Chapitre 70

2.2K 163 5
                                    



Une semaine plus tard,

Point de vue Milia

Enceinte de cinq mois et n'ayant absolument pas le droit de porter, je regarde mes beaux-parents ainsi que Lawrence et James s'activer ardemment dans le déménagement.

« Non mais vous ne voulez vraiment pas que je fasse quelque chose ? », demandai-je agacée.

Ma belle-mère se retourne brusquement vers moi tandis qu'elle tient un carton dans ses bras. Elle me fusille légèrement du regard devant mon insistance depuis quelques minutes. Je m'ennuie et ça me gêne de ne rien pouvoir faire, j'ai l'impression d'être un boulet.

« Je pose ça où ? », me demanda Lawrence.

Tenant un carton de vêtements, je lui réponds d'une voix nonchalante que cela va dans la chambre. Voilà à quoi je suis bonne depuis tout à l'heure... Être au milieu du salon sur mon fauteuil à dire où vont tels ou tels cartons. Le bébé bougeant, je caresse instinctivement mon ventre.

James revient dans la pièce et dépose un baiser protecteur sur mon front avant de vouloir repartir. Je le retiens au dernier moment.

« Qu'est-ce qu'il y a ?, me demanda-t-il.

- Il faut que je fasse quelque chose... Je vais devenir folle à force.

- Mon amour, tu y es déjà un peu ! »

Il éclate de rire alors que mes yeux se transforment en mitraillette. Comprenant que ce n'était pas le moment de faire du l'humour, il reprend son sérieux.

« Tu peux défaire les cartons, si tu veux. D'ailleurs je me demande pourquoi tu n'y as pas pensé avant ! »

J'y ai songé, puis je me suis abstenue de le faire parce que j'ai dû mal à rester debout longtemps. Je ne suis enceinte que de cinq mois mais j'ai beaucoup de vertiges.

« Tu sais très bien qu'à cause de mes vertiges, je ne peux pas rester debout trop longtemps !, lui fis-je remarquer.

- Maman ? »

Il interpelle sa mère qui venait tout juste de déposer un carton dans la pièce. Elle lui sourit tendrement avant d'acquiescer.

« Oui ?

- Tu veux bien aider Milia à défaire les cartons ? »

Je le foudroie brièvement du regard. Je peux très bien me débrouiller toute seule, je n'ai pas besoin que sa mère me surveille. Sans prêter attention à mon attitude désinvolte, il regarde sa mère.

« Bien sûr, mon fils ! »

Prise au piège, je me lève de mauvaise grâce. James m'embrasse la joue avant de repartir au camion de déménagement que l'on a préalablement loué. On s'installe dans un recoin du salon-salle à manger et j'ouvre le premier carton. Comprenant que c'était du linge de lit, je demande poliment à ma belle-mère d'emmener le carton avec elle dans la future chambre de mon fils car elle dispose d'un grand placard où je désire y mettre, autres que les affaires du bébé, mon linge de maison.

« Vous allez être bien tous les trois, ici ! », commenta sa mère.

Je lui souris aimablement tout en ouvrant de nouveau le carton. Il est vrai que cet appartement, même s'il est éloigné du centre-ville, demeure accueillant. Je m'y sens bien et le quartier est très agréable.

« Ça ne te fait pas tout drôle de changer d'appartement ?, me demanda Kate.

- Un peu c'est vrai ! Mais on ne pouvait pas rester là-bas. Puis le petit allait avoir besoin d'une chambre. »

Ici, j'ai l'impression d'avoir un poids en moins sur le coeur. Je me sens en paix et je crois que c'est la même chose pour James. On n'y a vécu des bons moments mais aussi des plus mauvais là-bas. Sans oublier que c'est le lieu où j'ai demeuré avec Andrew et je pense que James a eu du mal à trouver sa place. Alors cet appartement est une vraie bénédiction et opportunité pour nous d'enfin commencer notre vie de couple.

« Vous ne lui avez toujours pas trouver de prénom à ce petit bonhomme ?

- Non... On a quelques hésitations puis on a encore un peu de temps avant sa naissance.

- Oh tu sais, Milia, ces derniers mois vont passer vite. Vous allez devoir préparer sa chambre, allez aux cours de préparations à l'accouchement...

- Je sais mais nous sommes tous les deux très bien organisés donc on arrivera à tout gérer. »

Kate est une personne adorable, gentille et très accessible mais sa bienveillance a l'égard de moi est un peu trop pesante. Je ressens son besoin de vouloir toujours tout bien faire mais avec James nous sommes assez grand pour gérer notre vie sans qu'une tierce personne vienne s'immiscer. Je range les quelques parures de draps devant le silence de ma belle-mère. Ne comprenant pas pourquoi, je me retourne vers elle. Elle tient dans sa main mon ancienne bague de fiançailles. Mince, j'avais complètement oublié que je l'avais déposé dans un carton. Évidement il a fallut que ça soit celui-là.

« C'est quoi, ça ?

- Rien... Mon ancienne bague de fiançailles !

- Pourquoi tu la gardes ? »

Son attitude change soudainement, de la gentillesse elle passe à la méfiance. Je ne sais pas ce qu'elle s'imagine mais je suis amoureuse de son fils. Je l'aime tellement que le mot aimer n'est pas suffisant pour décrire ce que je ressens pour lui. Sa question n'est pas dénuée de sens, seulement je n'en sais rien. Il a été une partie de ma vie, de ma jeunesse.

« Parce que je ne sais pas quoi en faire ! »

Je lui reprends vivement la bague de sa main afin de la mettre dans la poche de mon pantalon. Je ne préfère pas que James tombe dessus.

« Milia, je t'apprécie vraiment mais ne t'avise pas de faire du mal à mon fils. Il t'aime vraiment et il est très heureux alors...

- Kate, ce n'est qu'une bague pour moi ! Elle ne représente rien d'autres ! Le plus important pour moi maintenant c'est James et le bébé, la rassurai-je.

- J'espère ! Mon fils quand il aime, il aime vraiment...

- Je sais, Kate.

- Ça lui a brisé le cœur de te savoir entre la vie et la mort a cause de lui. »

J'acquiesce timidement, comprenant où elle voulait en venir. Je sais qu'il s'en est beaucoup voulu et ça me fait toujours autant de peine de savoir que je l'ai mise dans un tel état de déprime sans le vouloir. Je me souviendrais toujours des quelques larmes qui lui ont échappées alors qu'il me tenait fermement contre lui quand je me suis réveillée.

« C'est quelqu'un de fabuleux, lui souris-je. Je l'ai toujours su.

- Sauf que tu as été plus intelligente que Clare. Toi au moins tu ne l'as pas laissé filer. »

Elle me fait un grand sourire avant de sortir de la pièce. J'en profite pour sortir la bague de ma poche. Qu'est-ce que je vais bien pouvoir faire d'elle ?
Après quelques minutes de réflexions, je la remets dans ma poche. Peut-être que si j'en parlais ce soir avec James, on aurait la solution.

Permis d'aimerWhere stories live. Discover now