Chapitre 6 : Emprunter de l'argent à maman

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Wu était allongé sur le ventre pendant que s'égouttait son intraveineuse, il se tourna vers Shuai.

« Je n'ai jamais rien fait avec d'arrières pensées, tout ce que j'ai fait c'était pour lui faire plaisir. Pourquoi penses-tu qu'elle veuille rompre avec moi ? »

« Parce que tu es trop droit, elle voit à travers toi sans difficulté, c'est pourquoi elle pense que tu es ennuyeux. Tout le monde aime la compétition en amour, alors quand elle arrive à tout obtenir de toi, elle finit par ne plus être intéressée. Pourrais-tu regarder la même série encore et encore ; jouer au même jeu sans te lasser ? »

« Oui, j'ai regardé The Sword vingt fois. » (film hong kongais des années 80)

« Y a-t-il quelqu'un sur terre d'aussi honnête que toi ? » répondit Shuai honteux pour lui.

Wu grattait nerveuse l'arrière de son vieux téléphone.

« Et si une fois guéri je lui offrais quelque chose de super cher afin qu'elle réalise que je ne suis pas radin. Est-ce qu'elle voudra encore que l'on se sépare ? »

Shuai essaya de faire preuve de délicatesse.

« Si une personne ne t'aime pas, elle aura des milliers de raisons de ne pas le faire. Une fois que tu réussiras à lui prouver le contraire, elle trouvera une nouvelle raison de ne pas t'aimer. Tu mettras des années à la convaincre alors qu'elle n'aura besoin que de quelques secondes pour se forger une excuse. A la vitesse à laquelle tu t'appliques à résoudre tes problèmes, elle aura vite fait de se débarrasser de toi. »

« Ce n'est pas vrai » répondit-t-il entêté.

Shuai lui donna un coup violent à l'arrière du coup.

« Arrête de t'obstiner ! »

« Je suis un intellectuel, j'ai besoin de preuve de ce que tu avances. Sans aucune preuve c'est du baratin. Tu as lu trop de romans, tu t'imagines des choses. Les gens ne sont pas aussi compliqués que tu ne le penses. Les couples peuvent se séparer à cause de non-dits ou mauvaises interprétations, ça arrive souvent ! »

« Bien sûr ! » dit Shuai refusant de continuer à débattre. « Que dieu te bénisse ! »

Un mois s'écoula rapidement, les températures baissèrent et Wu avait complètement guéri. Il avait encore perdu cinq kilos. Il semblait en bonne forme, élégant et vif. Il passait toutes ces journées à discuter avec Shuai, il était de meilleure humeur.

« Cette fois-ci c'est la bonne. Tu ne remettras pas les pieds ici, n'est-ce pas ? » dit Shuai douteux.

« Je ne pense pas, j'en suis confiant cette fois. »

Shuai soupira. « Très bien, vas-t-en. Passe me voir de temps en temps quand même. »

Wu marcha d'un pas décidé hors de la clinique. Contrairement aux fois précédentes, il n'était pas aussi nerveux de revoir Yue Yue. Il ne l'avait pas contacté, il se dirigea chez lui.

Sa mère se trouvait assise près du poêle tricotant un pantalon pour son petit-fils, honnêtement, qui peux bien encore porter ces choses-là à notre époque ? C'est épais et difficile à laver. Mais elle insistait, elle trouvait que les vêtements vendus sur le marché n'étaient pas fiables. Cotton pure, pelotes éparpillés, tâches machinales, avec l'âge la vue s'amoindrit, elle arrivait à peine à faire passer la laine à travers l'aiguille.

« Laisse-moi t'aider. »

Les mains râpeuses de Wu tenaient fermement l'aiguille, il fixait la laine et le trou attentivement.

« Fils, tu as perdu beaucoup de poids » lui dit sa mère amèrement.

« Je suis un régime » dit-il en souriant.

« Tu es beaucoup trop maigre, ça te donne mauvaise mine. »

« Il n'est pas question de tes préférences mais de celles de ta belle-fille. »

« Quand est-ce qu'elle viendra me rendre visite ? »

Wu lui tendit à nouveau son tricot avant de lui répondre nonchalant.

« Bientôt. Elle est occupée en ce moment, elle a du mal à se libérer. »

Sa mère acquiesça et continua sa tâche.

Wu étudia sa mère qui remettait les morceaux de laine dans une vieille boîte à chaussures, incertain de la raison pour laquelle elle la gardait. Cela faisait dix ans qu'elle avait cette boîte, l'entreprise avait fermé maintenant mais la boîte semblait toujours en très bon état, sans aucunes dentures. Il se sentait triste, les mots restés au fond de sa gorge.

« Quelque chose te préoccupes ? » s'inquiéta-t-elle.

Wu ouvrit la bouche mais les mots refusaient d'en sortir, il lui était impossible de demander une telle chose.

Elle comprit immédiatement et se dirigea vers une armoire, en sortit deux couvertures et pris celle du dessous. Elle en déchira le coin, y révéla une pochette intérieure. Elle s'en saisit et sortit une liasse de 13 000 euros.

« Maman je te rembourserai un jour. » lui dit-il.

Sa mère secoua la main.

« On est une famille, pas de ça entre nous. »

Counter attack (Traduction française)Where stories live. Discover now