Chapitre 48

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Ema,

J'ai la tête qui bourdonne d'idées. Des dessins qui fourmillent dans tous les sens et ton regard, ton sourire qui me hante délicieusement. J'ai à la fois si hâte et si peur de te tatouer. De te donner tout de moi et de te décevoir. Mais on a décidé de ne plus avoir peur. Alors je vais le faire et on en sera fiers.

Milan

Notre parenthèse enchantée touche presque à sa fin. Nous avons repris la route en fin d'après-midi, après nous être épuisés à coup de descentes en luge et de batailles de boule de neige. Cette journée n'aurait pas pu être plus parfaite. Nous avons pris du temps pour nous, pour nous aimer, nous parler et nous écouter. J'ai entendu la rage de vivre qui anime Milan et son besoin d'oublier sa malformation. J'ai réussi à exprimer mes craintes et il m'a rassurée.

J'ai toujours pensé qu'être en couple était une plaie. Je me suis toujours interdite de m'ouvrir à un homme et de lui laisser la possibilité de m'atteindre. Mais avec Milan, tout est différent. Tout est simple. Je n'ai pas besoin de faire semblant ou d'enjoliver ma réalité. Il connait tout de moi. Il me connait même mieux que moi. Et aussi fou que cela puisse paraitre, il m'aime malgré tout. Nous n'avons pas besoin de parler longuement pour nous comprendre. Nos gestes tendres l'un envers l'autre sont innés. Je ne sais même plus comment c'était quand nous n'étions pas ensemble. Nous deux, c'est naturel, évident. 

Le plus dingue dans cette histoire, c'est que j'ai toujours cru que j'abandonnerais ma liberté si je me mettais en couple. Je ne voulais appartenir à personne. Et je n'appartiens pas à Milan, tout comme il ne m'appartient pas. Il est ma moitié, la plus belle pièce de notre puzzle mais surtout, il est celui qui m'a permis d'éclore. Il me rend plus douce, plus forte, plus moi.

-A quoi tu penses Em' ?

-Hein ? Quoi ?

-Tu as un sourire niais plaqué sur le visage et tu me regardes bizarrement.

Je pouffe. Ouais, il a raison, je deviens niaise.

-Je me disais juste que t'es vraiment pas doué avec une luge.

-Menteuse ! Tu te disais que je suis carrément canon et que t'es une sacré chanceuse, c'est ça ?

-Oui, bel Apollon, tu m'as démasquée ! Que deviendrais-je sans toi ?

-Ne fais pas souffrir mon égo de mâle, gronde-t-il gentiment en m'embrassant.

Je ris doucement sans pouvoir m'empêcher de distiller quelques caresses dans ses cheveux. Nous sommes seuls sur la route et nous avançons à pas de tortue à cause de la neige. J'ignore quand nous allons arriver, ni ce que nous ferons ce soir. Rentrera-t-il chez lui ? Voudra-t-il dormir avec moi ? Je n'en sais rien mais cela n'a pas d'importance. J'ai désormais confiance en nos lendemains. A mesure que nous roulons, je me reconnecte avec la réalité. Nous sommes partis si précipitamment hier que je n'ai pas pensé à embarquer mon téléphone. Jamie a dû s'inquiéter. Sophia aussi. Nico également. Peut-être même Enzo. Ces derniers jours, ils veillaient sur moi à leur façon. Je prendrai le temps de leur envoyer un petit message pour les rassurer.

L'autoradio grésille, je me penche pour jouer avec la molette et essayer de trouver une station qui passe au beau milieu de la montagne. Je finis par m'arrêter sur la seule fréquence que nous captons. Elle diffuse d'anciens titres que nous nous amusons à fredonner. Lorsque Stand by me de Ben E. King démarre, je tourne la tête vers Milan. Son regard pétille, ses lèvres frémissent. Les mêmes souvenirs nous titillent. Des images du concert nous reviennent et se mêlent à notre souvenir d'enfance. Nos doigts s'entrelacent instinctivement.

Nos Petits Mots (Terminé)Donde viven las historias. Descúbrelo ahora