Permis d'aimer

Chapitre 25

Le mardi 1er février 2023, New-York.

Point de vue James

En arrivant à la fac, je suis accueillie par une Milia toute fraîche et pimpante. Je vois que son petit week-end en tête à tête avec Andrew l'a revigoré. Je la serre dans mes bras et lui fais la bise tandis que nous rentrons dans la salle.

« Alors ce week-end ?

- Génial ! »

Je lui souris alors qu'elle semble vraiment aux anges. Attendri et soulagé par cette joie nullement dissimulé, je respire un bon coup. Je commençais vraiment à m'inquiéter pour elle et pour son moral.

« Tu vois, je te l'avais dit qu'il saurait se rattraper comme il faut.

- Ah bah là oui, tu avais entièrement raison. »

Je fronce des sourcils tandis que son regard est rempli de sous-entendu. Je n'espère pas qu'il a fait ce que je pense qu'il a fait. Devant mon regard perplexe, elle semble confuse.

« J'ai dit quelque chose de mal ?

- Non pas du tout, Milia ! J'étais perdu dans mes pensées », lui expliquai-je.

Elle me sourit tandis qu'elle sort son bloc note afin d'écrire le discours long de notre professeur sur le droit constitutionnel.

« On boit notre verre tous les trois ce soir ?, me demanda-t-elle.

- Non Eva ne peut pas mais je prendrais volontiers un verre avec ma ravissante meilleure amie. »

Elle éclate de rire avant de lever les yeux au ciel.

« S'il te plaît ne commence pas à me faire de compliment toi aussi...

- Comment ça ?

- Bah je ne sais pas ce qu'il avait ce week-end mais Andrew n'a pas arrêté de me faire des compliments.

- Ah bon ?, demandai-je surpris.

- Oui ça en devenait flippant à la fin. »

Elle se met à rire tandis que je suis de plus en plus perplexe face à la situation. Cela ne lui ressemble pas du tout de faire une flopée de compliments. Soit il est très amoureux, soit il a fait une énorme connerie.

« Tu es vraiment étrange. Je te dis que tout va bien avec mon fiancé et toi au lieu d'être content, tu tires une gueule de dix pied de long...

- Je suis désolé... C'est juste que ça ne lui ressemble pas de réagir de cette manière. »

Je pousse un soupir d'agacement. Je déteste cette situation où celui qui va se faire avoir en premier ça va être moi. Je ne me sens pas de trahir les paroles d'Andrew mais ça me rend fou de savoir quelque chose que Milia ne sait pas et qui la concerne totalement et directement.

« Peut-être que la distance lui fait prendre encore plus conscience qu'il m'aime et que je lui manque...

- Oui très certainement. »

Je lui souris tandis que le professeur arrive enfin dans la salle. Il n'est pas trop tôt, je commençais à désespérer. Cette conversation me mettait plus mal à l'aise qu'autre chose.
Durant tout le cours, je ne suis pas très attentif. Je sens bien que quelque chose ne tourne pas rond dans ce que me raconte ma meilleure amie. Même quand il était adolescent et fou amoureux de Milia, il ne l'a jamais bercé de mille compliments.

« Ça va ?, s'inquiéta Milia.

- Oui, oui. Je suis fatigué c'est tout.

- Tu es sûr ? »

J'acquiesce alors que le professeur nous fusille du regard. S'il y a encore quelques jours, Milia était inquiet pour moi et Eva, maintenant c'est moi qui suis inquiet pour elle et pour sa relation avec Andrew. Je ne voudrais pas qu'il la trompe et qu'il lui brise son cœur, elle ne s'en remettrait pas. A la fin du cours, je sors rapidement de la salle tandis que je sens une main s'immiscer dans la mienne.

« Hey James, qu'est-ce qui se passe ?

- Rien, je t'assure !

- Non tu ne peux pas me dire ça ! Ça se voit que quelque chose te chiffonne ! »

Je grimace légèrement, me sentant totalement pris au piège. Elle lache ma main et croise ses bras sur son buste, bien décidé à savoir le pourquoi du comment.

« Milia, je te promets que tout va bien. Je suis fatigué par mon week-end. J'ai bossé un peu en extra dans un bar et voilà. »

Je ne lui mens qu'à moitié. Disons que oui je suis fatiguée mais non ce n'est pas ça qui me chiffonne.

« Pour le verre ce soir, nous avons qu'à reporter. Je préfère que tu te reposes.

- Mais non, je t'ai dit que l'on allait boire un verre et on ira. Je ne suis pas du genre à ne pas respecter mes promesses.

- Andrew non plus, pourtant la semaine dernière il a rompu sa promesse vis a vis des weekend.

- Je ne suis pas Andrew ! », m'exclamai-je excédé.

Piqué au vif, je la contourne et retourne chez moi. Nous n'avons plus cours de la journée avant 16h00, je vais donc profiter de ce lapse de temps pour démêler le vrai du faux dans les faits et gestes d'Andrew. Une fois chez moi, j'attends patiemment la pause déjeuner pour l'appeler.

« Andrew ne me dit pas que tu as fait cette connerie !, m'exclamai-je.

- Bonjour à toi aussi. Pourquoi tu me dis ça ?

- Je suis un mec, je te signale. Quand j'entends Milia s'extasié de votre week-end galipette et compliment, je me dis tout de suite qu'il y a une couille dans le pâté.

- Je... »

Il arrête brusquement sa phrase qui sonne à mes yeux comme un aveu. Je savais que cette histoire finirait mal avec Olivia mais je ne pensais pas que ça se ferait aussi rapidement.

« Putain mais comment tu as pu lui faire ça ! Il t'a suffit de deux semaines avec ton premier amour pour ruiner ta relation de 7 ans avec Milia !

- J'ai merdé je sais... On a bu et je...

- Ah s'il te plaît me sors pas tes explications à la con ! Laisse les à Milia. Putain mais cette fille elle ferait tout pour toi et toi, tu la trompes ! »

Je pourrais lui démonter la gueule s'il était en face de moi à cet instant précis. Je suis dans une rage folle et surtout, je ne sais pas comment je vais faire pour garder le silence. Comment on peut avoir une vraie pépite entre les mains et à côté faire de la merde comme ça.

« Ne lui dis rien, s'il te plaît. Si elle l'apprend, elle ne me le pardonnera pas. Je ne veux pas la perdre.

- Ça fallait y penser avant de coucher avec Olivia !

- Je t'en prie James, ne lui dis rien.

- Tu es pathétique ! »

Sur ces mots, je décide de raccrocher. Je jette mon portable sur mon canapé et me met en tenue de sport afin d'aller faire un footing. Je crois que c'est l'unique solution que j'ai trouvé pour passer mes nerfs.