Light Hole [TOME I FINI | TOME II EN PAUSE]

Chapitre 2

  Sur le verre sont affichés cinq boutons de couleurs différentes. Jaune, rouge, violet, noire et vert. Tous fluorescents. Au-dessus d’eux est inscrit un mot quasi illisible. Incompréhensible. Par exemple, au-dessus du bouton vert est marqué "Kqbsmevdero". Cela ne veut absolument rien dire ! Mais on dirait une énigme. J’ai la sensation que nous sommes tous observés. J’en suis sûre. Le tournoi a commencé.

Je m'apaise. Il ne faut pas que je me fasse submerger par le stress. Je réfléchis. Par déduction, si ce panneau comporte une intelligence artificielle, je dois pouvoir l'utiliser. J'appuie avec mon index sur un rectangle. Il apparaît alors un clavier digital. Je demande une feuille à l’IA. Un carré blanc apparait alors sur le panneau. Un compteur de temps est affiché à sa droite. Il me reste deux minutes et quarante secondes. 
Étant petite, nous avions plein de concours à l'école. Le seul que j'ai gagné fut celui des énigmes. Comme j'étais heureuse ce jour-là ! Je sentis soudain la nostalgie m'envahir. 

Bon. Surtout, ne pas se laisser disperser par ses propres émotions. Les mots affichés ne veulent rien dire, donc les lettres ont une logique. C'est un code. Vu les mots, j’en déduis que la lette répétitive est le "o". Dans ma propre langue, la lettre la plus utilisée est le "e" donc le "o" semble correspond à cette lettre. L’espacement entre ces deux lettres est de dix lettres supplémentaires. Cela me rappelle quelque chose, un code. Je ferme les yeux et réfléchis. Je suis dans ma pensée quand à nouveau la voix annonce fermement qu'il nous reste deux ultimes minutes et trente secondes. Pour stresser les lycéens cela marche ! Une fille laisse alors échapper un cri strident de nervosité. 

Voyons, voyons. L'espacement est de dix lettres. J'applique cette technique dans le sens inverse avec le premier mot.
Je cherche à comprendre. J'écris le premier mot, puis remplace les lettres une par une. Oui ! J'ai réussi ! cela donne, "Agriculture". Agriculture ? Bon, il me reste deux uniques minutes. Je fais la même chose avec les autres mots. À la fin cela me donne respectivement : " Pouvoir ; informatique ; sécurité ; éducation et agriculture". Cela n'a aucun sens. Que représentent donc tous ces mots ?

- Une minute...

Une fille tombe en pleurs. Je crois que quelqu'un crie mais les bruits sont largement atténués et semblent fondre. 
Je réfléchis. « Pouvoir » m'évoque la direction, mais de quoi ?
« Informatique ». C'est simple, c'est aussi la matière d’études que mon frère a choisie même s'il ne m'a rien dit concernant le tournoi. « Informatique, » c'est le développement du codage, concevoir des choses, comme l'électricité. Ce n'est pas du tout mon style. Je rate ce mot sur le mur. 
« Sécurité ». Le sens est simple, cela signifie rentrer dans l'armée. Je ne suis pas particulièrement sportive, ni fan des armes et couteaux. Et surtout, j'ai le défaut de ne jamais respecter un ordre.
La voix annonce quarante-cinq secondes.
« Éducation ». On peut le relier dans un premier temps au travail de professeur. Mais je sais qu'il existe plein de métiers qui concordent avec ce mot. Par exemple, si on prend le sens de "s'éduquer", on peut comprendre cette voie comme faire des études. Franchement, je suis nulle à l'école. Clairement pas mon choix.

Il me reste « agriculture ». L’agriculture. C’est sûrement aller dans des champs produire des fruits et légumes pour ensuite les vendre. Je n’aime pas la terre. 

En conclusion il ne me reste plus que « pouvoir ». Ce mot me fait carrément peur.

- Vingt secondes !

La voix se met à énumérer les nombres sur un ton glacial et cadencé. La panique me gagne ainsi que ceux qui sont autour de moi. 

Le bouton « pouvoir »me nargue. Que faut-t- il que je fasse ? Les autres boutons ne sont clairement pas pour moi. Le garçon à droite de moi appuie alors sur le bouton choisi. Aussitôt le verre devint blanc puis disparu pour laisser place à la plaque.

- Dix secondes...

Le bouton jaune de pouvoir me fait penser au soleil.

- Neuf...

Est-ce trompeur ?

- Huit...

De toutes façons je n'ai pas d'autres choix.

- Sept…

L'autre garçon appuya sur un bouton. Le verre devint blanc.

- Six...

La fille qui avait éclaté en sanglots appuie de sa main droite un bouton du mur, de tape dessus. Le blanc l'envahit.

- Cinq...

Il ne reste plus que moi et une autre fille. Elle me regarde.

- Quatre...

Puis elle regarde le verre. Elle hoche la tête.

- Trois...

Elle se recoiffe et appuie avec une main experte un bouton.

- Deux...

Je regarde sa plaque. Je suis la dernière.

- Un...

Je lève mon bras vers le bouton pouvoir. Vais-je me tromper ?

- Zéro.

Et j'appuie d’un coup sec sur le bouton. 
Le blanc s'installe sur le verre. La plaque s'enfonce dans le sol. Je me cogne contre le mur. J'estime que je viens de descendre dans le sol à une profondeur de trente mètres. La descente a à peine duré cinq secondes. À l'arrêt, je suis plaqué au sol.

Tout est noir. Les lumières s'allument. Je suis dans une grande pièce blanche. Un siège est situé à ma gauche. La voix reprend.

- Assied toi !

Je m'exécute. Je touche mon front. J'ai une bosse au-dessus des sourcils. Un pan du mur s'efface pour laisser place à des hommes en blouse blanche. Ils regardent ma bosse. Puis ils s'en vont avant d'apporter un attirail médical. Un médecin me dit simplement que c'est une révision pour voir si je n'ai pas de problème de santé. Je suis ses consignes. On me prend ma taille, mon poids, mon groupe sanguin. On regarde ensuite si je n'ai pas de problèmes auditifs ou bien visuels. Enfin, les infirmiers me laissent seul avec le médecin chef reconnaissable avec sa blouse bleue pétrole. Il prend une chaise et s'assoit en face de moi. Sous sa direction on apporte une table ainsi que des feuilles et un stylo. Il me pose des questions sur moi, ma famille et d’innombrables sujets auxquels il attend des réponses. Je les note sur papier. Il prend mes feuilles puis se retire. 
J'attends. J’attends depuis environ quinze minutes quand une personne rentre dans la pièce. 

- Bonjour ! Claire Anselme ! Ravi de te rencontrer.

Je le regarde. Ses yeux froids d'émotion se posent sur moi. Il a une carrure imposante, des cheveux bruns et bouclés, avec des touches de noir, ses lèvres sont fines et son nez aquilin se découpent sur son visage.

Je me retrouve face au Sénateur Général de la Politique et de l'Economie, Marc Entarman.

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  MiXado