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    Des fajitas, des poivrons, du guacamole, des burritos, des chips, des enchiladas. Encore une fois, ma mère en avait fait deux fois trop. Sam et elle jonglaient avec les ingrédients afin que nous puissions passer à table à une heure convenable, or, il n'était que dix neuf heures. Mes parents avaient été ravis de rencontrer Thalia, cette dernière avait été terriblement gênée de perturber leur quotidien mais, immédiatement, Marty s'était occupé d'elle et ma mère l'avait invitée chaleureusement au salon pour qu'elle poursuive son monstrueux bouquin dans le calme.


    Je n'avais toujours pas réveillé Miyu ; je ne savais d'ailleurs pas si elle l'était déjà. Cela faisait tout de même plus de deux heures qu'elle n'avait pas mis les pieds hors de la chambre de Louis. Voyant que le repas serait bientôt prêt, j'ai grimpé silencieusement les marches et me suis posté devant sa porte. J'attendais quelque chose, je ne savais quoi. J'ai levé le poing, ai lancé un coup d'oeil oblique à mon aigle et me suis re-concentré sur le bois devant moi. Et alors que je m'apprêtais à toquer, la porte s'est ouverte en coup de vent, me dévoilant Miyu, de petits yeux, les cheveux ébouriffés mais toujours une mine renfrognée.


— Nous allons passer à table.


    Calypso est sortie à toute vitesse de la pièce, a dévalé les escaliers et c'est lorsque les couinements joyeux de ma mère sont parvenus à mes oreilles que j'ai compris que la tigresse était désormais dans la cuisine, savourant de généreux morceaux de bœufs venant d'être cuits.


— Ma mère a fait mexicain, elle espère que tu aimes l'épicé.


— Ayma pourrait faire n'importe quoi, je le mangerais, a bougonné Miyu avant de me donner un coup d'épaule pour passer.


    Mes lèvres se sont retroussées en un petit sourire tandis que la brune rejoignait mes parents au rez-de-chaussée. Ma mère embrassait encore notre invitée sur les deux joues quand je suis arrivé. Elle affichait un visage rayonnant – l'opposé auquel j'ai été confronté quelques secondes plus tôt – et se montrait d'une bonne humeur extraordinaire. Cependant, dès lors qu'elle m'a aperçu dans l'embrasure de la porte, son sourire s'est envolé et, me contournant pour s'installer près de sa sœur, m'a jeté un regard de mépris – ce qui m'a fait doucement ricaner. Ce qu'elle pouvait exagérer la situation.


    Sam nous a appelés pour le repas aux environs de vingt heures. La table débordait de plats alléchants. Ma mère a d'abord servi les filles, avant de passer à mon assiette puis à celle de son mari et s'est enfin décidée à s'asseoir pour profiter du diner. Elle me posait beaucoup de questions sur notre venue : j'ai simplement inventé que nous étions allés récupérer Thalia en centre-ville car elle allait rester quelques jours à l'université. Ma mère a gobé ce terrible mensonge, mais ce n'était que bénéfique pour nous ; elle n'allait pas plus en demander.


    Repus, nous avons débarrassé, rangé la cuisine, fait la vaisselle. Mes parents se sont dirigés vers le canapé pour se relaxer – comme ils le font chaque soir, en buvant un thé à la menthe. Les filles sont montées dans la salle de bains pendant trente minutes, sont redescendues pour nous souhaiter une bonne nuit puis se sont enfermées dans la chambre de Louis. Miyu ne m'avait pas adressé la parole de toute la soirée, elle m'avait même complètement ignoré. Je peinais à croire les paroles de sa sœur qui m'affirmait qu'elle n'était pas si têtue qu'elle en avait l'air.


    Je suis à mon tour entré dans la salle de bains pour me rincer le visage et me laver les dents. Gabriel était déjà cramponné à son perchoir, les paupières lourdes et la tête recroquevillée dans son cou plumé. Je me suis débarrassé de mes vêtements, gardant seulement mon boxer et me suis enfoui sous ma couette. J'ai éteins mon téléphone, l'ai posé sur ma table de nuit et ai roulé sur le dos. J'ai croisé mes doigts sur mon ventre, ai fermé les yeux en patientant pour que la fatigue m'englobe.


Butterfly | hsWhere stories live. Discover now