Chapitre 68

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Un mois plus tard,

Point de vue James

Sur le point de me coucher auprès de Milia, je remarque qu'elle tient dans ses mains un dossier. Sentant certainement notre bébé bouger, elle caresse avec douceur son ventre.

« J'ai oublié de te montrer l'échographie d'aujourd'hui tout à l'heure. Excuse-moi. »

J'acquiesce tout en m'asseyant a ma place. Je prends le dossier des mains de Milia et constate que le bébé grandit correctement. Je regrette de ne pas avoir pu aller à cette échographie mais je n'avais pas d'autre choix que d'aller à mon audience.

« Il va très bien et se développe comme il faut. Je suis contente.

- Pourtant tu avais peur ces derniers temps.

- Oui mais il était calme, je le sentais à peine bouger parfois. »

Je lui embrasse tendrement la tempe tandis qu'elle vient se blottir bon gré mal gré contre moi. Je laisse tomber le dossier par terre avant d'éteindre la lumière.

« Mais j'ai entendu son coeur battre alors je me sens mieux. Puis il vient juste de bouger enfin il y a quelques minutes. », ajouta-t-elle.

Elle se détache de moi au profit d'une meilleure position pour dormir. J'imagine que cela ne doit pas être facile tous les jours de trouver une position adéquate quand on est enceinte. Surtout que Milia dort principalement sur le ventre en temps normal.

« Tu veux bien caler ton corps contre le mien, s'il te plaît ? »

Évidement que je vais le faire, même si pour moi ce n'est pas ma position préférée pour trouver le sommeil. En ce moment, elle n'est pas dans son assiette et j'ai beau lui demander ce qui ne va pas, elle reste muette comme une carpe. Parfois, je regrette de ne plus être seulement son meilleur ami car avant elle ne m'aurait pas dissimuler ce qui la touchait. Je me sens démunis. Pendant que je réfléchis, elle prend ma main en otage et la pose contre son ventre.

« Tu sais pourquoi j'aime bien cette position ?

- Non

- Ta main sur mon ventre, ça me rassure. Je ne me sens pas seule face à ce qui me tracasse.

- Pourtant ces derniers temps, tu ne me confies plus rien.

- Parce que tu es le père et que je n'ai pas envie de t'inquiéter avec mes angoisses.

- Sauf que tu me tracasses justement. Parfois je regrette de ne plus être seulement ton meilleur ami...

- Comment ça ?, me coupa Milia indignée.

- Non mais non, je ne regrette pas d'être en couple avec toi. Seulement avant tu m'aurais dit tes problèmes ou tes états d'âmes... Là c'est silence radio.

- J'ai eu peur de devoir accoucher d'un mort-né au bout du cinquième mois. Je ne sentais plus notre fils bouger depuis quelques temps et j'ai eu peur. »

Je pousse un soupir avant de frotter mon nez dans le creux de son cou. De ma main, je caresse délicatement son ventre.

« Milia, je suis son père. Tu dois me parler de toi et de lui, de tes doutes, de tes peurs. Peut-être que l'on aura peur à deux, peut-être que l'on sera heureux à deux mais en tout cas quoiqu'il se passe, tu dois impérativement m'en parler. Que tu es un jardin secret c'est normal mais pas quand il s'agit de notre fils, s'il te plaît.

- Je suis désolé. Je pensais bien faire. »

Elle se retourne vers moi et vient m'embrasser chastement la bouche.

« Je sais, Milia. C'est pour cela que je ne suis pas fâché contre toi.

- Il ne manquerait plus que tu sois fâché contre moi. »

Je l'entends soupirer tandis qu'elle reprend sa place initiale, me tournant volontairement le dos pour couper court à notre conversation mais c'est sans compter sur ma détermination à connaître le fond du problème. Elle était mal pour le bébé, ça je le conçois mais je sais aussi qu'il y a une autre chose qui la tracasse.

« Milia, tu sais que tu peux tout me dire...

- Oui, je sais. Mais comme tu viens de le souligner, j'ai droit à mon jardin secret. »

Je pousse un violent soupir. J'aurais dû me taire tout à l'heure. A contre coeur, je reste silencieux. Alors que je commence à m'assoupir, le téléphone de Milia se met à éclaircir la pièce. Je la regarde le prendre, faire une moue triste avant de reposer son portable sur la table de chevet.

« C'est qui ?

- Clare. »

Son ton est sec à la limite du tranchant. Je ne sais pas ce qu'il se passe entre les deux depuis quelques temps mais ça n'a pas l'air d'être l'amour fou. Il faut avouer que Clare est un peu spécial parfois mais c'est ce qui doit aussi faire son charme.

« Elle te voulait quoi ?, lui demandai-je hésitant.

- Rien. Dors James ! Il est minuit et demain tu te réveilles de bonne heure !

- Milia, dis-moi quel est le problème avec elle !

- Je n'ai pas de problème avec elle. Elle vient de m'envoyer un message pour me dire qu'elle ne pouvait pas venir pour le déménagement la semaine prochaine.

- Mais je croyais qu'elle était disponible ?

- Et bien visiblement, elle ne l'est plus ! », dit-elle avec beaucoup d'amertume.

Je ne comprends pas le changement brutal de comportement chez Clare. Elle a toujours accepté mon couple avec Milia, pourquoi elle n'accepte pas que nous allons bientôt avoir un enfant ? Elle devrait heureuse, ne serait-ce que pour sa meilleure amie.

« C'est ça qui te pèse ?

- De quoi ?

- La distance que mets Clare vis-à-vis de toi...

- Non, je suis juste déçue qu'elle ne soit pas contente pour nous.

- Tu veux que je lui parle ?

- Ça ne servirait à rien James ! Maintenant dors ! Je suis fatiguée et toi tu dois te réveiller tôt. »

Elle a beau me dire que cela ne servirait à rien, moi j'aimerais comprendre sa réaction. Peut-être qu'il faut crever un quelconque abcès ou peut-être qu'en ce moment elle est vraiment trop débordée pour se rendre compte que sa meilleure amie a besoin d'elle. Sur ces pensées, je finis par m'endormir.

Permis d'aimerWhere stories live. Discover now