27

694 57 9
                                    

[musique en média]


   J'avais terriblement chaud. Pourtant je me trouvais dehors, en pleine nature, la neige recouvrait les branches des arbres et les prairies environnantes. Cependant, petit à petit, à mes pieds, les flocons ont fondu, très rapidement. Un grand cercle de verdure s'est immiscé autour de moi. J'ai inspecté de plus près les particules responsables de cette réaction : des petites flammes dévoraient quelque chose qui se consumait trop vite pour que je puisse apercevoir de quoi il s'agissait. Je me suis redressée et, par reflex, ai passé ma main dans ma nuque. Styx n'y était pas. Complètement paniquée, j'ai observé les lieux mais c'était comme si mes pieds étaient pris dans des sables mouvants, je n'arrivais pas à bouger. Je me suis rendue compte immédiatement que Calypso non plus ne m'accompagnait pas. J'ai hurlé leur nom, usant toute mon énergie. Mais aucun son ne sortait la barrière de mes lèvres. La force que je mettais à crier me brulait la gorge, seulement, rien n'y faisait ; j'étais muette. À bout de force, j'ai levé le menton en l'air. De petits morceaux de papier virevoltaient dans le vent et venaient s'échouer sur le sol. J'ai tendu la main pour en attraper un mais à peine l'ai-je effleuré qu'une brulure s'est faite ressentir à la surface de ma peau. J'ai sifflé de douleur et l'ai laissé tomber. Il s'est mis à bruler tout seul, emportant avec lui ses secrets. Bizarrement, d'autres s'étaient mis à pleuvoir. Certains étaient pliés et d'autres, bien ouverts, renfermaient un seul et même mot, similaire sur chacun des morceaux : dangereuse.


    Qu'est-ce que cela signifiait ? Qui m'envoyait ces messages ? M'étaient-ils bien destinés ? Soudain, une lourde détonation a retenti. Je me suis instinctivement recroquevillée sur moi-même en cachant ma tête entre mes mains. Ce bruit avait fait remonter une peur tordante dans mon esprit. Tout est redevenu calme, j'ai doucement ouvert les yeux. Un courant électrique glaçant a parcouru mon corps entier. Où étais-je ?


    M'entourant, des étudiants me montraient mesquinement du doigt. Leur sourire froid et leur regard vénéneux m'ont angoissée de plus belle. Je reconnaissais Matt et Ethan entre eux, ils y avaient également quelques personnes de ma classe. Ils riaient odieusement. Ma tête s'est mise à tourner – ou était-ce ce cercle de personnes ? Bientôt, les étudiants ont été remplacés par Mr Wolf, Morgan, Mr Greem, ma mère et d'autres professeurs cachés dans l'ombre. Agenouillés devant eux, les cheveux durement tirés à l'arrière, mes amis m'observaient avec souffrance. Morgan détenait Catalina tandis que Greem et Wolf s'occupaient de Niall et Louis. Et enfin, ma mère, plus fière que jamais, s'attelait à torturer Harry en enfermant ses cheveux, devenus longs, dans son poing et en l'obligeant à redresser le visage. Tous comptaient sur moi pour les libérer de cette affliction mais je ne pouvais rien faire. Je me suis remise à crier, mais comme précédemment, seul un souffle désespéré à traversé mes lèvres. Je sentais mes yeux s'humidifier alors que je tentais de faire un mouvement, en vain. J'étais clouée sur place, destinée à regarder mes amis souffrir. J'ai vu leurs yeux se remplir de déception à mon égard, et ça m'a brisé le cœur – encore bien plus qu'il ne l'était déjà.


    Pourquoi me faisaient-ils ça ? S'ils me voulaient moi, pourquoi ne me prenaient-ils pas au lieu de s'attaquer à mes proches ? Tout ce qui leur importait était donc de m'atteindre intérieurement ? Car si leur but était de me détruire sans me toucher, ils avaient réussi. Avec brio. Et comme pour abattre le peu d'espoir qu'il me restait, le corps de Liam, inchangé depuis le jour de sa mort, est apparu devant moi. Son tee-shirt ensanglanté portait encore les marques de mes mains et Echo était toujours allongée sur son torse immobile. Les larmes coulaient librement désormais. Plus besoin de cacher ma faiblesse et mon incapacité – ils avaient déjà gagné.


    En inspectant un peu mieux mon environnement, malgré mon manque de rationalisme dû à tout ce chaos, j'ai remarqué qu'aucun d'entre eux – que ce soit au niveau des professeurs ou de mes amis – n'avait son animal. Mais finalement, je les ai vite repérés, agglutinés à l'orée de la forêt. Ils étaient plus nombreux, des centaines à bien y regarder. Calypso étaient en tête, Gabriel la secondait en se perchant sur ses omoplates, tandis que Styx volait haut dans le ciel, loin au-dessus d'eux. Leurs yeux étaient vides de conscience, leurs crocs, griffes et serres étaient sortis ; ils étaient prêts à attaquer.


Butterfly | hsWhere stories live. Discover now