Le défi de ma vie

-Chapitre 30.

Il me regarde. Les yeux dans les yeux je vois toutes sortes d’expressions passer à travers les siens. Puis il descend ses yeux couleur chocolat sur mon corps, tel un scanner. Il observe attentivement mes courbes emprisonnées dans mon jean moulant et dans ma chemise blanche, il a un petit sourire de satisfaction en arrivant à ma poitrine voyant qu’elle a pris un peu plus de volume. Je claque des doigts sous son nez et il secoue la tête pour retrouver ses esprits.

-Ne voudrais-tu pas boire un verre avant? Je pense qu’un petit remontant devrais t’aider à supporter ce que je vais te dire.. Me demande-il.

Je ne sais pas quoi penser de son ton mystérieux et de ce qu’il va m’annoncer par la suite mais je suppose qu’il a raison, il me connaît très bien après tout, et puis un verre ce n’est qu’un verre pas vrai ? Je hoche la tête pour lui signifier mon accord et il nous verse un verre de vin. Il me tend ma coupe que je porte à mes lèvres avant d’avaler le liquide âpre. Il se tourne de nouveau vers le paysage, prends une grande inspiration avant de commencer ;

-Tu te souviens quand je t’ai emmené dans cette maison près de la plage ? Celle ou tu as chanté sur la plage et ou nous nous sommes embrassés pour la première fois ? Celle ou les oiseaux chantaient le matin et ou on pouvait entendre les vagues s’écraser sur le sable fin depuis la fenêtre de la chambre ou tu étais blottis dans mes bras ?

Immédiatement ma gorge devient sèche et mon corps entier s’embrase, bien sur que je m’en souviens. C’est l’un de mes plus beaux souvenirs avec lui, comment pourrais-je l’oublier ?

-Tu m’avais demandé de te raconter la vérité, je t’ai dit quelque chose, mais ce n’était pas la vérité. Je t’ai menti Luna et j’en suis sincèrement désolé..

Quelque chose se brise en moi et la tension palpable entre nous redescend d’un cran. Je suis blessée, parce que je l’ai cru. Même quand j’ai lu dans ses yeux la peur j’ai fait abstraction en pensant que je pouvais le croire sur parole.. Parce qu’il m’aimais, parce que nous nous aimions..

-Je t’ai dit que mes parents m’avaient envoyés en Caroline du Nord à cause de mon comportement avec mon frère mais ce n’est pas vrai. Ma mère est tombée enceinte oui, mais le père du bébé n’était pas mon père. Quand celui-ci a appris la vérité il est devenu fou et s’est mis à taper sur ma mère, et j’ai assisté au drame, j’ai vu ma mère et mon futur frère mourir devant moi. Les voisins alertés par le bruit on appelés la police, quand ils ont découvert ce qu’ils s’était passé ils ont embarqué mon père qui a ensuite fini en prison. Ma mère et mon frère ont été conduit à l’hôpital mais ils n’ont rien pu faire, au fond je savais qu’ils étaient déjà morts, qu’on ne pouvait plus rien faire pour eux. Après les services sociaux m’ont envoyés chez mon oncle pour qu’il s’occupe de moi..

-Tu veux dire que tu t’es accusé à la place de ton père ? Tu as menti pour protéger ton drame familial ? Je demande en me rapprochant de lui.

-Oui.. Je m’en voulais de ne pas être intervenu mais je savais que je ne pouvais rien contre mon père. Alors je t’ai dit que tout était de ma faute, car en quelque sorte c’est vrai..

J’attrape sa main et pose ma tête sur son épaule. Je sais que je devrais lui en vouloir pour m’avoir caché ça, mais d’un coté je le comprends. La culpabilité est une émotion forte alors on préfère remettre la faute sur nous quand on en parle aux autres, parce que c’est comme si on avouait la véritable vérité. Calum a vécu quelque chose d’horrible et ses blessures sont encore ouvertes, rien qu'à voir son regard perdu et ses mains qui tremble il va lui falloir du temps, beaucoup de temps.

-Ensuite j’ai inventé ce jeu, et je le sortais avec n’importe quelle fille voulant flirter avec moi. Je pensais qu’en l’amour je pouvais trouver celui que je n’ai pas eu par mes parents. Mais quand je t’ai rencontré tout a changer. Au début tu n’étais qu’un pion parmi les autres mais très vite j’ai vu la différence. J’ai vu que tu m’acceptais comme je suis, avec mes défauts et mes qualités, parfois un peu borné mais en vérité assez gentil. Avec toi j’oubliais qui j’étais, j’oubliais ce que j’ai perdu et surtout avec toi je voulais être quelqu’un de meilleur..