Light Hole [TOME I FINI | TOME II EN PAUSE]

Chapitre 8

L'atmosphère de la pièce vira du tout au tout. Les personnes présentes disparurent pour laisser place à un paysage de landes. Je sentis le vent battre mes cheveux. Il ne faisait ni froid, ni chaud. Comme d'habitude comme lorsque je suis dans son "monde".

Lui ou elle, je penche cette fois-ci plus pour la silhouette dun homme mais je ne sais pas précisément car il change de forme. La chose devient une adorable petite boule de poils roses et violette avec des yeux de cocker. Il croit me sensibiliser à sa cause avant d'avoir commencé à placer le sujet sur la table (fictive).

- Commencez, dis-je.

Je ferme mon esprit à toutes les sources de distraction pour me focaliser uniquement sur ce que cette chose va me dire. Je ferme les yeux pour mieux me concentrer et adopte une respiration digne d'un religieux d'il-de-Lune en pleine prière. Peu à peu, les méthodes de négociation que j'ai apprises au Tournoi envahissent mon cerveau. Il ne faut pas que je montre mes émotions, mais au contraire que jaffiche mon calme, ma tranquillité et ma sérénité. La personne en face de moi ne doit déceler chez moi aucune faille quand elle fait des coups bas, ou même quand je suis dans une mauvaise situation. Comme maintenant. Pouvoir lire dans les pensées des êtres autour de soi est un atout considérable pour beaucoup de choses. En négociation, cela devient drastique car avec cette particularité, on peut anticiper toutes les situations avec deux longueurs d'avance. Autant dire que je suis dans de beaux draps. Je rouvre les yeux.

La boule de poils sautille sur le sol avant de se stabiliser en l'air. Je prends un air indifférent alors que je suis complètement subjuguée par ces tours de passe-passe. Et maintenant que je me le dis, il a entendu mes pensées ! La boule de poils dévoile un beau sourire à faire exploser de jalousie la plus belle femme d'Illary.

- La vue est belle, ma chère ?

La boule de poil disparaît progressivement dans le paysage. Je suis à deux doigts de lui coller ma si belle main sur son visage, si j'arrive à le trouver. Je sais qu'il fait cela pour me déstabiliser mais je ne vais pas faillir. C'est pour cela que je pose sur la table mon premier atout : mon indifférence totale pour ne penser qu'à ce que j'aime ou ce qui est important pour moi à un instant T. Je le fais souvent, et d'ailleurs Élan Bélem était une de mes victimes.

Je décide de ne pas répondre. Je doute que la chose s'énerve pour de l'indifférence de ma part. Mais il faut tout essayer et c'est précisément ce que je fais.

- La vie est une chose bien futile dans l'histoire de l'univers, commence-t-il ; nous la définissons comme le fait de naître puis de mourir. Mais moi, je ne pense pas que la vie se résume à cela. La vie est, pour moi, un condensé d'émotions. Là où la vie n'existe pas, les émotions ne sont pas définies. C'est à dire que si une chose, vivante, qui respire et qui a la faculté de penser n'a pas d'émotions, je ne la considère pas comme quelque chose qui a une "vie" mais qui subit l'influence de son milieu.

Le vent se lève. Je sens une pression sur mes épaules comme s'il était derrière moi. De quelle enveloppe est-il cette fois ci ? Non. Ne pas ouvrir les yeux. Juste écouter et analyser. Parer l'imparable, gagner sans réfléchir. Impossible mais vrai. La chose reprend son monologue digne d'un cours de mathématiques sur la trigonométrie :

« Là où je veux en venir, c'est que tout le monde n'a pas une vie propre. Tout le monde désigne toute personne qui ressemble à un être humain, ou un être capable de penser et d'avoir des émotions. Et aujourd'hui, comme tu le sais bien Claire, une catégorie n'a pas de "vie". Oui Claire, c'est la tienne, les Hybrides, les projets. Sauf que, comme une exception confirme la règle, tu es unique. Tu as des émotions et c'est pour cela que tu "vis". »

« Comme Raphaël ou encore Roman n'est pas ? Eux deux sont des êtres importants dans ta vie, pas pour la même chose mais ils sont tous les deux impliqués dans ton histoire, par ta faute. »

Je tique. Ce nest pas très sympathique de me rejeter la faute alors que ce n'est pas de la mienne. À savoir, je n'étais pas en train d'influencer mes deux paternels au moment où ils m'ont emmenée chez eux. Je n'ai envie que d'une seule chose en finir au plus vite. Ces "rencontres" si l'on peut employer ce terme, sont très éprouvantes pour moi et, souvent, je réfléchis à ces rencontres pendant une durée indéterminée qui me prive de mes nuits.

- J'en déduis que tu veux savoir comment se portent-ils ? Et comment sont-ils traités, surtout pour Roman. Tu veux éclaircir certains points qui sont assez flous pour toi.

La pression sur les épaules disparaît. Elle migre sur mes paupières. Je sens un souffle sur mon visage. Il est tout près de moi, de mon visage. J'ai une peur mêlée d'excitation. J'ai envie de savoir en quoi sest-il incarné cette fois ci.

- Passons aux termes du marché. En premier ouvre les yeux et regarde-moi.

S'il me le demande si gentiment, pensais-je avec ironie. Soit. J'ouvre les yeux mais cela va être un désavantage conséquent pour moi.

J'ouvre les yeux. Je me retrouve devant le visage d'ange de Raphaël.

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MiXado