Butterfly | hs

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[musique en média]

Ma mère avait détruit pas mal de trucs dans ma vie. Jusqu'à même la détruire entièrement. Ma haine envers elle m'avait fait faire beaucoup de choses que je n'aurais jamais pensé. Quelque part, ça m'avait gardée vivante. Grâce à ça, j'ai pu m'en sortir seule, je me suis endurcie, j'ai créé quelque chose avec mon existence. Et aujourd'hui, j'allais en finir. Tout ce merdier, ce bordel qui n'a fait que m'enfoncer tout en me trainant partout où bon lui semblait. Ce soir était la fin de Roxanne Evas et de la débâcle de ma vie.

Soutenue par Calypso, je me suis aventurée jusqu'à la forêt. Nous avions rendez-vous devant le grand chêne. Celui où je l'avais vue pour la première fois, durant la course d'orientation. La nuit était noire et la faible lumière qui émanait de l'ampoule suspendue au-dessus de la porte d'entrée ne suffisait pas à éclairer mes pieds enfoncés dans la terre boueuse du jardin. La pelouse recommençait à se verdir. Après l'hiver glacé que nous avons subit, la brise printanière réchauffait l'atmosphère.

La rosée qui se créait sous mes chaussures rendait le sol glissant et mouillait les coussinets de Calypso. Ses yeux brillant dans l'obscurité de la nuit, me scrutaient avec inquiétude. Je ne savais à quoi m'attendre. Le silence ne faisait que m'angoisser encore plus. Nous avons cheminé prudemment jusqu'au point de rencontre. Visiblement, nous étions les premières. Pendant quelques minutes interminables, nous avons attendu. Les mains dans les poches de mon manteau, je martyrisais le tissu tout en tapant légèrement du pied. Ils me faisaient faux bond ?

Ma mère s'est enfin montrée. Toujours avec Hector, elle avait revêtu une robe de velours noire et une grande cape pour se protéger du froid nocturne. Ma tigresse s'est discrètement placée devant mes jambes et a sorti ses griffes, tranchant la terre molle. Une vague d'adrénaline a parcouru mon corps, me donnant un peu d'assurance. Nous nous regardions dans le blanc des yeux, sans dire un mot. Nos animaux étaient à l'affut, déterminés à s'attaquer l'un-l'autre.

Soudain, un souffle gelé s'est abattu contre ma nuque, puis un corps s'est posté dans mon dos, me faisant sursauter.

— Bonsoir, exquise créature, a susurré sournoisement Morgan.

Il s'est ensuite dégagé et est venu s'aligner à côté de Roxanne.

Je devais rester calme. Ne pas riposter aux provocations. Garder mon sang-froid et ne pas me laisser entrainer par ma haine.

J'ai dansé un instant sur mes pieds et ai glissé mes doigts dans la fourrure de Calypso. Ma mère et Morgan me fixaient de leur regard dédaigneux, un sourire narquois pendu à leurs lèvres.

— Alors, je suis venue, quel est le marché maintenant ? ai-je lancé durement.

Ils se sont échangés un coup d'oeil, Roxanne s'est avancée d'un pas vers moi avec Hector sur ses talons.

— Tu peux sagement obéir, nous rejoindre et partager tes capacités avec nous, dans ce cas, l'école et tous les élèves seront sains et saufs. Sinon...

Elle a laissé trainer sa phrase et a tenté de me déstabiliser en me tournant autour comme un vautour. Mais je n'ai rien laissé paraître et ai espéré de tout cœur qu'elle ne remarque pas l'absence de Styx pour en tirer profit.

— Tu refuses cette offre et tous tes camarades – ton petit-ami encombrant compris – seront tués. Et je prendrai possession de leur totem. Oh, et je suppose que je te réserverai un traitement de faveur, a-t-elle finalement sifflé en appuyant son regard sur son demi-frère.