– Notre chef est mort, et ce n'est pas parce que que tu étais sous sa protection, et que son frère souhaite ne pas te tuer, que cela va m'empêcher de le faire. Au nom de mon peuple, et de ce dessin. Avait-il dit en recouvrant son avant bras de sa manche noir, cachant ainsi le tatouage. Et soudainement il sortit un couteau de sa ceinture. La jeune fille y aperçut avec horreur tout un autre attirail d'armes et son visage blanchit encore plus qu'il ne l'était avant. Elle ouvrit la bouche pour parler, de défendre, dire quelque chose au moins. Mais l'individu plaça la lame sur son cou en chuchotant :

– Tu lâches une seule syllabe et je te tue d'une façon dont personne ne souhaiterais mourrir, crois moi.

Elle lui lança un regard noir, tentant de dissimuler au plus sa peur. L'homme sortit un pistolet et lui plaqua contre la tempe. Elle tenta de bouger la tête, mais le poing masculin lui fendit douloureusement la mâchoire.

L'individu leva lentement son bras, armé d'un immense couteau à la lame étincelante et fine. Son regard trahissait la folie, l'amour du sang et de l'horreur. Une image exposant Joâo et Inacio aussi furieux que cet homme apparut à Léna, mais elle se hâta de la chasser au plus vite de son esprit : non, ses amis n'étaient pas comme ça. Ils étaient des gens bons dans le fond. Et même l'esprit tourmenté de Joâo ne révélait pas cette folie meurtrière, mais juste une haine de l'homme.

L'arme s'abattit sur elle, prête à lui transpercer la gorge. Léna voyait flou, et son corps tremblait comme une feuille brisée par la tempête. Jamais cela ne lui était arrivé auparavant. L'immense couteau qu'elle voyait au ralentit foncer vers elle, et cette arme à feu pointée contre son front. Trop angoissée, elle aurait bien voulu crier, mais sans succès. De toute façon, elle n'avait pas le temps : si les dixièmes de secondes lui paraissaient extrêmement longues, en vitesse réel c'était l'espace temps d'un éclair qui se déroulait.

Ainsi c'était ça la mort. Personne n'avait raison alors : on ne voyait pas du tout sa vie défiler devant ses yeux, comme dans tous les beaux films qui passaient sur les écrans. Non il y avait juste la vision traumatisante de deux armes, et de pupilles affreusement dilatées appartement à un homme au dessus d'elle, qui semblait rire, rire sans jamais s'arrêter. Il riait sans un son. Riait et riait encore.

Tais toi, MAIS TAIS-TOI !! Hurlait-elle dans sa tête.

L'hallucination s'était saisie d'elle. Il n'y avait aucun son, aucun rire sortant de cet horrible rictus. Rire qui résonnait pourtant bien en boucle dans sa tête.

Il riait de sa mort.

Finalement personne ne l'aimait en fait : elle était la princesse pourrie gâtée qui n'est là que pour amuser la galerie. Elle était le pion indésirable d'un échiquier. La jeune fille voulait hurler, pleurer. Et ce rire qui lui brisait l'esprit, ce temps qui passaient au ralentit avec cette arme blanche qui se rapprochait de plus en plus.

Alors c'était ça la mort : La folie ?

Il riait.

Personne ne l'aimait vraiment en fait.

Dans un dernier réflexe vital, Léna plaqua son visage vers la droite. Elle-même n'y croyait pas, mais le couteau la frôla simplement pour s'enfoncer dans le matelas. La peur de sa vie. Elle sentait les larmes inonder ses yeux. Non non non, il ne fallait pas pleurer. Un liquide coulait sur son épaule. Du sang.

Alors que l'homme se retournait vers elle, furieux, un bruit retentit dans toute la salle. Une fenêtre venait de se casser. Le mafieux se retourna pour apercevoir l'un de ses collègues. Ils étaient des dizaines et des centaines à avoir programmé cet événement. On pouvait voir à travers la fenêtre explosée la noirceur de la nuit. Et dans cette noirceur, aux limites de l'enceinte du palais, une foule de personnes qui allumaient des centaines de lumières rouges et blanches. C'était les siens, là pour soutenir leur acte de révolution.

Princesse LénaWhere stories live. Discover now