Butterfly | hs

25

[musique en média]

Harry

    Je suis sorti de ma douche tranquillement et me suis préparé en prenant mon temps – de toute façon, je n'avais plus de quoi me presser. Gabriel me regardait attentivement, agrippé au rebord du lavabo en céramique. La buée avait recouvert le grand miroir mural, j'ai donc passé ma main dessus pour créer une petite parcelle de visibilité afin que je coiffe un minimum mes cheveux. Et alors que je resserrais un peu plus ma ceinture, j'ai entendu du bruit de l'autre côté du mur. J'ai laissé mes affaires dans la salle de bains et me suis dirigé en direction du son.

    La pièce était immergée dans un nuage de vapeur. Une agréable odeur chaude a pris possession de mes narines. Je ne la connaissais que trop bien. Lait de coco. Mais qu'est-ce qu'elle pouvait bien faire ici à cette heure ? Je la voyais se débattre avec la fermeture de sa trousse de toilette alors qu'elle n'était vêtue que d'une serviette blanche. Mais je distinguais tout de même de fines brettelles vert sapin qui dépassaient du coton épais. Enfin, elle a réussi à l'ouvrir et a sorti un pot de crème qu'elle a posé à côté de son papillon. Ce dernier a doucement battu des ailes et, pour mon plus grand bonheur, s'est précipité vers moi. Il s'est blotti dans le creux de mon épaule alors que je caressais doucement ses antennes. Calypso a feulé faiblement et Miyu s'est enfin décidée à me porter de l'attention. Ses cheveux mouillés et ramenés derrière ses oreilles ne la rendaient que plus attirante.

— Harry ? Mais... Qu'est-ce... a-t-elle bafouillé en faisant un pas.

    Je lui ai souri. Trop narquoisement sans doute car ses sourcils se sont soudain froncés et sa mine a pris une tournure colérique. Elle a foncé sur moi, si bien que sa serviette a glissé au sol, mais ça n'avait pas l'air de la préoccuper. Personnellement, ça ne me dérangeait pas le moins du monde. Quand elle est arrivée à une infime distance de moi, elle s'est stoppée, m'a fusillé du regard en serrant ses poings qu'elle a finalement abattus successivement sur mon torse. Elle avait de la force, si elle continuait comme ça, elle pourrait me faire définitivement mal.

— Espèce de... Je te déteste ! Tu étais là depuis le début ? Salaud ! a-t-elle hurlé en se défoulant sur ma poitrine.

    Elle continuait encore et encore sans me regarder. Sa voix tremblait, ses cris étaient étranglés alors qu'elle abattait un peu plus ses mains sur moi. Mais je sentais ses forces s'amoindrir. Bientôt, elle ne donnait que de légers coups saccadés. Du coin de l'oeil j'ai lorgné Calypso qui observait sa maitresse avec surprise. Je lui ai souri tendrement. Miyu a finalement cessé de s'en prendre à moi et a laissé tomber son front contre mon torse. Sa respiration était forte, quelques mèches de ses cheveux humides lui cachaient le visage.

— Liam me manque. Mon père me manque. Harry... a-t-elle murmuré.

    Elle a relevé ses yeux pour les plonger dans les miens et s'est un peu plus collée contre moi.

— J'en ai marre de tout ça. Je n'en peux plus, je veux partir d'ici. Il faut que...

    Je l'ai coupée brusquement, en faisant la seule chose que je pensais qui pouvait lui faire oublier tous ses problèmes pendant quelques instants : je l'ai embrassée. Intensément, passionnément, amoureusement. J'ai enroulé mes bras autour de sa taille froide et nue et l'ai tirée pour la sentir entièrement. D'abord étourdie, elle a ensuite répondu énergiquement à mon baiser. Peut-être un peu trop. Ses mains commençaient à se glisser sous mon tee-shirt, à défaire la boucle de ma ceinture et finissaient dans mes cheveux pour refaire ce circuit plusieurs fois.