Le cœur et la raison

Chapitre 1: Un jour comme les autres...

Je me regarde dans le miroir, espérant que cette journée se finisse alors qu'elle n'a même pas commencé. Ca fait peu de temps que je suis levée, mais je n'ai déjà qu'une seule envie, retrouvée mon lit. Quand je pense à ce qu'il m'attend, comment pourrait-il en être autrement ? Ce n'est qu'une journée comme les autres après tout. Je sais déjà qu'une fois que je serais en bas des escaliers, ma mère va me regarder comme si j'étais la meilleure au monde, que j'étais parfaitement comme elle se persuade d'y croire. Qui sait ? Peut-être qu'à force de se voiler la face, ça finira par devenir la vérité.

Je soupire en regardant ma tenue finale. J'adore la mode mais je n'ai plus l'impression de m'habiller pour moi depuis longtemps. À force de choisir pour satisfaire les autres, même si ses tenues me plaisent au départ, je n'arrive plus à trouver un intérêt à prendre tant de temps à m'habiller le matin. Et même dans tout ça, dans l'effort constant que je dois faire  pour les autres, je m'habille quand même simple un minimum, n'aimant pas vraiment les choses trop extravagantes. Pour aujourd'hui j'ai choisi un débardeur blanc avec un jean bleu marine, des bottines noires aux talons de 10 cm et une veste de tailleur noire également. Mes cheveux sont attachés en une queue de cheval haute qui laisse tomber mes boucles brunes jusqu'en bas de mon dos. Quant à mon maquillage, du fond de teint avec du mascara et un rouge à lèvre rouge sang. Je me jette un dernier regard dans la glace, tout semble parfait.

J'attrape mon sac en sortant de ma salle de bain qui est dans ma chambre et descends. Comme tous les matins, en m'entendant arriver, ma mère vient prendre place en bas des escaliers et me détaillant d'un œil minutieux pour voir si je suis "parfaite". Un sourire finit par s'épanouir sur son visage comme ça lui plait.

- Parfait ma fille, comme toujours.

Je lui sourire faussement pour lui faire croire que ça me fait plaisir. Je n'arrive pas à croire que ma mère soit devenue comme ça, s'attachant au moindre détail d'une apparence comme si ça pouvait changer nos vies, comme si ça pouvait changer les choses et le faire revenir. Sauf qu'il ne reviendra jamais. Il ne veut plus de nous et nous ne pouvons rien y faire. C'est ça la vie. Ma vie depuis deux ans.

Ma soeur apparaît dans le couloir en sortant de la cuisine, un grand sourire aux lèvres en me voyant. J'ai à peine le temps de finir de descendre les escaliers qu'elle se retrouve dans mes bras. Je la serre contre moi, heureuse de la prendre dans mes bras. Au moins ma mère lui fout la paix à elle. Elle ne l'oblige pas à être parfait comme moi.

- Katrina voyons ! Tu vas salir les vêtements de ta soeur ou les froissés.

- Ne t'inquiète pas mère, tout va bien. Je suis toujours aussi parfaite.

Je n'aime pas ses mots dans ma bouche. Mais c'est le seul moyen pour qu'elle nous laisse tranquille. Le fait de devoir l'appeler mère aussi. Ça n'était pas comme ça avant. Mais je ne peux pas revenir en arrière. On ne peut pas remonter le temps comme on voudrait.

- Il faut que tu y ailles Elisya, sinon tu vas être en retard.

Je hoche la tête et serre une dernière fois ma soeur contre moi avant de la lâcher. Il faut encore que je prenne le bus et si je ne pars pas maintenant, je vais le louper. Je dépose un baiser sur la joue à ma soeur et me dirige vers la porte.

- A ce soir, je lance avant de partir sans attendre de réponse. Je n'en veux pas.

Une fois sortie de la maison, je sors mes écouteurs et mon téléphone. Je mets ma musique, ne rêvant que t'ignorer le monde extérieur. Il ne me manque plus que le carnet en cuir rouge sang qui m'attend dans mon sac et tout sera parfait, même si je n'aime pas ce mot. Rien n'est jamais parfait, même quand ça semble l'être.