CHAPITRE 28 | Sky

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𝐒𝐊𝐘

Peut-être que j'aurais dû rester dans ma chambre à me reposer, Heather veillant sur moi. Pour autant, j'ai décidé d'avaler deux anti-douleurs, d'enfiler une mini robe, de mettre mes bottines les plus flatteuses et de dessiner un trait de liner sur mes yeux pour retrouver Stan. Je suppose que je voulais être jolie pour lui. C'est nouveau pour moi mais pas vraiment désagréable.

J'avais besoin de le voir, maintenant que je me souviens de tout, il fallait que je retrouve la familiarité de son regard de glace qui ne m'apparait plus aussi froid qu'auparavant.

Alors lorsque j'ai demandé à des étudiants dans la rue où il se trouvait et qu'ils m'ont tous indiqué le square tout en me conseillant de rester loin, j'ai évidemment pris le chemin du square.

Je mentirais si je disais que la situation ne m'a pas choquée quelques secondes. Puis, j'y ai trouvé un certain charme, une certaine poésie. Deux vieux ennemis qui se battent jusqu'au sang sous des masques terrifiants pour ressentir de la douleur, ce n'est pas si terrible lorsqu'on y pense. C'est plutôt enivrant même. Enfin, peut-être que c'est juste mon opinion.

J'avoue tout de même que je n'avais pas prévu qu'il remarque ma blessure aussi vite. Je n'aurais jamais pu penser qu'il dévoile mon corps de cette manière non plus. Parce qu'à vrai dire, je ne le connais pas réellement. J'ai juste l'impression que c'est le cas, parce que je l'ai vu à son pire. Je pense que c'est le cas aussi pour lui. C'est vrai, il ne sait pas qui je suis et pourtant, il choisit de ne voir que la beauté de notre rencontre. La chute sera brutale lorsqu'il apprendra qui je suis réellement, lorsqu'il se rendra compte que l'innocente Skyler qu'il a rencontré lors de cette nuit d'automne n'est en fait que l'idéalisation de la vrai Andréa. Mais je veux profiter des quelques instants avant qu'il ne comprenne l'ampleur de la personne que je suis et avant que je ne découvre toute la vérité sur lui. Une nuit, j'aimerai au moins une nuit.

Le corps torse-nu de Stan est bouillant contre moi alors qu'il me tient fermement d'une main sur la taille. Sa veste sur mes épaules me tient chaud et je ne sais pas si ce sont les effets des anti-douleurs, mais je suis complétement droguée à son parfum. Une fois arrivée devant la petite barrière à escalader pour sortir du square, je ne peux empêcher une grimace. Ce que j'ai eu mal lorsque j'ai dû l'enjamber pour venir, je dois sincèrement avoir plus d'une côte brisée. Mais je n'ai pas le temps d'y réfléchir que les deux mains puissantes de Stan viennent s'emparer de mon corps pour me porter avec une aisance folle. Je retiens un cri de surprise. Mais il finit par me déposer en position assise sur la barrière.

-        Ne bouge pas, ordonne-t-il comme si j'allais l'écouter.

En vérité et contre tous mes instincts qui veulent sans cesse le défier, je l'écoute. Il grimpe par-dessus la barrière sans aucune difficulté et viens me récupérer de l'autre côté en s'agrippant à mes cuisses. Je lève les yeux au ciel pour qu'il ne remarque pas à quel point ils s'embrasent dès lors qu'il me touche. Instinctivement, je glisse les mains sur ses épaules afin qu'il puisse me faire descendre de la barrière. Le contact de ses doigts sur la peau nue de mes cuisses me fait frissonner, et ce n'est pas de froid. Je retire ses mains de mon corps précipitamment lorsque j'ai les pieds à terre. Pas encore, d'abord, il faut parler.

Stan ricane de mon geste brusque puis marche vers une destination qui m'est inconnue. Nous prenons des petites rues sinueuses. Je me doute qu'il ne souhaite pas qu'on le voit. Mais nous finissons par arriver sur une rue bordée d'un pub anglais particulièrement bondé. Les étudiants pullulent dans la rue et je suis soudain curieuse de voir comment Stan compte se débrouiller.

C'est vrai, il est torse-nu, couvert de sang et son visage est recouvert d'une peinture squelettique particulièrement réaliste. Je doute que les étudiants d'une université aussi prestigieuse qu'Oxford aient l'habitude d'un tel spectacle.

INSOMNIA #1Where stories live. Discover now