«Un nouveau monde»

« chapitre quarante »

La détonation résonne. Le temps se relance mais continue de défiler au ralentit. Tout se passe pourtant si vite. Riley regarde Daryl qui se trouve devant elle au moment du tir et, sans réfléchir, elle passe devant lui. Faisant face à la blonde, la balle traverse alors son flan gauche avant d'aller effleurer la cuisse du chasseur. Riley retombe dans ses bras. Daryl la rattrape de justesse avant qu'elle ne s'écroule par terre. Rayan se crispe, le corps entièrement tendu et contracté. Puis d'un coup, il saisit l'arme à feu de l'ancien shérif à sa ceinture, prenant Emily en joue.

«-Rayan, non ! Tente d'intervenir Rick. »

Rayan tire tout de même. Mais au même moment, Rick le pousse, la balle part tout de même et va se loger dans l'épaule de la femme qui, hurlant de douleur, tombe face contre terre, tenant fermement son épaule ensanglantée. Rayan se relève, jette l'arme de Rick au sol et cours vers le couple. Daryl caresse la joue de Riley qui a peu à peu du mal à respirer, tentant vainement de la rassurer.

«-Respire doucement, lui conseille son frère, faut pas paniquer. C'est qu'une égratignure, c'est qu'une égratignure Répète-t-il, les yeux totalement embrumés. »

Mais rien à faire, sa respiration est sifflante et elle semble peiner à garder les yeux ouverts. Daryl se relève alors, ne pensant même pas à sa propre douleur. Il la blottit contre lui et le groupe le suit alors qu'il regagne la hall d'entrée au plus vite. Seul Rick va voir Emily.

«-Lève toi, lui ordonne-t-il froidement. »

Elle se redresse difficilement, gémissant de douleur. Il la pousse pour qu'elle aille plus vite et ils rejoignent les autres. Une fois en bas, Daryl dépose Riley sur l'un des canapés alors que les filles débarquent, affolées.

«-Mon dieu, qu'est-ce qui s'est passé ? Panique aussitôt Beth en découvrant sa soeur.
-Emily lui a tiré d'ssus, répond le chasseur sans lâcher Riley des yeux. »

Sans vraiment réfléchir, Beth se tourne vers l'auteur de cet acte qui descend d'ailleurs difficilement les marches. Elle se saisit de son arme qui est à sa cuisse et lui tire une balle en pleine tête, la faisant retomber brutalement et dégringoler le reste des escaliers, raide morte. Tout le groupe reste stupéfait. Mais personne ne dit rien. N'ayant aucun remord, Beth range son arme et redonne toute son attention à Riley.

«-Bien joué, poupée, tente de ricaner Riley alors qu'une vilaine grimace fend son visage humide.
-Bon, repend la blonde plus sérieusement, on a de la chance, la balle est ressortie, le sang est foncé, la balle n'a pas touché d'artère ou d'organe vital. Carol, tu peux la sauver, n'est-ce pas ?
-Bien-sûr, répond la doyenne, remontant ses manches, désinfectant ses mains grâce à un alccol à 90 degrés. Il me faut des serviettes, des compresses, du fil et une aiguille et si possible un pansement, ou un bandage, énumère la femme en s'installant sur le tabouret ramené par Romain.
-La... Sale... Pute, marmonne difficilement la brune.
-Ne parle pas Riley, il faut que tu garde tes forces, répond Carol en caressant son front et ses cheveux.
-J'ai plus... D'forces. Elles m'ont lâché...
-Dit pas ça, c'est faux. Tu es la personne la plus forte que je connaisse. La plus loyale, la plus droite...
-Arrête de dire ça Carol... Tu dis ça comme si j'allais crever.
-Je dois être franche. Je sais pas si je vais réussir à te sauver, j'ai jamais fait ça. Mais je te promets que je vais faire mon possible, seulement, il va falloir que tu m'aides, il va falloir que mentalement, tu sois forte. D'accord ?
-...
-Riley ? Dépêchez-vous, hurle-t-elle à l'attention de ses camarades, elle a perdu connaissance, on perd du temps ! »

Noah et Tyreese arrivent en courant avec tout ce que Carol a demandé. Nicolas, lui, a bien remarqué l'absence du chasseur. Remontant sur le toit, il le remarque bien vite, assis sur le matelas. Le rejoignant, il s'installe en face de lui. Il s'allume une cigarette et en propose une au chasseur qui la prend sans rechigner et l'allume par la suite.

« -Tu sais, tu devrais être à ses côtés. Tu sais qu'elle t'aime, tu sais qu'elle a besoin de toi, commence-t-il et fasse à son manque de réaction, il ajoute, je dois t'avouer quelque chose. Je l'ai embarrassé et j'ai bien failli coucher avec elle, enfin, si elle en avait eu l'envie, moi j'en avais envie, avoue-t-il alors qu'il obtient enfin son attention, écoute, on peut pas dire qu'elle soit pas attirante. Alors ouais, quand elle a débarqué au centre commercial, j'y ai tout de suite vu une opportunité que je pouvais pas laisser filer. Mais, on a discuté et elle m'a parlé de cet homme qui faisait battre son coeur. Malgré le fait que vous n'étiez pas réellement et officiellement ensemble, tu remplissais ses pensées, elle était et est amoureuse de toi. Ça se voit comme le nez au milieu du visage.
-J'vais sûrement la perdre. Elle va peut être mourir. Par ma faute. Vaux mieux que j'me fasse à son absence dès maintenant, soupire le chasseur, le coeur lourd.
-Nan mais tu plaisantes là j'espère !? Tu devrais être à ses côtés ! À la soutenir ! Et toi, tu baisses déjà les bras ? Mais putain, tu l'aimes oui ou merde ? Elle vient de se prendre une balle pour toi et tu vas déjà abandonner ! S'emporte-t-il en se relevant, soit pas lâche Dixon. »

Nicolas part aussi vite qu'il n'est arrivé. Laissant Daryl seul, aucune expression n'est présente sur son visage si fermé. Le regard perdu dans le vague. Il termine sa cigarette et redescend lui aussi mais par l'escalier de secours. Il s'avance discrètement dans le hall, récupérant son arbalète et il disparaît tel un fantôme.

Il s'enfonce dans la foret, à la recherche d'un rôdeur sur lequel il pourrait se défouler. Il marche pendant une bonne vingtaine de minutes. Mais aucun rôdeur n'a pointé le bout de son nez, ce qui a le don de l'énerver encore plus.

«-Vous êtes jamais là au bon moment bande de fils de pute ! Hurle-t-il dans un excès de rage. »

Il se laisse tomber par terre, anéanti. Lâchant son arbalète par la même occasion, il ferme les yeux fermement, repensant aux moments qu'il a eu la chance de partager avec Riley.

«-Elle peut pas mourir... Elle peut pas mourir... Se répète-t-il alors que son coeur se serre un peu plus à chaque seconde. »

Il se relève d'un coup et est surpris de découvrir une dizaine de rôdeurs devant lui. Il les a demandé, ils sont là. Mais il ne les a même pas entendu approcher. Il recule de plus bel et ne manque pas de tomber. Il dégringole alors la raide descente qui se trouve derrière, tombant en arrière. Quelques mètres plus bas, il heurte un arbre ce qui stoppe sa chute. Relevant lourdement et douloureusement la tête, il regarde les rôdeurs tomber un à un, dévalant jusqu'au précipice quelques mètres en-dessous de lui.

Daryl se remet comme il peut pour ne pas lui aussi tomber, s'adossant à l'arbre contre lequel il est. Il ne se plaint pas une seconde de ses côtes douleureuses dû au choc puisque c'est tout de même ça qui vient de lui sauver la vie. La respiration haletante, il reste figé, ne sachant pas comment se sortir de là.