Je pris délicatement le fin poignet que je venais d'abîmer sans le vouloir. Je massais tendrement sa peau pour essayer de faire partir les rougeurs, en vin. J'avais laissé une belle marque. Heureusement que ça allait guérir d'ici peu grâce à son statut de Métamorphe.

Pris par la colère, je n'avais pas fait attention à Alba, ni aux tremblements de mon corps éreinté. Ma force, malgré mes muscles actuellement en charpie, était toujours présente. J'aurais dû canaliser mes émotions. J'aurais dû.

- C'est bon, ce n'est rien, me dit doucement Alba me voyant continuer à masser son poignet.

Elle repoussa doucement mes mains.

- Ca va guérir en moins de deux minutes.

Je hochais lentement la tête, les yeux toujours fixés sur la blessure que je venais de lui faire. J'étais un réel idiot. Ma tigresse perçu mes émotions. Elle finit par enlacer ses doigts autour des miens, m'offrant un sourire réconfortant.

Venais-je à l'instant de penser « Ma tigresse » ? Les choses changent vite...

J'inspirais fortement avant de récupérer mon stoïcisme habituel. Ce n'était pas une blessure grave, encore heureux.

Je continuais donc d'avancer, main dans la main avec Alba. J'avais très clairement compris ce que voulais dire Âmes-Sœurs, et si c'était avec elle, cela ne me dérangeait pas. J'étais même l'homme le plus chanceux pour avoir en ma compagnie une femme comme elle. Puissante, farouche, intelligente, magnifique, honnête. Même ses défauts comme sa naïveté me plaisaient. J'acceptais volontiers ce lien d'Âmes-Sœurs.

- C'est lui l'Indomptable qui résistait à Scott parce qu'en fait, c'était un Alpha Suprême ?

- C'est eux qu'on a protégé pendant trois ans ?

Les conversations tournaient encore autour de nous après notre passage.

- Alors c'est à ça qu'il ressemble Eliaz...dit une voix féminine et aguicheuse.

- Il est super canon ! Lui répondit une adolescente.

- Tout le monde sait qu'ils sont Âmes-Sœurs mais...Je crois que je vais essayer de me faire ce beau mâle, roucoula cette même voix aguicheuse et suave.

Des frissons me parcoururent. Sans façon.

Une très forte pression se fit sur ma main, avant que des craquements ne s'entendent.

Un énorme son retentit autour de nous dans un fracas improbable. Je me retournais précipitamment pour voir une femme aux cheveux rouges, d'environ vingt-cinq ans, gisant par terre, évanouie. Une longue trainée profonde creusant l'herbe et la terre la suivait. Un creux imposant s'était créer sur une caravane. La femme semblait s'être fait trainée sur le sol avec une puissance incroyable avant de se faire percuter par la caravane.

Mon regard se porta sur Alba, surpris. Elle croisa mes yeux choqué, avant d'hausser les épaules et de continuer sa route comme si de rien n'était. Elle ignora tous les regards abasourdis qui se tournaient vers elle. Son énergie était détectable dans l'air.

C'est moi, ou par jalousie et colère, elle venait de me casser les doigts, tout en projetant la femme aguicheuse contre le véhicule, avec son énergie ? N'était-elle pas censée être faible ? Les émotions devaient être plus fortes que la faiblesse du corps...

Tandis que je me retournais pour suivre Alba qui tenait toujours ma main aux doigts cassés par elle, un ricanement me pris. Il se transforma rapidement en un réel rire. Ma main libre se posa sur mon visage tentant de camoufler le fou rire qui me prenait à l'instant, ce qui était vraiment rarissime chez moi.

Je n'y croyais pas. Mes émotions m'avaient surpassée et j'avais blessé Alba. Mais elle, elle avait carrément explosé et m'avais cassé les doigts ! Les cinq ! Bonjour la différence !

J'avais certes plus de contrôle qu'elle, de plus, elle redécouvrait son corps humain alors elle ne maîtrisait pas tout à cent pour cent. Mais quand même !

Alba se stoppa et se retourna pour m'observer, les sourcils froncés avec une moue contrite. Elle savait très bien pourquoi je riais. Je ne pus m'empêcher de m'esclaffer davantage en voyant l'expression qu'elle faisait.

C'était peut-être un surplus de stresse, de tension après toutes ces découvertes et toutes ces responsabilités qui semblaient peser sur moi, alors que je n'en connaissais pas la cause. Mais ce fou rire me fit un bien fou.

Mes doigts ne me faisaient même pas mal face à la situation actuelle. Je n'en avais que faire.

- T'as fini oui ? Me demanda Alba, le visage boudeur.

Mon fou rire se calma avant qu'un sourire se peigne sur mon visage d'habitude impassible.

- Non, et j'ai très mal tu sais, lui dis-je en montrant la main qu'elle tenait.

Ses yeux s'écarquillèrent quand elle vit les dégâts qu'elle avait faits.

- Oh mince, je...Je n'avais pas vu...

Mon sourire s'agrandit d'autant plus, les événements se répétaient.

Elle tenta de m'imiter et de les masser pour améliorer la guérison, mais un rictus douloureux me pris au visage. Mes lèvres s'étirèrent à nouveau quand elle se stoppa d'un coup, dès qu'elle sentit la douleur que je ressentais à travers mes émotions.

- Ca va guérir en moins de deux minutes, lui dis-je un sourire taquin peint sur le visage.

Elle me regarda en haussant le sourcil, avant de sourire et de tourner la tête de gauche à droite. Comme pour dire que j'étais irrécupérable.

En réalité, les os étant cassés, le processus de guérison allait être beaucoup plus long. Je ne saurais le mesurer, mais je supposais une bonne heure. Tandis que sa blessure à elle, était déjà pratiquement entièrement guérie.

Je repris la main d'Alba, avec celle encore valide, et repris mon chemin. Le cœur tout d'un coup plus léger. 


ALBANơi câu chuyện tồn tại. Hãy khám phá bây giờ