INSOMNIA #1

ÉPILOGUE | Sky

"Tout fait sens à nouveau."

Il fait nuit, mais encore une fois, je ne dors pas. Je tourne et retourne, soupirant dans mon lit. Un coup d'œil à ma droite, et c'est une Heather endormie que j'observe. Une jambe sur la couette, l'autre sous, et les cheveux éparpillés laissant un dégradé de roux sur son coussin. Je coince le coussin sur ma tête pour étouffer mon soupir de frustration.

Je vais mieux, je me sens mieux. Mais apparemment, les insomnies ne disparaissent pas aussi vite qu'elles sont arrivées. J'attrape mon réveil pour jeter un coup d'œil à l'heure : deux heures et quart. Je lève les yeux au plafond. C'est peine perdue, alors dans le plus grand des calmes je me lève. Connaissant cette chambre comme ma poche, je sais sur quelle latte marcher pour éviter de les faire grincer. Je saute d'un coin à l'autre de la pièce, attrapant mon cargo le plus confortable ainsi que ce sweatshirt aux couleurs de l'université que j'ai volé à Stan. Je suis une petite fille de criminelle après tout...

Une fois la clef de la chambre de mon petit démon en main, je m'éclipse en silence et rejoins le calme de la rue. Les températures du mois de décembre ne sont pas clémentes mais j'ai le sang brulant à l'idée de le revoir. J'ai déjà été attiré par des garçons dans ma vie, mais ça, cette sensation que je ressens partout dans mon corps à l'idée de passer ne serait-ce que le plus court des moments en sa compagnie... Dios moi, ce n'est pas humain. J'ai développé la plus belle des obsessions pour ce garçon et ce, sans même m'en apercevoir. Au début, il était l'ennemi, l'inconnu et le danger. A présent, il est tout le contraire. C'est avec lui que je me sens le plus moi.

Je fais tourner mon trousseau de clef sur mon doigt en descendant dans la rue. Je passe le long d'une église anglicane à l'architecture fascinante. Les lumières tamisées des lampadaires peinent à éclairer la nuit noire de ce mois de décembre. Mais la pleine lune est présente et sa lumière m'a toujours été suffisante pour savoir où j'allais.

Malgré mes insomnies persistantes, je dois admettre que j'ai toujours cette même affection pour la nuit. Les gens changent lorsque le soleil se couche. Stan adore répéter que le vice aime l'obscurité. Mais bien d'autre choses se sentent plus à l'aise protéger par l'ombre du ciel noir. L'humain se dévergonde, certes certains en abusent et prennent à leur avantage le fait de n'être pas reconnu. C'est pour cela qu'on répète aux jeunes filles de ne pas sortir seule la nuit.

Mais la nuit apporte aussi son lot d'excitation. L'on s'autorise à être d'autant plus nous même lorsque personne ne regarde. Et les conversations nocturnes sont sources d'une sincérité à en faire frémir n'importe qui. C'est pour cela que je préfère la nuit. Cette sincérité, elle m'a permis de rencontrer Stan, de lui sauver la vie, en échange il a donné un sens à la mienne.

- Jolie Sky, surgit une voix derrière moi.

En sursaut, je me retourne brusquement tout en plaçant les clefs entre mes doigts comme défense.

Stan ?

Vêtu tout de noir, Stan se trouve devant moi. Les cheveux en bataille, les yeux d'un bleu magnétique et le pendentif bien apparent. Mais ce n'est pas ça qui provoque une floppée de frisson sur mon épiderme. Mon petit démon penche le visage vers la gauche, mais celui-ci est couvert du même maquillage de squelette que j'ai déjà vu le soir de notre seconde rencontre. Ma respiration s'accélère alors que son regard si spécial vient détailler chaque trait de mon visage, encore et encore.

- Stan, qu'est-ce que tu fais ? demandé-je à la fois curieuse et lugubrement excitée.

Il ne répond pas mais s'avance lentement vers moi. Les clefs toujours entre mes doigts, je continue à les maintenir devant moi alors même que je ne suis pas en danger. Un ancien reflexe, surement. Stan n'en a que faire, son torse entre en collision avec celle-ci et il ne bronche pas devant la douleur de la piqure.