-Chapitre 37.

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Petite, quand je coiffais les longs cheveux bruns de ma poupée, je rêvais souvent au prince charmant. A l’homme qui ferait de moi sa princesse comme Papa l’avait fait avec Maman. Je lui faisais multiples coiffures et je lui mettais sa belle robe blanche. Je m’imaginais à sa place, moi aussi je voulais une robe blanche qui traine par terre et qui épouse chaque forme de mon corps, tel une déesse.

Pour moi le garçon parfait devait être beau, gentil, drôle et attentionnée. Il ne devait pas accomplir de mauvaises actions et il devait me rendre heureuse dans n’importe quel circonstances. Je voulais, comme les dessins animés l’inspiraient, vivre moi aussi mon conte de fée. Dans mes rêves, notre rencontre était tout à fait inattendue. Un cahier tombé par terre ou bien un carambolage par erreur. Nos regards se rencontraient alors et tout était plié, nous étions amoureux.

Mais à quel point peut-on être naïve ? A quel point la réalité peut-elle nous échapper ? J’ai vite déchanté, mes poupées ont été laissées au grenier et j’ai compris que le prince charmant n’était en réalité qu’une illusion qu’on donnait aux petites filles pour les empêcher de souffrir.

J’ai vu de mes propres yeux les larmes de plusieurs filles couler, et les sourires mauvais sur les lèvres des garçons. J’ai vu des baisers, des sourires, des câlins mais aussi des coups. J’ai entendus des rires comme des cris mais jamais l’idée ne m’était venue que ça tomberait un jour sur moi. J’avais tendance à laisser le bonheur me filer entre les doigts et à ne l’observer que de loin. Mais quand il est apparu dans cette salle et quand ses yeux se sont posés sur moi, j’ai compris.

J’ai compris que mon heure était venue. Ses iris reflétaient mon âme, je savais qu’il avait lu en moi. Qu’il avait compris mais surtout qu’il m’avait choisi. C’est comme prendre un coup de jus, ca fait mal mais la douleur est passagère et très vite c’est des milliers de frissons qui vous parcourent l’échine. Au creux de votre ventre tout en bas s’allume la flamme d’un espoir, et elle réchauffe. Votre sang est lancé à toute allure dans vos veines et c’est vos yeux qui s’ouvrent, à la rencontre de ce regard. Du regard qui va changer votre vie.

Mon prince était là en face de moi. Mais est ce qu’il le sera quand j’ouvrirais les yeux ? Quand je ferais face à mon destin, à la réalité ? Je ne sais pas et j’ai peur. Je l’ai longtemps considéré comme étant l’amour de ma vie, comme étant le seul à pouvoir me faire ressentir des choses dont j’ignore l’existence. Mais, ses secrets sont lourds et destructeurs. Je veux me protéger, je ne veux pas courir vers le néant, vers une chute qui nous entrainerait tout les deux. Non, ce que je veux c’est flotter, flotter a trois miles au dessus du ciel, sa main dans la mienne, ses lèvres sur les miennes.

Juste nous, c’est tout ce que j’ai toujours voulu. Il le sait, mais je ne crois pas qu’il l’ait réellement saisi. Je lui ai pardonné, pour beaucoup de choses j’ai essuyé ses larmes, je lui ai offert mon corps mais aussi mon cœur. C’était une évidence, il était le bon, il allait prendre soin de moi, mais la vérité brise les rêves les plus fous. Nous ne sommes plus des gamins, si nous voulons aller plus loin nous avons besoins de tout savoir l’un de l’autre... La véritable question est ;

Est-ce qu’il veut vraiment aller plus loin avec moi ?

Mes yeux s’ouvrent brusquement et la lumière de la pièce m’agresse la rétine. J’émets un grognement et m’assoie. Tout d’abord je ne distingue rien et je n’entends rien, mais peu à peu ma vue s’habitude et j’entends de nouveau.

J’entends le « bip » régulier d’une machine, le froissement d’un papier, le frottement d’une blouse et surtout j’entends cette voix ;

-Luna !

Je le vois se lever et venir vers moi, prendre mon visage dans ses mains et scruter mes yeux. Mais je ne bouge pas, je ne parle pas je me contente de le fixer. Ses yeux sondent mon âme, mais il ne peut pas. Cette fois, je l’ai fermée à double tour. Il ne pourra pas savoir ce qui se passe en moi et me mentir encore une fois. Cette fois il doit faire face, j’ai pardonné trop de fois.

Le défi de ma vie Où les histoires vivent. Découvrez maintenant