Cinquante-quatre

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Cinquante-quatre (544 mots)

Pdv de Jade

J'entends la voix de plusieurs gars. Je somnole un peu et me rends compte que je dois leur dire au revoir. Je fais alors semblant de dormir afin de repousser ce moment, encore quelques instants.

J'ai tellement aimé d'être avec eux à Clairefontaine. Malgré les matchs à Paris, j'ai adoré ce périple. Cette expérience privilégiée m'a apporté beaucoup d'informations sur le domaine du foot, mais m'a surtout fait rencontrer des personnes adorables, devenus de réels bons amis. Jamais lors de tout mon séjour, j'ai pensé au travail et à mon quotidien. C'est peut-être une erreur, car je ne suis pas prête à me dire que ce n'était qu'une belle idylle rapide, et que tout le reste de ma vie, je le passerai derrière une caisse, ou derrière ma télé à regarder les matchs de foot, sans être à leur côtés. Je les verrai à la télévision, mais ce ne sera pas pareil. C'est trop dur pour moi.  Rien ne sera comme ces jours magiques que j'ai partagés avec eux.

Je reconnais la voix de Lulu, Kyks et Benou. Mon cœur se serre à l'idée de ne pas les revoir pendant des mois. En plus, je n'ai pas reparlé à Ben de nous. Je ne sais même pas ce qu'il pense de moi, et il m'a repoussée le lendemain matin lorsque je voulais prendre une douche avec lui. Je ne sais pas si je dois faire une conclusion hâtive de ce comportement et du fait que lui-même n'est pas venu m'en parler de son plein gré. Ça signifie sûrement qu'il ne voulait rien de plus. Juste une nuit, point. Rien de plus que du sexe.

... J'ai du mal à y croire. C'est un homme, après tout. Mais je refuse de croire qu'il est exactement comme tous les autres - appelez-moi naïve. Ou peut-être que je me trompe sur lui. Non, impossible... C'est mon Benou.

Je ne l'ai jamais appelé comme cela, mais j'ai rêvé que c'était son surnom après avoir eu notre premier enfant. À vrai dire, je trouve ce surnom adorablement niai. C'est d'ailleurs après ce rêve que j'ai réalisé que je l'aimais. Vraiment, ça m'a pris tout ce temps, mais j'en suis sûre à présent.

Je t'aime, mon Benou.

Les hommes peuvent me faire du mal s'ils le veulent, mais je n'imagine pas une seule seconde Benjamin comme quelqu'un qui me ferait de la peine. Jamais.

Au contraire, ce sera lui mon garde du corps, mon protecteur, mon ange gardien. S'il m'aime en retour, bien sûr.

J'entends la porte se claquer. Quelqu'un s'assoit au bord du lit et me secoue délicatement.

Benjamin -Jade ?

-Ben ? J'ouvre grand les yeux et je crois le surprendre.

Benjamin -Je croyais que tu dormais.

-J'ai fait semblant. Je ne veux pas partir, Benjamin. Tu ne peux pas rester à Lille avec moi ?

Benjamin -Non, je ne peux pas rater les matchs importants. Il sourit, malgré la négation.

-Même pas un ou deux...?

Benjamin -Même pas une mi-temps, Jade.

-Ce sport est cruel.

Il rit, d'une voix naturellement enjouée alors que je me lève.

Benjamin -Je vais peut-être te laisser ton intimité.

-Non, reste s'il te plait. Je dois te parler. 

Benjamin -D'accord, je reste, mais dépêche toi...Il ne s'agit pas qu'on soit en retard.

-Je sais.

Cheveux bouclésWhere stories live. Discover now