CHAPITRE 13 - C'est un cauchemar.

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C'est des hommes et d'eux seulement qu'il faut avoir peur, toujours.

Zinaïda

Quelques instants plus tôt.

  On se regarda incrédule, il ne comprit pas ce que je faisais là et moi non plus.
Abramov.
Abramov.
Abramov, pensais-je comme pour avoir une illumination.
Putain ! Mais oui ! Ivan Abramov, c'est de là que ce nom me disait quelque chose. Mais ce jour-là, au restaurant ? Mon cerveau est complètement retourné, j'ai envie de me lever et de le gifler. A-t-il joué la comédie depuis le début ? "il nous a envoyé ton adresse qu'il a dû avoir par Sacha" m'avait dit Dimitri, il a dû me mentir, je sentis mon corps tomber, ma tête tourna, ma vue se brouilla, ma gorge se serra, je manquai d'air, je manquai d'espace.
J'ai besoin d'air,
J'ai besoin d'air,
J'ai besoin d'air...
ET VITE.
Je me dirigeai vers la sortie en titubant maladroitement, je me concentrai pour ne pas tomber et j'en oubliai les gens autour, je ne remarquai même pas que Anton s'était levé à son tour suivit de Dimitri et d'Ivan. Une fois sortie de la pièce je me mis à courir jusqu'à la porte d'entrée en faisant bien attention à ne pas trébucher. J'ouvris la porte, descendis les escaliers en courant.
Je dois partir d'ici, pensai-je.
JE DOIS PARTIR D'ICI, hurlai-je.
Je trébuchai sur la dernière marche et tombai, je m'étalai sur le sol, oubliant toute douleur je m'assis, le dos contre la dernière marche, j'enroulai mes bras autour de mes jambes et posai mon front sur mon genou à présent en sang. Je plonge dans un vide profond, tellement que je n'entend pas les pas dans les marches, je plonge sans être capable de m'en sortir, j'ai l'impression de tomber dans le néant, plus rien n'existe, sauf moi tombant, encore et encore. D'un coup une main se posa sur mon bras, j'essayai de lever la tête suite au contact mais je n'y arrivai pas.

  - Zinaïda ?

  Cette voix me parut si lointaine mais aussi tellement proche.

- Zinaïda s'il te plaît, regarde moi.

Si je pouvais je le ferais.
Je continuai de tomber, plus rien ne sembla m'entourer, le seul truc que j'entendis était ma propre respiration qui se fit de plus en plus saccadée. Soudain, un visage m'apparut.

- Xenia ? dis-je.

Tu n'es pas seule Zinaïda, calme toi s'il te plaît, ouvre les yeux, dit une voix qui ne semblait pas provenir de ma soeur - pourtant - c'était la sienne. Une main caressa lentement mon dos. Je relevai ma tête maintenant complètement défiguré à cause de mes larmes qui ont fait couler mon mascara. Je vis une main délicatement posé sur mon bras, je levai un peu plus la tête et aperçut Anton accroupi là, il me regarda, de la colère se fit ressentir dans son regard mais également un besoin de savoir ce qu'il se passe. Derrière lui se tint un homme, cette posture me dit quelque chose, je le regardai et vis Dimitri plein d'inquiétude, il m'adressa un sourire maladroit et baissa la tête. Puis je repense à la main qui caressa mon dos, je regardai sur ma gauche et vis Ivan, une main dans mon dos, la deuxième - sur laquelle il a posé sa tête - est sur mon genou. La fine distance qui nous séparâmes me glaça le sang. Il me regarda envahi de tristesse.
Sale acteur.
J'écarquillai les yeux et tenta de lui hurler dessus, seulement aucun mot ne sortit, je me levai prudemment et montai les marches à reculons, je ne quittai pas des yeux Ivan qui fut maintenant plein d'incompréhension, mon attention fut entièrement porté sur lui, tellement que je ne fis pas attention, manquai la marche et tombai en arrière je n'entendis que des hoquets de surprises pendant ma chute puis d'un coup... Le vide.

Anton

  Son corps s'affaissa devant mes yeux, un bruit de fracas se fit entendre puis Ivan et Dimitri hoquetèrent de surprise. Sa tête s'était cogné à la première marche, une petite flaque de sang apparut et je m'élançai. Je montai les marches quatre par quatre, je posai deux doigts sur son cou. Son pouls était rapide. Je la pris dans mes bras, me mis à la porter, et fus étonné par la légèreté de son corps inerte. J'ouvris la porte et courus dans les escaliers, je l'installai sur son lit, m'assis à ses côtés et attrapai mon téléphone, si elle meurt elle m'emportera avec elle, Irik s'en assurera, je composai le numéro d'un ami médecin de la famille, il décrocha. Du brouhaha se fit entendre derrière lui.

AntonWhere stories live. Discover now