Chapitre 184 : C'est la moindre des choses

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Après un long et sinistre silence, Chi Cheng s'adressa à lui, sa voix résonna comme une terrifiante malédiction prononcée au beau milieu de la nuit.

« Pourquoi tu n'entres pas ? »

Wu fixa le tas de preuves dans les mains de son amant avant de lui répondre doucement.

« Je n'ose pas. »

Le regard effrayant du jeune maître se posa sur le jeune homme.

« Car tu sais faire preuve de décence ? »

Wu ne répondit pas.

« Entre. » Insista-t-il fermement.

Avant même d'avoir mis un pied dans la pièce, Wu s'était déjà joué toute la scène et il était prêt.

Chi Cheng, le visage de marbre, fixa Wu calmement. Auparavant, il était persuadé de pouvoir deviner ce qui pouvait traverser son esprit, même lorsque celui-ci ne laissait rien paraître. Mais à présent, il réalisa que cela était condescendant de sa part et que ses capacités à comprendre et contrôler les autres n'étaient pas de taille face à Wu.

« Tu m'expliques ? » Demanda Chi Cheng en lui tendant les preuves. « Qu'est-ce que c'est ? »

Wu vit le journal dans lequel il avait détaillé son plan, différentes informations et les défauts de Chi Cheng. Il lui était déjà arrivé de réfléchir aux explications qu'il pourrait éventuellement donner s'il venait à être démasqué, malheureusement, il découvrit aujourd'hui qu'aucune n'était suffisamment crédible.

« N'as-tu pas compris rien qu'en voyant ceci ? » Dit Wu.

Soudainement, ses traits se tordirent, il donna un coup de pied dans le bureau et celui-ci fut propulsé, il saisit son amant et il se retrouva nez à nez avec le visage impassible du jeune homme.

« En voyant quoi ? » Gronda Chi Cheng. « Explique-moi ce que j'ai vu ! »

« La raison pour laquelle je suis à tes côtés. » Répondit le jeune homme.

« Tu es resté en contact avec elle durant ces deux dernières années ? Elle t'a manqué pendant ces deux années ? Tu veux te remettre avec elle ? »

L'évidente douleur dans ses yeux et les différentes humiliations que l'homme avait dû essuyer à force de le protéger, furent comme un pic de glace planté dans le cœur de Wu, il souffrait sévèrement.

« Oui, c'est vrai. » Admit Wu.

À cet instant, il fut pris d'un ardent désir de le tuer, il mourait d'envie de l'attraper et le réduire en pièces, puis de jeter ses restes dans une casserole d'eau chaude et l'observer crier de douleur, ensuite, il le dévorerait entier, sans en laisser une miette.

La haine lisible dans les yeux de Chi Cheng.

Mais lorsqu'il mit ses deux mains autour de son cou, un sentiment familier s'empara de lui, son cœur céda.

« Je me fiche de la raison pour laquelle tu m'as abordé. Dis-moi seulement une chose, m'as-tu au moins aimé un peu jusqu'à présent ? Même si ce n'est qu'une milliseconde, je veux savoir. Hoche la tête et j'oublierai tout. »

Le pic dans la poitrine de Wu glaça lentement son cœur.

« Jamais. La seule raison pour laquelle je me suis immiscé entre Yue Yue et toi, c'était pour me venger. Puis je suis resté à tes côtés afin de me servir de tes relations pour gagner de l'argent. Une fois satisfait, je comptais retourner auprès de Yue Yue, je veux me remettre avec elle. Je suis hétéro. Pourquoi est-ce que je passerai le reste de mes jours avec toi ? »

Chi Cheng avait l'air pitoyable et brisé, sa voix ne cessait de trembler.

« Tu as gagné, tu es libre, vas savourer ta victoire. Je m'incline humblement devant toi, tu as ruiné ma vie ! Ton plan était remarquable. J'accepte ma défaite, je l'ai mérité, je l'ai bien mérité ! »

« Ruiné... » Riposta Wu avec rage. « M'as-tu aimé ? C'est moi qui devrais te poser la question ! Jamais, tu n'as eu une once d'amour à mon égard. »

« Est-ce que je t'aime ? Oui... » Hocha Chi Cheng. « Même après que tu es passé la nuit chez un autre, je ne t'ai pas poignardé ; tu as maintenu cette relation ambiguë et je n'ai rien dit ; je m'en suis voulu tous les jours après t'avoir frappé, mais j'ai préféré te laisser prendre tes distances, car je ne voulais pas m'en prendre à toi... Et tu oses dire que je ne t'aime pas ? »

Le cœur de Wu se brisa. Chi Cheng posa ses mains sur les épaules du jeune homme et le fixa avec un air décidé.

« Penses-tu que je l'ai aimé plus que toi ? Ne t'es-tu jamais demandé pourquoi j'ai toujours été aussi indulgent envers toi ? Mes sentiments, ne t'ont-ils pas touché ? Je vais changer ! À partir de maintenant, je vais être tendre avec lui et le gâter autant que possible. Je ne veux plus jamais te revoir, tu es mort à mes yeux* ! »

Wu réalisa que l'homme était très sérieux et que jamais il ne reviendrait sur ses mots.

« J'ai élucidé le mystère de ces sept dernières années. Il ne s'est jamais rien passé entre Wang Shuo et Guo. Félicitations, tu es enfin débarrassé de cette ombre qui pèse depuis si longtemps, vous pouvez vous réconcilier l'esprit tranquille. »

Chi Cheng prit le disque et afficha un sourire amer.

« Je suis tellement heureux que j'en perds mes mots. Merci, Wu So Wei. Merci de m'avoir aidé, merci d'avoir découvert la vérité... »

« Il est préférable que nos chemins se séparent ici. »

Wu se tourna et Chi Cheng quitta la clinique. Lorsque le véhicule du jeune maître disparut, l'homme sortit et cria de toutes ses forces.

« Comment oses-tu dire que je ne t'ai jamais aimé ? »

Exténué, il s'agrippa à l'encadrement de la porte avec difficulté.

C'est la fin, c'est réellement fini.

Son cœur avait enfin trouvé la paix, mais il n'avait pas survécu.

Counter attack (Traduction française)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant