CHAPITRE 9 | Sky

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𝐒𝐊𝐘

Mes gants de combat à la main, je stationne devant la salle de boxe du campus attendant un signe du destin me provoquant à y entrer.

Du haut de mon mètre soixante-cinq, je ne suis ni très grande, ni très large. Et ce qui me porte le plus préjudice, d'après mon père, c'est mon joli visage. Il est facile de croire à mon innocence en voyant mes grands yeux noisette. Mais la vérité est tout autre.

4 événements majeurs ont forgé la combattante que je suis à présent :

Le premier, j'avais 6 ans. Mes deux grands-frères Emilio et Santiago étaient parti s'amuser dans le parc à côté notre ancienne maison. Le quartier n'était pas aussi chic que celui dans lequel nous habitons maintenant. Mes parents venaient d'immigrer depuis le Mexique, et ils avaient un long chemin à traverser avant de vivre le rêve Américain, cette fameuse ruée vers l'or.

Je n'avais pas le droit de suivre mes frères pour jouer dehors avec eux, parce que j'étais trop jeune, et surtout, parce que j'étais une fille. Alors j'ai attrapé une casquette, j'ai remonté mes cheveux bruns pour les dissimuler dessous, et je suis parti les rejoindre. Mais lorsque je suis arrivée, ils n'étaient pas là. J'étais seule, sur le territoire des gamins du quartier qui ne me connaissaient pas. Je voulais juste m'amuser, mais ils disaient que je ressemblais trop à une fille, alors ils m'ont poussée au sol, et m'ont frappée jusqu'à ce que du sang s'échappe de mes blessures. Lorsque je suis rentrée chez moi, toute débraillée et ensanglanté, mon père est sorti en trombe pour retrouver les enfants qui m'ont blessée. A ce jour, je ne sais toujours pas ce qu'il leurs a fait.

            Le second, j'avais 10 ans. Mes frères avaient déjà commencé leurs entrainements au combat avec mon père. Moi j'étais cloitrée dans ma chambre. Alors encore une fois, je me suis échappée pour les rejoindre dans le garage. J'ai ouvert la salle dans laquelle je n'avais pas le droit d'accès. J'ai toujours été discrète, c'était ma seule façon d'avoir un peu de liberté. Alors je me suis faufilée derrière les boites en métal du garage et j'ai observé mes frères s'entrainer à frapper contre des punchingballs, et même à manier des couteaux en bois. J'ai alors attrapé un couteau de combat dans une des boites en métal, et j'ai suivi les instructions de mon père, toujours à l'abris de son regard. Jusqu'à ce qu'il entende un cri. Je m'étais coupé au niveau de la cuisse, si profond que j'ai eu besoin de point de suture. J'en garde toujours une cicatrice.

             Le troisième, j'avais 13 ans. Nous avions déjà déménagé dans notre nouvelle maison. Nous étions devenus riches et je ne comprenais pas exactement comment. Mais j'étais curieuse et je voulais faire partir de l'aventure. Alors j'ai commencé à m'entrainer dans notre nouvelle salle de combat en plein milieu de la nuit. J'ai toujours eu des cauchemars, des visions de ma famille au milieu d'un carnage. Je voyais du sang, des armes, des ennemis. Alors même si l'on me cachait tout, au fond, je savais... Mais un jour, Santiago, mon grand frère de quatre ans de plus que mois est rentré de soirée très tard le soir. Il a entendu du bruit et m'a surprise en pleine série de pompe. « Mais qu'est-ce que tu fous, Andréa ? » m'a-t-il dit d'une voix trahissant son taux d'alcool. « Tu veux apprendre à te battre, je vais te montrer » a-t-il ensuite dit avant de se planter devant moi, me demandant de le frapper. Je n'ai pas hésité, nous nous sommes battus, une gamine de treize ne pesant pas plus de 40kg et un grand gaillard de dix-sept ans faisant le double de son poids. Il m'a mis une raclée tout en riant. Il était trop soul pour se rendre compte qu'il me faisait réellement mal et j'étais trop bête pour lui dire d'arrêter, je voulais apprendre. Le lendemain matin, devant ma piteuse apparence, il s'est mis à genoux devant moi et m'a promis de ne plus jamais s'en prendre à moi.

INSOMNIA #1Donde viven las historias. Descúbrelo ahora