« chapitre un »

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Depuis le début de toute cette merde, ils ne font que d'courir. Ils sont sans cesse épuisés, mais ils ne comptent pas abandonner, pas après tant d'efforts. Ils sont soudés comme les deux doigts de la main, un pilier mutuel. Sans lui, elle pourrait probablement survivre, certes. Mais sans lui, elle deviendrait probablement un monstre, elle n'aurait de pitié pour personne. Après toutes les horreurs qu'ils ont déjà vu, les salopards qu'ils ont déjà croisé, elle a compris qu'il n'y avait plus de place pour la naïveté et l'hésitation. Il fallait être impitoyable. Mais Rayan tente de l'en dissuader. Il affirme qu'il reste des gens biens et honnêtes dans ce monde. Il est la dernière part de son humanité. Le dernier rempart avant la folie. Si il vient à mourir, alors son humanité s'éteindra avec lui.

Cela doit faire environ un mois, peut-être deux - la notion du temps a une toute autre connotation aujourd'hui - , que le virus a contaminé le monde entier. Voilà donc maintenant de longues semaines que notre duo vit au jour le jour, sans jamais dormir deux fois au même endroit. L'une de ces quelques règles qu'ils se sont imposées et qu'ils espèrent judicieuses pour leur survie. Cette nuit là, ils la passent à la belle étoile, au milieu des arbres.

Aucun d'eux ne parvient à trouver le sommeil. On peut décrypter leur angoisse au simple travers de leur regard. Cette perpétuelle peur d'être surpris par une horde. Ou même par un groupe de survivants aux intentions malsaines. Rayan resserre son étreinte autour de sa soeur, qui est appuyée contre ses côtes, tous deux calés contre un tronc d'arbre. Les nuits sont toujours plus rudes.

« - Tant que j'serais en vie, rien ne t'arrivera, dit-il en serrant davantage sa sœur contre lui.

- Promis ? Demande-t-elle en se décalant légèrement pour le regarder, tu me laissera jamais ? Continue-t-elle en lui montrant la paume d'une de ses mains.

- C'est pourtant évident, réplique-t-il en lui tapant d'une des siennes. »

Ils échangent un rapide sourire et se replacent dans leur position initiale. Il sait que Riley a besoin d'être rassurée. Il sait la relation tordue qu'elle entretient avec l'abandon et la peur qui l'envahie à l'idée de le perdre, lui aussi. Mais elle n'a pas à s'en faire, il n'ira nul part. Pas sans elle. Quelques minutes s'écoulent, dans un lourd silence, à la fois angoissant mais, et heureusement, également quelque peu reposant. Un silence qui est finalement brisé par de légers bruissements de feuilles, des brindilles qui craquent, le tout étant rapidement accompagné du grognement caractéristique et incessant de ces choses.

« - Putain, ramasse tes affaires ! Magne toi, on décampe ! Chuchote Rayan en la forçant à se relever pour ramasser leurs affaires le plus rapidement possible. »

Par chance, et par habitude, rien n'est par terre. Tout est parfaitement rangé, pour pouvoir déguerpir au plus vite si un danger se dirige vers eux. Comme à ce moment précis. Leurs affaires sur le dos, ils partent en courant dans une direction choisie au hasard, à l'opposé de ce raffut provoqué par les rôdeurs. Ils sont obligés de courir pendant plusieurs heures, et Riley, dont l'endurance laisse sérieusement à désirer, n'en peut clairement plus.

« - Rayan, c'est bon, j'en peux plus, ça fait des heures qu'on court là, réplique Riley en s'arrêtant avant de poser ses mains sur ses genoux, la respiration saccadée.

- Encore un peu Riley... S't'plaît... Répond Rayan en regardant nerveusement tout autour de lui.

-Ok, mais on marche alors, dit-elle en se redressant, ils sont sûrement loin derrière nous maintenant. »

Il hoche la tête pour réponse et attend qu'elle le rattrape pour continuer à ses côtés. Mais après seulement quelques mètres, du bruit se fait à nouveau entendre. Ils regardent partout autour d'eux mais ne voient malheureusement rien à cause de l'obscurité. Riley sent les battements de son coeur accélérer davantage alors que la peur et la rage montent peu à peu en elle. Elle déteste lorsqu'ils se retrouvent ainsi, au milieu de nul part, ne voyant rien, mais entendant tout.

«Un nouveau monde»  Where stories live. Discover now