CHAPITRE 24 | Stan

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𝐒𝐓𝐀𝐍

Je le jure, j'ai essayé.

Cela fait une semaine que la soirée de bienvenue dans nos clubs privés a eu lieu. Une semaine que j'essaye éperdument de sortir Skyler de ma tête pour me concentrer sur mon semestre... en vain.

Peut-être que je n'aurais pas dû l'observer de loin dès lors que je sentais sa présence. Peut-être que j'aurais également dû éviter de reprendre mes mauvaises habitudes en m'installant contre le mur devant la fenêtre de sa chambre à chaque fois que le sommeil ne venait pas. J'espérais secrètement qu'elle me menace une nouvelle avec son couteau. Qu'elle laisse une nouvelle marque sur mon cou. Je suis prêt à tout accepter d'elle afin de goûter une nouvelle fois à la douceur de sa cuisse dorée que j'ai eu l'honneur d'embrasser il y a une semaine.

Mais c'est mal. Je suis mal. Et je ne peux changer qui je suis, alors j'ose seulement espérer qu'en retrouvant ses souvenirs, elle voudra bien mettre de côté toute la terreur que j'ai causée... Je n'ai qu'une chose à faire en attendant cela : veiller à ce que la vérité sur moi n'arrive pas jusqu'à ses oreilles. Et pour cela, j'ai terrifié, j'ai menacé, je suis même allé jusqu'à soudoyer.

Alors tu vois mon joli ciel, je suis prêt à tant pour toi...

La vérité sur toutes les rumeurs qui courent sur moi, elle l'apprendra de ma bouche, et qu'une fois que je serais certain qu'elle ne voudra plus me fuir tant elle aura compris l'origine du lien qui nous lie.

- Tu as fait du bon travail, Knight. Tu as largement mérité ces points supplémentaires sur ta moyenne, s'exclame mon professeur de littérature et poésie, Monsieur Peters.

Je reviens à la réalité lorsque j'entends sa voix. Je suis dans son bureau depuis plusieurs minutes, et il était en train d'étudier le dossier relatant l'organisation de la conférence qu'il m'a demandé de superviser.

- Merci Monsieur, c'est toujours un plaisir de travailler avec vous, lui dis-je en souriant.

Je ne suis pas le plus sérieux des élèves de cette université, mais Dieu sait que j'aime la réussite. Tout n'est que compétition ici. Qui sera le meilleur ? Qui aura le profil le plus intéressant ? C'est dur de rivaliser contre Edward, mais avec les bonnes cartes en main, je devrais pouvoir me démarquer.

Et organiser une conférence académique avec un auteur internationalement prisé tel que Charles Lion est un exploit qui se fera une jolie place sur mon CV. De plus, il est un illustre auteur au talent démesuré. Un homme à qui je voue un respect immense.

- Ce sera l'occasion de lui parler de ta poésie. Peut-être qu'il pourra t'aider à la faire sortir de tes vieux cahiers pour enfin marquer quelques esprits, ajoute mon professeur.

Je lui réponds d'un sourire pincé. Je ne sais pas si je suis réellement prêt à montrer ce que je produis. Et comme dirait mon père, la poésie n'a pas sa place dans la carrière d'un homme à la tête d'un gouvernement. Parce qu'il croit toujours que c'est ce à quoi je suis destiné. Malgré tout, je serais incapable d'occuper une place sous les projecteurs, pas avec ma réputation, pas avec ces rumeurs qui tournent. Le public fouinerait, et lorsqu'ils auront appris la vérité, je serais fini. Alors oui, je suis destinée à travailler dans l'ombre, et cela me va très bien. Ce ne sont jamais les figures les plus populaires qui ont le plus de pouvoir, il y a toujours une main influente qui tire les ficelles derrières. Je serais cette main. Et peut-être qu'à côté de ça, je pourrais faire paraître enfin mes écrits.

- Ce serait un honneur, réponds-je tout de même.

Sur ces mots, je me lève et serre la main de Peters qui me sourit. Il est l'un des seuls à me traiter comme un humain, à veiller sur moi d'un œil distant dans cette université. Et je ne peux m'empêcher d'apprécier réellement ça.

INSOMNIA #1Où les histoires vivent. Découvrez maintenant