Chapitre 23 : Je t'ai enfin attrapé

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Shuai jeta un coup d'œil dehors. Les premières neiges venaient de commencer, il frotta sa chaussure contre le sol dehors, il risquait de glisser. Il décida qu'il passerait la nuit à la clinique.

Wu était assis en tailleur sur le lit, inspirait et expirait profondément tout en murmurant.

Shuai donna un léger coup de son index sur le front de Wu.

« Qu'est-ce que tu fais ? »

« Laisse-moi tranquille. Je médite » répondit Wu en attrapant le bras de Shuai.

Shuai vit un bleu sur le dos de la main de Wu. Bien que Wu n'eût pas mentionné d'évènement inhabituel, Shuai était certain qu'il avait été malmené de plus il s'était immédiatement mis à méditer une fois rentré. Mais il est préférable qu'il agisse ainsi. Cela prouvait qu'il était affecté, qu'il ne supportait plus d'être rabaissé. Il comprenait enfin que la façon dont il avait traité auparavant n'était pas acceptable.

« Je ne veux plus vendre dans la rue » dit Wu au bout de quelques minutes.

« Tu as honte ? Le fait de ne pas avoir de statut social te gène ? Ce n'est pas aussi gratifiant que ton précédent emploi ? » répondit Shuai en le regardant.

« Non » soupira Wu « J'ai calculé en une semaine, je me suis fait 160 euros. J'ai même acheté deux tricycles, deux marmites et trois louches. Honnêtement, ce n'est pas rentable. »

Bien sûr que ce n'est pas rentable au bout d'une semaine seulement ! Sans compter les deux incidents. Être vendeur ambulant à son lot de risques.

« Qu'est-ce que tu veux faire alors ? » demanda Shuai.

« Artiste de rue » lui répondit-il après un moment de réflexion.

Le visage de Shuai se crispa.

« Quand j'y réfléchis bien, vendeur demande un investissement, beaucoup de préparations et il y a trop de risques. Alors qu'un artiste dépend de ses talents, il suffit d'effectuer sa routine et puis les pièces vont pleuvoir. »

« Quel est ton talent ? » moqua Shuai.

« Ma tête d'acier ! »

« ... »

Un tunnel isolé était rempli de monde. Il y avait tellement de monde assistant à la performance de rue.

Une vieille radio avec le volume au maximum, on discernait à peine ce qui y était diffusé.

La chanson semblait toucher à sa fin et un énorme bang clôtura le show. Le bruit d'une brique cognée sur une tête.

« Génial ! »

La foule criait et applaudissait, quelques enfants choqués pleuraient.

Wu portait un masque, laissant seulement ces yeux paraitres. Ses yeux scrutaient les sorties du tunnel, il surveillait les alentours afin de ne pas avoir à croiser les policiers.

Il y avait beaucoup de débris de briques au sol. Wu avait réussi à rassembler un sac entier de briques et avait disposé devant lui une boîte en papier. A chaque fois qu'un spectateur y jetait une pièce, Wu le remerciait.

« Inutile de faire un tour dans le tunnel, il fait froid et il n'y a que des sans-abris là-bas » dit le chef à Chi Cheng.

Chi Cheng l'ignora et se dirigea droit vers le tunnel. Ils entendirent une musique provenant de celui-ci.

« Pourquoi est-ce si bruyant aujourd'hui ? » se demanda le chef perplexe.

Tous deux se mêlèrent à la foule, Chi Cheng était très grand, il pouvait donc voir sans difficulté. Le chef lui avait du mal à se faufiler devant et finit par demander à la personne devant lui.
« Qu'est-ce qui se passe ? »

« Y a un type qui a une tête en acier ! » répondit le spectateur avant de se tourne à nouveau.

Le chef se remémora le vendeur qui avait jeté sa marmite de soupe de riz et était parti en courant. Un sourire satisfait se dessina sur ses lèvres.

« Danser n'est plus à la mode, maintenant le truc c'est le tour de la tête d'acier ? Intéressant, j'en ai rencontré deux en une semaine... »

Les yeux vifs de Chi Cheng fixèrent le centre et il reconnut immédiatement cette paire d'yeux noirs brillants. Je t'ai enfin attrapé !

Le chef voulut crier pour disperser la foule mais Chi Cheng l'arrêta.

La performance arrivait à son point culminant, les spectateurs étaient euphoriques et les billets volaient à tout-va. Wu eut une montée d'adrénaline. Il n'avait même pas aperçu les deux agents de police dans la foule.

« Certains d'entre vous doutent surement de l'authenticité des briques, et si je laissais quelqu'un examiner les briques... » Ses yeux cherchèrent un volontaire. « Le chauve derrière, oui, toi ! Peux-tu vérifier que ce sont de vraies briques ? »

Wu pointa Chi Cheng qui se démarquait du reste.

Chi Cheng sourit et s'avança près de lui devant les yeux de tous les spectateurs.

« S'il te plait, jette un œil à cette brique, prouve-leur que ce n'en est pas une... »

Le mot 'fausse' n'était pas encore sorti de sa bouche, qu'il fut surpris et s'en alla en courant à travers la foule, brique à la main.

La dernière fois, il avait renversé de la soupe sur Chi Cheng et par chance il avait réussi à leur échapper. Cette fois-ci, Chi Cheng portait des vêtements confortables et il était chauve donc rien de gluant n'allait le gêner. Impossible qu'il lui échappe ! Il se mit à courir et rattrapa Wu par le col et le plaqua au sol.

Wu essaya d'éclater la brique contre son crâne espérant effrayer Chi Cheng. Malheureusement, le poing de ce dernier entra en contact avec la brique avant et la réduit en poussière.

Les lèvres de Wu se mirent à trembler violemment ainsi que tout son corps.

« Suis-moi » lui indiqua Chi Cheng avec son menton.

Counter attack (Traduction française)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant