Trente

426 14 33
                                    

Trente (1492 mots)

Pdv de Benjamin Pavard

Le lendemain matin, je me réveille d'un sommeil très court. J'ai dormi environ quatre heures, à tout casser. Je ne savais pas quoi penser, j'étais perdu. Ouvre les yeux, Ben. Je ne peux rien te dire de plus que ça. Les mots de Kylian ont résonné dans ma tête toute la nuit. Ses deux phrases m'ont traumatisées. Qu'est-ce qu'il voulait dire par là ?

Un truc important m'échappe, et comme toujours, je passe à côté sans saisir.

Hugo -T'as petite mine, dis-moi, Ben.

Il posa son plateau à côté du mien. C'est rare qu'il vienne me parler, donc j'en profite.

-Je n'ai pas très bien dormi, à vrai dire.

Hugo -Troubles du sommeil ?

-Non, je réfléchis trop et je n'arrive tout de même pas à comprendre.

Hugo -Tu réfléchis à quoi exactement ? me questionna-t-il après avoir avalé un morceau de banane.

Cette question est tellement banale qu'il n'a pas l'air de remarquer mon trouble. Il leva la tête et je deviens encore plus mal à l'aise. J'ai l'impression que la température avait augmenté de quinze degrés depuis sa dernière question. Il me regarda du coin de l'œil tout en se servant un croissant, en train d'attendre ma réaction.

-C'est que... C'est assez délicat et en fait je ne-

Hugo -Si tu ne veux pas en parler, on change de sujet, dit-il simplement en haussant les épaules.

-Oui, je veux bien.

Je retrouve ma chaleur corporelle normale, ce qui achève de me calmer.

Hugo -Ça va aller l'entraînement sous cette chaleur ? Il fera trente-cinq vers midi, donc on va s'entraîner plus tard, préviens les gars que tu croises. Et Jade aussi, au passage. Elle avait l'air motivée à venir...

La mention de son nom me sortait de mes pensées, j'ai vaguement entendu ce que Hugo me disait. Jade était devenu le nom à prononcer pour capter mon attention, ces derniers temps. Ou plutôt pour me troubler.

Mais que veut dire Kylian, putain ? Je ne comprends pas ses mots.

Je décide de remonter dans ma chambre et de prendre une feuille de papier. Fébrilement, j'attrape alors un bic.

Ouvre les yeux, Ben. Je ne peux rien te dire de plus que ça.

Sa voix résonne tellement fort dans ma tête que j'ai peur de la perdre. Il me fallait un calmant. J'avale un petit comprimé avec de l'eau. J'ai toujours des aspirines sur moi, au cas où j'ai mal de tête, de la fièvre ou une inflammation. C'est un médicament assez complet.

Je me mis sur une chaise, pris le bic à disposition en cas de besoin et j'écris.

Ouvre les yeux, Ben. Je ne peux rien te dire de plus que ça.

Oui, j'ai écris ça sur un bout de papier. Je me suis dit que peut-être ça clarifierait mon esprit. Comme dans les séries où le shérif écrit les trucs à la main, et qu'il résout toute l'affaire grâce à un petit détail qui lui avait échappé jusque là. Foutaises. Ça n'aide pas du tout. En réalité, c'est même encore plus abstrait à mes yeux. Idée à la con. Je serrais mon poing, écrasant le papier avec les derniers mots que Kylian m'avait adressés. C'est vrai que je ne l'avais pas croisé ce matin... Je devrais peut-être aller lui parler, lui dire que c'était une blague. Mais non, voyons. Il n'est pas dupe à ce point. Si ? Ça m'étonnerait assez.

Cheveux bouclésWhere stories live. Discover now