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22 juillet 17:43
_Leah , je suis là.
Je tourne la tête à gauche pour voir Zak , il est là , à côté de moi . Les mains tendues , cherchant a les poser sans savoir où. Mon bras gauche me fait énormément souffrir , j'ai ressentis un bref soulagement quand le médecin des urgences la remit en place mais la douleur dans mon poignet irradie . Mon visage me brûle et je ne vois que d'un œil , l'autre étant recouvert . Est ce que je vais le perdre ?
Je pousse un hurlement. Le pire, c'est cette vague oppressante qui me broie les entrailles à chaque contraction . J'ai l'impression que mon corps est dans un étau que l'on resserre à chaque seconde . Je ne suis plus qu'une immense douleur .
La sage femme m'ordonne de pousser depuis ce qui me semble être des heures . Mais à quoi bon ? Mon bébé est mort , on me l'a dit . Je ne veux pas être là , je ne veux pas pousser , je veux rentrer chez moi. Je pleure , je hurle la tête tournée vers Zak :
_Je veux rentrer à la maison ! Fais moi sortir de là !
Il me regarde en pleurant lui aussi puis son visage se tourne vers la sage femme et le médecin entre mes jambes et je comprends qu'il ne fera rien pour moi. Ils parlent entre eux , ils parlent de moi comme si je n'étais pas là . Personne ne m'écoute , pourtant je n'arrête pas :
_J'ai mal mon Dieu j'ai mal ! Faites que ça s'arrête aidez moi.
Je bats des pieds, que je parviens une fois sur deux à retirer des étriers mais le médecin les remets sans cesse en place. Soudain , le visage de Zak disparaît et celui de l'obstétricien apparaît à sa place :
_Leah , écoutez moi ! On veut vous aider mais pour ça on a besoin de vous . Il va falloir que vous poussiez de toutes vos forces pour faire sortir le bébé d'accord ? Après ça , on vous endormira et vous n'aurez plus mal nulle part . Mais il est trop tard pour une césarienne et tout repose sur vous . Vous êtes forte , vous allez y arriver ok ?
J'essaie de me concentrer sur ce qu'il me dit , j'essaie vraiment mais c'est tellement bruyant ici . Entre le bourdonnement dans mon cerveau , les bips des appareils qui sont reliés à moi par des électrodes , les ordres de la sage femme , les mots de Zak qui essaie de m'encourager .
_Monsieur , passez de l'autre côté et tenez lui la main .
Zak s'exécute et je sens sa main enveloppée la mienne .
La vague revient et je recommence à crier .
_C'est le moment Leah , on est tous là pour vous aidez . Poussez de toutes vos forces . Aller aller.
Il passe une main derrière ma nuque et j'obéis .
Je pousse de toutes mes forces et la douleur dans mon cerveau s'accentue . Je sens quelque chose couler dans mon cou et je ne sais pas s'il s'agit de larmes , de sueur ou de sang . Je ne vois pas Zak , il est du côté couvert de mon visage .
_Encore encore encore ...
La sage femme ne s'arrête plus d'ordonner et je n'arrête plus de tous les maudire . J'aimerai être à leur place , c'est tellement facile. Je les déteste tous . Même ce bébé mort dans mon ventre qui ne veut pas sortir .
_Et soufflez !
Ma tête repose sur l'oreiller , j'ai la tête qui tourne et j'entends les deux incapables en blouse blanches s'entretenir . Zak me parle mais sa voix est étouffée par l'énorme bandage qui recouvre aussi mon oreille droite . De toutes façons je n'ai pas envie de l'entendre . Je veux rentrer chez moi , poser ma tête sur les genoux de ma mère et la sentir caresser mes cheveux .
_Aller Leah , cette fois c'est la dernière ok ? Il va falloir pousser à fond, encore plus fort que tout à l'heure pour le faire sortir de suite .
J'ajoute le rire aux pleurs et aux cris. J'étais déjà à fond tout à l'heure . Ils ne sortira jamais , il faut laisser tomber . Mais je sens la contraction montée à nouveau et l'envie de pousser est incontrôlable . Je redresse la tête et pousse de toutes mes forces . Je ressens une sensation de brûlure au niveau de mon vagin et je pousse de petits cris aigus .
_C'est normal , c'est la tête qui passe ! Continuez !
Je pousse et pousse encore . Mon ventre est dur comme du béton , j'ai l'impression qu'on me déchire les entrailles et je sens finalement quelque chose de poisseux glisser entre mes jambes . Je repose la tête sur l'oreiller derrière moi et je ferme les yeux , je ne ressens plus de douleurs et la salle est devenue silencieuse . On n'entends plus un son . Pas même un cri de nouveau né.

Si tu m'aimesWhere stories live. Discover now