Le cœur et la raison

Chapitre 16 : Avec lui

Ma tête ne me fait pas aussi mal qu'elle le devrait après tout l'alcool que j'ai bu hier soir. Je suppose que c'est dû aux nombreuses cuites que je me suis prise par le passé. Pour l'instant j'ai juste besoin d'une aspirine et d'une cigarette, sans oublier un bon verre de jus d'orange. Ash est toujours blotti contre moi, dormant profondément. Je jette un coup d'œil à mon réveil et vois qu'il est déjà 10h21. Ça fait du bien de dormir pour une fois, mais là j'ai besoin de me lever et je sais que Ash a besoin de dormir encore. Il faut dire qu'on a fait pas mal de nuit blanche depuis la nouvelle année. Je me dégage donc doucement de lui et sors du lit sans faire du bruit. Je reste vêtue de son t-shirt et descends dans la cuisine dans le silence pour ne pas le réveiller, prenant mon paquet de cigarettes au passage. Je me serre un grand verre de jus d'orange et prends un cachet d'aspirine dans un des placards de la cuisine, là où est rangée la boîte. J'attrape un plaid épais dans le salon et me rends sur la terrasse. Je m'installe sur une des chaises longues et pose le plaid sur moi. Il ne faut pas oublier qu'on est en hiver quand même et je n'ai pas envie d'être mal à quelques jours de mon anniversaire. Je prends l'aspirine avec une gorgée de jus d'orange avant d'allumer ma cigarette.

J'ai dû mal à croire que ça fait trois ans. Ça me semble tellement plus et tellement moins à la fois. C'était tellement douloureux hier quand il s'est écoulé une année de plus. Et dans tout ça, il y avait Ash Je ne pensais pas me retrouver prêt de lui dans ce moment. C'est que maintenant que je me rends compte que c'était exactement de lui que j'avais besoin hier. Il a quand même fallu deux bouteilles et une promenade sans but pour m'en rendre compte. Je remercie mon cerveau embrumé par l'alcool de s'en être aperçu quand je n'étais pas capable de le voir moi même. Pourtant, dans tout ça, je me demande comment je peux autant avoir besoin de cet homme que je ne connais pas tant que ça. Ash est apparu dans ma vie, venant de nul et me parlant comme personne ne l'a jamais fait. Il m'a énervé mais dans tout ça, malgré que je ne connaisse même pas son prénom, j'ai éprouvé du désir sur lui alors que je pose juste mes yeux sur lui. Je ne comprends pas ce qui se passe entre nous, je sais juste que ce n'est pas une bonne idée. Mais je n'arrive pas à rester loin de lui, comme j'aurai dû le faire hier alors que j'étais au plus mal et que je n'aurai jamais dû lui permettre de me voir dans cet état.

- Tu réfléchis toujours autant le matin quand tu viens juste de te lever ? Parce que ça fait déjà deux fois bébé et en plus tu t'es pris une sacré cuite hier.

Je me tourne en entendant la voix de Ash. Il se tient derrière moi, simplement vêtu d'un caleçon et je ne peux m'empêcher de penser qu'il doit avoir sacrément froid. Nous sommes en hiver après tout. Même s'il fait plutôt bon ici, il fait trop froid pour se balader sans vêtements. Même s'il est vrai que je suis peut-être mal placer pour parler quand on sait que je ne porte que son t-shirt. Je me décale sur la chaise longue et soulève la couette pour lui faire de la place. Un sourire aux lèvres, il me rejoint et se glisse avec moi sous la couverture. Il se blottit contre moi et je fais de même. Puis il allume une cigarette qu'il prend dans mon paquet. On reste un moment silencieux avant que je finisse par répondre.

- Ce n'est pas aussi terrible que ça en a l'air Ash. Réfléchir quand on vient de se réveiller est sûrement mieux que plus tard dans la journée.

- Et parfois c'est beaucoup mieux de ne rien penser du tout. Ça fait du bien d'avoir l'esprit vide en regardant ce qui se passe autour.

- Qui pourrait croire que tu es aussi poétique dès le matin Ash.

- Je n'ai rien d'un poète bébé, alors ne te fais pas de fausses idées.

- Je ne risque pas.

Le silence retombe et je me rends compte que je suis vraiment bien comme ça. Je ne devrais pas, sauf que je ne veux pas y penser pour l'instant. C'était vraiment dur hier et je n'ai pas envie de dire à Ash de partir. J'ai besoin de lui, même si je ne l'avouerai jamais à voix haute. Et surtout pas à lui. Qui aurais pu croire que j'aurai besoin de lui ? Surtout pas moi. Je n'ai besoin de personne dans ma vie.