Chapitre 13

Depuis le début
                                    

- Je suis précoce dans certains domaines, c'est tout.

Un silence s'installa, et la blondinette finit par se lever.

- On vous raccompagne.

- Hein ?

- Pardon ?

- Ho je t'aime toi !

Les deux jeunes filles parlèrent presque en même temps, de tel qu'on n'avait pu différencier leurs deux voix.

- Qui est ce qui m'aime ? Leur demanda le bodyguard d'un air malicieux.

- Ho mais personne ! Répondirent-elles en même temps, se faisant mutuellement un clin d'œil.

Levant les yeux au ciel, il ne put s'empêcher de sourire avant de se diriger vers le grand portail, suivit des deux amies qui ne cessaient de parler et rire derrière son dos. La princesse parlait d'un fameux produit pour laver le sol qui glissait merveilleusement bien et qu'il fallait absolument qu'elle essaye dans la salle de bal. Elle avait glissé dessus la veille et avait renversé un grand vase...

Tiens tiens, il se souvenait très bien de cet évènement-là dis donc, et de la vieille cuisinière qui avait failli s'évanouir en voyant de désastre et qui avait essayé de le retenir lorsqu'il s'était dirigé vers la jeune fille pour l'aider à se relever.

"Elle peut être un monstre comme un ange, méfiez-vous" Lui avait-elle dit.

Dylan s'était contenté de sourir.

Il avait donc plutôt intérêt à cacher tous les pots de liquides nettoyant de n'importe quelle substance s'il voulait la garder en bonne santé et non pas avec quelques bleus ou encore la retrouver aplatie contre le mur de la grande salle...

Quelques temps plus tard, entourée de Juliette et de sa maquilleuse, Léna se laissait pouponner comme une Barbie. Vêtue d'une simple robe bleu marine, fort jolie et qu'elle avait fait exprès de prendre une taille au-dessus, l'adolescente était dans sa salle de bain, bien sagement assise sur une chaise, les yeux fermés et se laissant appliquer du far à paupière.

La tenue qu'elle avait choisie faisait partie de ces très rares robes pas très aguicheuse et courtes, qui l'embellissement et que la jeune princesse avait donc l'habitude de porter. Elle l'avait choisie par pure prudence, au cas où cette ministre aurait un fils pas encore casé. Simple question d'habitude que lui avait apprise l'expérience.

- J'avoue ne pas savoir quelle coiffure vous faire aujourd'hui, Altesse. Rien ne semble s'accorder avec votre tenue. Auriez-vous des préférences ?

- Laissez-les donc détachés.

Peu convaincue, la coiffeuse dénommée Angèle essaya de nombreuses coiffures avant de laisser les cheveux de sa princesse dégringoler dans les dos et les épaules de celle-ci.

- Bien, faisons cela.

Elle avait terminé son travail quelques minutes plus tard, l'air peu satisfaite. La femme sortit alors des appartements de sa princesse après, bien entendu, l'avoir saluée. De nouveau seule avec Juliette, Léna s'ennuyait déjà, et ne voulant pas rester de trop ici, elle s'empressa de dire :

- Bon, allons-y.

Sans rien ajouter, elle se leva et sortit de la pièce suivie de sa gouvernant qui s'en alla ensuite vers l'étage supérieur. Dylan était là, dans le même costume que la veille, mais un nœud papillon avait pris place de la cravate. Un nœud papillon fort mal mis d'ailleurs...

- Juliette ! L'adolescente appela la blonde vénitienne, mais celle-ci était apparemment trop loin pour entendre. Elle soupira. Là quand il ne faut pas, pas là quand il faut ! Mais quelle belle utilité !

- Qu'y a-t-il Altesse ?

Elle se retourna vers le garçon, un sourire moqueur gravé sur les lèvres.

- Si j'ose dire, votre nœud de papillon est de travers, monsieur Duciel.

- Ha...

Embarrassé, le jeune garde du corps s'empressa d'essayer d'arranger la chose. Mais voilà le problème : il ne fit qu'essayer, et ses rectifications ne firent qu'empirer, chiffonant également son col de chemise.

- Ro mais vous n'êtes pas possible vous ! Râla Léna. Et elle rappela : "Juliette ?!" Mais aucune réponse ne parvient à ses oreilles.

- Houhou il y a quelqu'un ? Continua-t-elle d'une voix exagérément enfantine avant de reprendre son timbre naturel :

- Mais ce n'est pas possible ce palais est aussi désert que le Sahara ou quoi ?! Bon, venez. Devant une glace sûrement y arriverez-vous mieux.

Mais non, Dylan n'y arriva pas mieux. À croire qu'il était un cas désespéré sur ce point-là, ce qui, justement, désespéra sa "protégée". Au bout de nombreuses tentatives et avec un nœud complètement à refaire, il demanda calmement et simplement :

- Je suis confus de vous le demander, Altesse, mais pourriez-vous, s'il vous plaît, m'aider ?

- Ha non, ha non, ha non ! Elle répondit brutalement, comme si on lui demandait de repeindre sa chambre en orange et violet. Je ne fais pas le nœud de papillon à mon garde du corps ! Je ne suis pas votre boniche, à ce que je sache ! Sixtiiiiine ?! Elle appela désespérément.

- Si je puis me permettre, Sixtine est u
en arrêt. Et veuillez m'excuser mais ce n'est pas ce que je sous-entendais en disant cela. Il serait juste préférable d'être présentable devant votre père et votre mère.

Elle soupira. Il était tellement poli... Jamais en toute sa vie elle ne l'avait été autant que lui, en dix minutes.

Je suis un cas désespéré. Pensa-t-elle en riant intérieurement.

- Bien. Elle soupira, et contre son gré s'approcha du garçon. Le plus rapidement et sèchement possible, elle lui lissa le col de sa chemise blanche et noua le nœud papillon comme elle savait si bien le faire.

- Voilà. Souffla-t-elle, le travail fini. Et je vous préviens que je ne compte pas le refaire.

- Merci beaucoup, Majesté.

Suivie de son garde du corps, Léna se rendit alors vers le petit salon ou la ministre et ses parents étaient déjà présents. Elle tenait dans ses bras une petite fille de cinq ans qui se révéla porter le nom d'Élise. La femme était divorcée et se révéla dès les présentations d'être une personne exécrable. Ce ton de voix qu'elle utilisait, comment elle regardait le monde, comme elle léchait les pieds au couple royal...

Léna, en trois minutes, s'était imaginée la taper trente-deux fois.

Ils restèrent une heure à parler dans le petit salon, assis dans ces fauteuils qui coutaient ridiculeusement un bras, et Léna installée dans le canapé confortable dont elle prenait possession à chaque fois qu'elle recevait des personnes dans cette salle. À son plus grand malheur, Dylan, sous la proposition du roi, avait pris place à ses côtés, assis, et non debout comme les gardes qui se trouvaient à la porte et le regardait d'ailleurs d'un air envieux.

Ils passèrent ensuite dans la salle à manger, belle, grande et luxueuse. La jeune princesse s'assit à gauche de son père qui se trouvait en bout de table, son épouse à sa droite. À son grand désespoir elle allait donc manger presque en face de cette femme qui allait servir de ministre de l'éducation à son pays. À côté d'elle (on pouvait donc la qualifier de jeune maman) se trouvait la petite Elise.

Le déjeuner s'annonçait long...

- Monsieur Duciel, venez donc déjeuner en notre présence. Prenez place auprès de ma fille, je vous prie.

Une lueur d'étonnement passa dans les yeux du jeune homme tandis que l'adolescente cria brusquement :

- Pardon ?! Elle eut le droit à trois regards noirs, qu'elle ignora complètement. Continuant de la fixer, son paternel répéta :

- Venez monsieur Duciel, je vous prie.

Elle grogna, montrant bien son mécontentement. Magnifique ce baby-sitter à domicile.

Oui, le repas s'annonçait long. Très long même...

Princesse LénaOù les histoires vivent. Découvrez maintenant