Chapitre 14

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Point de vue Milia

Quand j'arrive au bistrot, mon regard accroche d'emblée celui de ma meilleure amie. Je constate qu'elle a une nouvelle fois changé de couleur de cheveux. Je lui fais la bise et m'assois en face d'elle. Je suis ravie de la voir, cela fait déjà quelques semaines que l'on devait se voir sans jamais trouvé le temps de le faire.

« Cette couleur te va super bien !

— Ta bague ? Tu aurais pu me le dire que tu étais fiancée ! »

Elle me lance un regard désapprobateur alors que je fixe la table comme si c'était la plus belle chose au monde. Il est vrai que je n'en ai parlé à personne de mes fiançailles, à part à James, même ma famille n'est pas encore au courant. Pour être honnête, il m'arrive encore régulièrement de me demander si la bague autour de mon doigt est bien réel ou si je suis en train de rêver.

« Tu sais, je n'en ai parlé à personne sauf James qui est au courant et les gens qui sont dans ma classe. Il est difficile de cacher une bague de fiançailles, souris-je.

— Je suis ta meilleure amie, tu aurais dû me le dire !

— En ce moment, je suis assez occupée et je n'avais pas particulièrement envie de te l'annoncer par message.

— Vous allez vous marier quand ?

— L'année prochaine ou dans deux ans... »

Elle me lance un sourire espiègle alors que la serveuse vient vers nous pour que l'on prenne commande. Je décide de prendre un diabolo menthe.

« Par contre je ne te demande pas pourquoi tu étais un peu en retard ce matin !, éclata-t-elle de rire.

— Pourquoi tu me dis ça ?

— La marque dans ton cou. 25 ans et ça fait encore des suçons ! Vous comptez devenir des adultes un jour tous les deux ? »

Je pouffe de rire mais ne sais vraiment pas quoi répondre. Déjà parce que je ne pensais pas qu'Andrew s'amuserait à me faire un suçon et de deux, je n'ai rien à l'heure actuelle pour le dissimuler.

« Nous sommes adultes. Mais être adulte ne veut pas dire qu'il faut coucher ensemble une fois par mois.

— Sur ce point là, je te rejoins mais bon un suçon ça craint.

— Il y a plus grave dans la vie, tu ne crois pas ?

— Si bien entendu mais c'est juste que ça fait mauvais genre ! »

L'espace de quelques semaines, j'avais oublié qu'elle avait tendance à être rabat-joie surtout qu'elle n'est peut-être pas la mieux placer pour me donner des leçon sur mon couple ou ma façon de vivre avec Andrew.

« Parce que ça fait meilleur genre de coucher avec son ex par amusement ? »

Elle me regarde interloquée tandis que je me mords nerveusement la lèvre. Parfois je devrais apprendre à tourner ma langue sept fois dans la bouche avant de dire quelque chose. Ses histoires avec James ne me regardent absolument pas.

« Excuse-moi. Je n'avais pas à dire une telle chose.

— Effectivement. Avec James nous faisons ce que nous voulons surtout que l'on y trouve tous les deux notre compte. »

Tous les deux ? Je ne crois pas non, pas d'après ce que m'a rapporté Andrew il y a quelques temps. Il l'aime juste trop pour la perdre alors il accepte tout, même l'inacceptable.

« Si tu le dis », finis-je par dire.

Elle acquiesce avant d'arborer un léger rictus. La serveuse revient avec les commandes, le sourire aux lèvres. Nous la remercions chacune notre tour avant de commencer à boire.

« Enfin cela va peut-être changer prochainement. », ajoutai-je.

Elle arque un sourcil, intriguée par mes dires. Je préfère être honnête même si j'ai intérieurement un peu peur de semer la zizanie entre eux.

« Comment ça ?

— Il a revu une ancienne camarade de collège. Elle s'appelle Eva.

— Oh Eva ?

— Tu la connais ?, demandai-je surprise.

— Pas de visu mais James m'en a parlé quelque fois.

— Je pense qu'il est tout à fait son genre et ça semble réciproque.

— C'est bien, je suis contente pour lui. On arrêtera juste de se voir. »

Elle me dit tout ça avec un vrai détachement, comme si James n'avait jamais compté pour elle. Elle m'étonne parfois dans sa manière d'agir quand ça le concerne.

« Comment tu peux être aussi détachée ? Je te signale que tu l'as aimé !

— Oui c'est vrai mais je ne l'aime plus et si, une autre fille que moi peut le rendre heureux alors je serais contente.

— Je ne sais pas comment tu fais ?!

— Non mais toi, tu aimes Andrew à outrance. Ce n'est pas un reproche, tu es libre de ressentir ce que tu veux mais tu vis pour lui et par rapport à lui.

— Je l'aime tout simplement et je veux son bonheur.

— Oui mais ce n'est pas pour autant que tu dois t'effacer !

— Je ne m'efface pas ! En plus en ce moment c'est vraiment pas le moment pour me dire une telle chose. »

Mon visage se contracte et mes yeux lui lancent des éclairs. Chacun aime comme il veut et personne n'a de toute manière la bonne façon.

« Qu'est-ce qui se passe ?

— Rien. Il va juste partir 3 mois à Philadelphie si son entretien se déroule bien.

— Oh mais trois mois ce n'est rien.

— J'ai besoin de l'avoir auprès de moi, soupirai-je. Ça me rends malade de savoir que je ne vais le voir que le week-end.

— C'est mieux que rien du tout. Puis vous êtes fiancé, il n'a aucune raison d'aller voir ailleurs pendant ce lapse de temps !

— Mais je n'y pense même pas à ça !

— Quand je te dis que tu es trop raide dingue de ton copain. Heureusement que tu ne voulais pas finir en couple guimauve car tu es bien partie pour en faire partie. »

Je lui lance un sourire ironique avant de boire d'une traite ma boisson. Elle m'examine de la tête au pied avant de sourire.

« J'aime Andrew. Ça a toujours été une évidence entre nous.

— Je sais mais je pense aussi que d'une certaine manière ta relation est néfaste.

— Néfaste ?

— Enfin, non. Disons que tu es beaucoup trop effacée et tu te laisses un peu trop diriger par les désirs d'Andrew. Un jour, tu risques de ne plus savoir qui tu es et ce que tu veux.

— C'est ta manière de me féliciter pour mon futur mariage ? Parce que je te dis tout de suite que ça ne va pas. »

Elle pousse un soupir et finit par capituler. Je prends en compte ce qu'elle me dit mais rien ni personne ne se mettra entre moi et mon mariage avec Andrew. Je suis peut-être effacée mais je suis heureuse et pour moi, c'est le principal. Nous finissons par changer rapidement de conversation, nous concentrant davantage sur nous projets professionnels.

Permis d'aimerWhere stories live. Discover now