Il y avait alors tout un groupe d'hommes, habillés de la tête aux pieds. Chacuns de leurs visages étaient recouverts d'un tissus. La petite princesse avait été ligotée par de solides cordes et avant qu'on ait enlevé cette main qui l'empêchait de parler, quelques chose de froid s'était posé contre sa tempe.

Tu parles, tu cris, je te tue d'accord ? C'était un homme grand et fort qui avait parlé. Et il pointait une arme à feu sur la gamine, prêt à tirer. Tétanisée, celle-ci n'osait pas bouger et se contenta sa fixer le vide, ne comprenant pas ce qui se passait. De longues et inquiétantes segondes étaient passées, face à tous ces hommes qui semblaient refléter la méchanceté. Puis, un garçon de dix-huit ans ce plaça face à elle. Il fixa la petite fille quelques instant et posa la main à sa ceinture avant d'en sortir une arme silencieuse. Un pistolet effrayant pour une petite enfant.

L'homme qui tenait Léna semblait avoir donné sa place à quelqu'un d'autre, qui avait empoigné la fillette par les épaules pour la tenir bien droite.

Il s'avança de quelques pas. C'est lui qui semblait diriger ces gens. D'une carrure imposante, une aura dangereuse semblait émaner de lui. Tout comme les autres, son corps était recouvert par des habits noirs, et son visage aussi, de sorte à ce qu'aucune parcelle de sa peau ne puisse être vue. De grosses lunettes, noires elles aussi, recouvrait ses yeux. Il commença alors à parler :

– Vous avez ici la future reine portugaise. Symbole de l'anarchisme. C'est elle, qui d'ici quelques années, gouvernera le pays. C'est elle qui, comme tous ceux qui l'ont précédé, fera abstraction de toute la misère du monde. De nos frères qui vivent dans la rue et de nos mère mortes de faim. Il fit une pose de quelques secondes ; et observa la personne qui tenait Léna par derrière, puis le garçon qui pointait son arme sur la fillette.

- Joâo. Il regarda celui qui tenait la petite princesse. Inacio. Celui qui tenait l'arme. Mes fils. Accomplissez votre devoir, tuez cette gamine qui sera source du malheur de votre génération et celle de vos enfants.

À ce moment, Léna voyait floue. En haut de ses huit ans elle comprenait bien que ses dernières heures avaient sonnées. Elle avait envie de pleurer mais aucune larme ne coulait sur ses joues. Au lieu de ça, sa respiration se faisaient irrégulière et elle avait commencé à suffoquer de panique.

Les deux frères se fixaient silencieusement. Ils faisaient face à la violence depuis leur plus jeune âge et avaient grandi dans la colère, la haine et le meurtre. Malgré leur âge : dix-neuf et dix-huit ans, ils avaient envie de tuer cette fillette. Elle n'avait encore rien fait de mal, ils en étaient consciente et c'est peut-être ça qui immisça le doute dans leurs esprits. Inacio pointa l'arme sur le cœur de la petite, et Joâo s'écarta doucement.

Sans montrer l'ombre d'un doute face à ses actes, Inacio prit tout de même la parole :

- Père. Je n'ai aucune envie de tuer une enfant innocente.

L'homme sembla s'enrager.

- Ces gens sont des aristocrates. Ils vivent sur l'or de notre pays, récoltée par nos pauvres paysans qui meurent de faim ! Leur argent n'est pas le leur, mais le notre, celui du peuple ! Leurs richesses sont volées au plus démunis. Ces gens sont à exterminer. Tu es mon fils. Je t'ai élevé, ainsi que ton frère. Je vous ai nourris, logés, dorlotés, éduqués. Tu as déjà tué. Plusieurs fois. Tu vas le refaire. D'accord ?

Le garçon fixa son père, puis reposa son regard sur sa victime. La fillette tremblait entre les mains de Joâo, qui prit à son tours la parole.

- Je suis de l'avis d'Inacio. Et si mon frère de veut pas la tuer, je ne peux pas, au gré de sa volonté, tenir cette gamine.

Le père semblait aveuglé par la haine. Il hurla des ordres et les autres qui se trouvaient là encerclèrent les deux frères et l'otage. C'était effrayant pour la petit fille qui tremblait d'autant plus. Nullement impressionnés, les deux frères se contentèrent de se regarder l'un et l'autre. Peut-être que la violence régnait chez eux. Que les ordres non exécutés étaient suivis d'actes lourdement répressif. Surtout lorsqu'ils venaient de leur chef. Mais pour eux, patron et père étaient là même personne. Roi et géniteur se mélangeaient. Car oui, cet homme était le roi de tous ces gens. Et ils en étaient les héritiers.

- Joâo, tiens-là. Inacio, tire. C'est un ordre de ton père, de ton chef. Il regarda ceux qui l'entouraient. Et de tous ceux ici présent.

Une longue minute était passée. Inacio leva son arme.

- Je le fais contre mon gré.

Il posa son doigt sur la détente, et tira. Léna et les deux jeunes hommes voyaient la balle de rapprocher de la petite fille, lentement.

Elle visait son petit cœur, qui n' osait plus battre. Mais aussi vite qu'un éclair, quelques chose la propulsa sur le côté pour se prendre l'impact de l'arme à sa place. Il y eut des cris, mais personne n'osa bouger. Le garçon qui avait tiré accouru et s'accroupi en vitesse au dessus d'elle. La petit princesse voyait floue. Il y avait quelques chose de très lourd sur son corps, qu'Inacio souleva tendrement.

- Joâo, Joâo...

L'adolescent finit par ouvrir les yeux. Son bras était en sang, la balle avait du se loger dans son épaule. Il sourit, malgré la douleur :

- Tu ne voulais pas la tuer, tu vois. Tu ne l'as pas tué comme ça. Inacio enlaça son frère, en murmurant. Les mots semblaient se briser dans sa gorge :

- Tu l'as mise sous ta protection en te sacrifiant à sa place. Tu connais notre loi, Joâo. Il parla assez fort pour que tout le monde l'entende. Tu connais notre loi : tu l'as sauvé du coup fatal. Alors tant que tu seras en vie, personne n'est en droit de lui faire du mal.

La petite princesse, encore sous le choc, était allongée sur le sol. Elle sentit des dizaines paires d'eux la fixer, dont ceux de Joâo et Inacio. L'un des deux garçon releva sa manche pour lui montrer un tatouage. C'était un objet étrange et envoûtant. Mi-horloge mi-rose des vents, transpercé par deux magnifiques flèches. Le motif était gravé en noir, semblant être dessiné par des traits complexes et lourds de sens. Puis elle sentit une odeur étrange. Et ce fut le vide.

La fillette s'était réveillée au pied d'un arbre, dans les jardins royaux. Elle cligna des yeux et regarda en direction du portail. Il était fermé mais la petite fille sentait quelqu'un la fixer. Une paire d'eux attira son regard, caché entre deux arbres. Puis les feuilles avaient bougés. Ils étaient montés sur une moto et roulèrent à toute vitesse sur la route.

Inacio et Léna finirent par se détacher l'un de l'autre. La jeune femme prononça doucement :

- Vous avez toujours été deux amours cachés derrière un masque de haine. Mais vous n'êtes pas tous comme ça. Et maintenant que Joâo... Sa voix s'étranglait dans sa gorge n'arrivant pas à prononcer ses mots elle continua donc :

- J'étais sous sa protection. Il m'avait sauvé de la mort, pourtant voulu par les vôtres. Et de ce fait personne n'avait le droit de me faire de mal tant qu'il était là. Mais maintenant, maintenant... Plus rien ne me protège.

- Nous sommes divisés en deux. Expliqua Inacio. Une moitié veut ta mort. L'autre est avec moi pour ne pas te toucher. Il caressa la joue de la jeune fille. Protèges-toi, d'accord ? Et personne ne doit découvrir le secret de ton pendentif.

Elle acquiesça lourdement. Personne ne devait découvrir qu'elle portait sur elle le motif symbolisant leur groupe.

Une des plus grandes mafia de la planète.

Trafic d'arme, blanchissement d'argent. Violence et drogue. C'était ça leur monde.

Et personne ne devait savoir que la future reine portugaise s'était liée d'amitié avec deux frères, eux-mêmes héritiers d'un trône bien différent. Leur père était le Parrain. Leur famille règne sur cette empire du buisness noir. Joâo était mort et une moitié de la plus grande mafia portugaise se retournait contre Léna.

Personne ne devait savoir que la princesse fréquentait Inacio et que le symbole du gang était encrée dans un bijoux de l'adolescente.

Iancio était un tueur. Un escroc, un bandit. Un mafieux.

Il était un prince.

Un prince de l'ombre.

Princesse LénaWhere stories live. Discover now