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[musique en média]


Harry


    – le jour du meurtre


    Encore quelques coups et elle devrait céder. Une dernière fois, les pieds épais d'un des fauteuils de cette maudite pièce, ont percuté de plein fouet la porte fragile de la « salle sans nom ». Après un ultime craquement, de petites fissures ont serpenté sur le bois, la poignée s'est tordue et le verrou a sauté. J'ai jeté le siège au sol sans lui prêter plus d'attention et ai essuyé mon front avec la manche de ma chemise. J'avais bien mis plus d'une heure à détruire cette foutue porte. Mais me voilà enfin sorti d'affaire.


    J'ai enjambé les débris tout en inspectant les environs. Encore et toujours des couloirs vides. Il fallait désormais que je retrouve Gabriel avant que Morgan ne lui fasse trop de mal. Mais avec le temps que j'avais passé enfermé là-dedans, il avait été capable de tout. J'ai commencé mes recherches dans les pièces communes : le réfectoire, la bibliothèque, les salles de classe, mais rien. J'étais descendu dans le hall, étais remonté dans le laboratoire d'astronomie et avais même inspecté le sous-sol qu'aucun professeur ne connaissait. J'allais bientôt baisser les bras quand j'ai vu, avant le secteur des dortoirs, Mme Daze – notre professeure de biologie – gravir les escaliers menant au quatrième étage. Il était strictement interdit aux élèves. Il s'agissait des espaces privés des enseignants qui désiraient séjourner à l'université durant l'année. Aucun d'entre nous n'avait osé y mettre les pieds. Pour nous, c'était la faute la plus grave et la plus sanctionnée que nous pouvions faire. Et j'allais être le premier à prendre le risque. Je n'avais plus le choix ; mon aigle était forcément en haut de ces marches, emprisonné dans une chambre.


    Reprenant mon souffle, je me suis aventuré dans les escaliers inviolés après m'être assuré que personne ne m'avait vu. À pas de loup, j'ai atteint le sommet, débouchant sur un couloir anodin. Bizarrement, j'étais déçu. Je m'étais imaginé tellement de choses que découvrir que cet étage n'avait rien de différent avec le nôtre, me laissait sur ma faim. Comme si, pour son anniversaire, un petit garçon rêvait d'un camion de pompier flambant neuf et qu'à la place il ne recevait qu'une vieille paire de chaussettes dépareillées.


    J'ai continué mon exploration. Je suis passé devant plusieurs pièces closes et suis tombé devant une porte entrouverte. Des rires, de la musique, des fragments de discussions et une épaisse fumée de cigarette s'en échappaient. J'ai jeté un coup d'oeil et n'ai pas aperçu Morgan – seulement trois ou quatre professeurs qui décompressaient dans leur salle de jeux à eux. Je ne croisais que des portes fermées, plongées dans l'ombre de la nuit et silencieuses. Si Gabriel se trouvait derrière l'une d'elles, il faudrait alors que je les ouvre toutes en risquant de me faire prendre à tout moment. Je me suis caché dans un coin, au fond du couloir, et j'ai réfléchi longuement. Aucune conclusion n'est ressortie. Je n'avais pas d'idée, pas de solution. Les minutes défilaient et de plus en plus, la musique lointaine s'évaporait. Je supposais que c'était l'heure du couché. Je me suis remis debout et ai fait mine de revenir sur mes pas avant de me stopper et de rapidement me fondre contre le mur. Mr Greem et Morgan approchaient, en pleine conversation. Conversation animée malgré le ton bas employé.


— As-tu perdu la tête ? Tu n'as pas le droit de faire ça, pas dans cet établissement ! a grondé mon professeur.


— Il aurait faussé nos plans. Il ne nous causera que des ennuis.


    Morgan semblait complètement désintéressé. Il haussait négligemment des épaules en caressant sa chauve-souris. Mon sang a recommencé à bouillonner, j'allais lui exploser la tête contre ce foutu mur.


Butterfly | hsΌπου ζουν οι ιστορίες. Ανακάλυψε τώρα