vole le contrôle de mon corps et de mon esprit me marquerait autant. Mais c'est un fait. Je me sens faible, à la merci d'une bande de tarés qui ont pu faire ce qu'ils voulaient de moi pendant plusieurs heures sans que je sois consciente.

Nos Petits Mots (Terminé)Where stories live. Discover now