CHAPITRE 19 | Stan

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𝐒𝐓𝐀𝐍

Non, pas encore, je n'en peux plus, supplié-je.

Mais si, il fait noir et je suis incapable de bouger. La douleur est intenable. Je veux crier mais je n'y arrive pas. Je m'étouffe. Ma gorge est emplie de sang. Je crois que c'est la fin.

Je puise dans mes dernières forces pour me tourner sur le côté me permettant de recracher la substance rouge tapissant ma bouche. Enfin, je respire à nouveau.

C'est là que je remarque que je ne suis pas seul. Enfin, je cris. Je hurle.

Stop, stop, stop !

Je n'ai jamais connu une douleur pareille, mon corps est en lambeau et mon cœur ne bat presque plus.

Rallume ces yeux, Stan.

En sursaut, je me réveille.

-       Arghhh ! crié-je contre moi-même.

De la transpiration coule le long de ma tempe. Ma poitrine monte et descend à une vitesse phénoménale. C'est incroyable de se dire que malgré tous les efforts que je peux fournir, mon esprit me rattrapera toujours lorsque je serais au plus faible, endormi...

Je relève le haut de mon corps et allume ma lampe de chevet pour découvrir le bordel que j'ai laissé la veille. J'attrape le joint à peine entamé et mon briquet. Je tente de ne pas me focaliser sur la flamme qui en sort, mais c'est dur, elle représente tant pour moi.

Je rallume mon joint et le coince entre mes lèvres avant de récupérer mon petit carnet et mon crayon en bois. Je tombe sur mes derniers mots :

Au bord du précipice, tu m'as trouvé,

Là où je ne voyais que noir, tu m'as illuminé,

Il a suffi d'une seconde, et j'étais tien,

Et pourtant à tes yeux, je ne suis rien.

Je soupire. Je suis d'un ridicule. Ma montre affiche 4:08. J'ai tout sauf envie de réfléchir. Je termine mon joint, le jette dans mon cendrier et enfile un jogging noir par-dessus mon caleçon. Une goutte de transpiration tombe de la racine de mes cheveux et continue son chemin le long de ma colonne vertébrale. J'enfile un tee-shirt et tente d'attraper mon pendentif pour y déposer un baiser – un réflexe que j'ai pris depuis que je l'ai acheté – mais il n'est plus là.

Il n'est plus là, elle n'a aucune idée de qui je suis et je peine à comprendre pourquoi le monde continue de me pousser à bout.

En quelques minutes seulement, je suis à l'extérieur de ma résidence, prêt à sillonner les routes d'Oxford jusqu'à être trop épuisé pour faire quoi que ce soit d'autre que dormir.

J'ai la rage. Je cours, mais elle ne passe pas. Je veux me distraire mais je ne sais plus quoi faire. Auparavant, je pensais à elle, à Skyler. J'imaginais encore et encore le moment où je la reverrais, une boule d'espoir perpétuelle dans ma poitrine. Mais à présent, je ne peux plus. Tout ça s'est envolé, me laissant tout aussi vide que lors de notre première rencontre.

Je continue de courir sans réellement voir le temps passer. Je tourne et retourne dans ces rues que je connais déjà par cœur. La majorité sont bordées de petits appartements étudiant et de résidences. En pleine semaine, il y a peu de gens dans les rues. Jusqu'à ce qu'une voix familière perturbe mon accalmie.

Je me rapproche du bruit que je pense avoir entendu et reste, quelques secondes, hébété devant la scène se déroulant devant mes yeux.

-       N'oublie pas mon pull, ma jolie, crie mon ami, Harrison.

INSOMNIA #1Where stories live. Discover now