Butterfly | hs

26

[musique en média]

Miyu

    Les trois semaines de la mise à pied d'Harry étaient terminées. Les jours suivants notre dispute, il avait tenté en vain de me reparler. Il m'harcelait de messages et d'appels, et parfois me retrouvait dans les salles de bains – après ma course –, mais je l'ignorais royalement et le laissais argumenter seul. Il fallait à tout prix que je m'éloigne de lui. Louis et Niall avaient dû comprendre qu'il se passait quelque chose car ils restaient silencieux en ma présence ; nous devenions également de moins en moins proches. Bientôt, je ne fréquentais que Catalina. Nous restions ensemble durant les heures de cours mais lors des repas – qu'elle passait avec les deux garçons – nous ne nous voyions pas. Et c'était mon choix. Je leur disais à chaque fois que je couvais peut-être quelque chose et que je devais aller me coucher tôt, ou bien que j'avais une tonne de devoirs à faire et des leçons à retravailler que je n'avais pas comprises. La rousse me proposait alors de m'aider, seulement, je déclinais immédiatement, assez crument, et elle ne s'imposait pas plus. Désormais, j'étais solitaire, évitant le plus possible le contact avec autrui.

    Aujourd'hui, Harry allait revenir à l'université. Je ne savais pas comment il allait se débrouiller pour ne pas se faire attraper puisqu'en réalité, il était déjà dans le manoir.

    Il y avait pas mal de monde dans le réfectoire. La plupart des étudiants était ravie que la période hivernale prenne bientôt fin, la neige avait presque totalement fondu et le soleil commençait à se faire moins timide. Je m'étais levée un peu plus tôt pour pouvoir éviter l'horaire auquel Catalina venait déjeuner. J'ai fini rapidement mon thé, ai avalé ma dernière bouchée d'oeufs brouillés et me suis mise debout. Calypso a reflété mes actions et juste à l'instant où mon amie a franchi les grandes portes en bois de la salle, je me suis éclipsée dans le couloir pour trottiner jusqu'à la salle de bains.

    Mais, prise dans ma précipitation, j'ai heurté un torse. J'ai doucement redressé le menton et me suis maudite lorsque le sourire mesquin de Matt est apparu. Je me suis vite reculée en lui lançant mon regard le plus sanglant.

— Fais attention où tu vas, ma jolie, a-t-il persiflé en esquissant une caresse sur ma joue.

— Lai...

— Ne la touche surtout pas, a grondé une voix familière derrière moi.

    Harry est arrivé à mes côtés, a défié le grand brun puis s'est intéressé à moi en me couvant d'un regard inquiet.

— Ça va ? m'a-t-il demandé.

— Je me débrouille très bien sans toi, ai-je craché en remettant Styx dans ma nuque.

— Miyu...

— Ouuuh, Styles ! On se fait botter les fesses par sa nana ? a ricané Matt.

— Je ne suis pas sa « nana », et tu ferais bien de la fermer avant que je t'aplatisse la figure contre le sol, lui ai-je lancé.

— Oh. Je vois. Alors comme ça on se ramollit, Styles ? Et je parle pas seulement du mental... a-t-il rajouté en s'adressant au bouclé qui ne m'avait pas lâchée du regard.

— Matt, je te jure que si tu ne la fermes pas je ne vais pas me retenir, et je ne vais pas uniquement t'offrir un œil au beurre noir cette fois.