Cinquante-six

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Cinquante-six (1266 mots)

Pdv de Benjamin Pavard

Jade -(...) d'ici quelques mois, je serai à la rue, Ben.

-Wow. Je ne sais pas quoi dire, Jade... Je marque une pause, et me rappelle vaguement d'une conversation sur sa vie, qu'on n'a jamais vraiment pris le temps de finir. Pourquoi tu ne nous avoir jamais dit à quel point tu vis difficilement ?

Jade -Je ne veux pas m'apitoyer sur mon sort. J'ai abandonné le cocon familial de mon plein gré. Tout ceci est le fruit de ma décision. N'empêche que, même si je suis proche de certains, on ne m'a jamais vraiment posé la question. J'ai assumé que, si je me rapprochais de quelques-uns d'entre vous, vous le sauriez obligatoirement lorsque je reviendrais habiter chez moi.

-Je vois. Moi, je vis seul et en plus j'ai une grande maison.

Jade -Pas besoin de me narguer.

-Espèce de patate, je t'explique que tu es la bienvenue chez moi.

Jade -Vraiment ? Elle secoue la tête et semble changer d'émotion. Je veux dire... je ne pourrai pas. Tu ne serais même pas là, c'est comme si je squattais ta maison. Il est hors de question que je m'installe chez toi.

Deux mois plus tard

Pdv de Jade

Lola -Bon voilà, c'est le dernier carton. Tu n'en as pas tant que ça, finalement.

-J'ai trié, mais je m'attendais à pire. 

J'appelle en face time l'imbécile heureux qui a oublié de me dire où sont ses clés de maison. Il décroche assez rapidement.

Benjamin -Coucou Jade !

Lola -Dis, t'es un peu bête.

Benjamin -Merci Lola, moi aussi je vais bien.

-Elle n'a pas tort, cela dit.

Benjamin -Toujours charmantes, vous deux.

Lola -Évidemment !

Je m'éloigne un peu de Lola pour lui parler seuls à seuls.

-Tu as oublié de me dire où sont tes clés. Je gèle depuis dix minutes devant chez toi.

Benjamin -Elles sont dans la plante de droite, à côté du garage. J'espère juste qu'elles n'ont pas gelé.

-Si elles ont gelé, je te préviens, je te maudis sur sept générations.

Benjamin -Sept ? Carrément ? C'est beaucoup.

-Ça se comprendrait, franchement.

Benjamin -Tu ne maudirais quand même pas tes propres petits-enfants ?

-Comment ça mes propres... Je mets une demi-seconde à faire le lien dans ma tête. T'es con. On s'est rencontrés qu'une fois, en plus.

Benjamin -Et t'étais déjà dans mon lit.

C'est pas faux, mais je ne vais jamais l'avouer. Trop de fierté, et aussi parce que je ne l'ai pas dit à Lola. On en a parlé avec Ben, et on ne veut pas que l'information fuite dans les médias. C'est dur de ne pas lui dire, à elle et à mon père surtout. On s'appelle tous les mardis, et je dois lui mentir toutes les semaines.

-...

Benjamin -T'as rien à redire, beauté.

Je suis sûre que s'il était là, il m'aurait embrassé avec un grand sourire narquois aux lèvres. Cette pensée me réchauffe le cœur, et me le brise. En attendant, j'ai froid. Qu'est-ce qu'on se les gèle dans le nord !

Cheveux bouclésWhere stories live. Discover now