CHAPITRE 3 - Ivan.

98 11 1
                                    

L'amour exige l'amour ; il est impossible de préférer sans vouloir être préféré.

Zinaïda

12h

  Valia afficha une mine mi-compatissante mi-inquiète. C'est ce côté d'elle qui apparaissait à chaque fois qu'on était qu'à deux, depuis qu'elle a pris conscience que mes démons me pourchassaient encore douze ans après. 

  Dans ce grand restaurant réparti en plusieurs parties, une partie correspond à un pays, nous donnâmes l'impression d'être de simple touristes s'intéressant aux cultures étrangères. Nous nous somme dirigés vers le drapeau qui m'était familier comme si je ne l'avais jamais fuit il y a onze ans maintenant. 

  La salle était rempli de gens d'éthnies différentes sans être trop oppressante, nous attendîmes nos plats en silence comme si nous nous voyons pour la première fois, Valia m'examina de la tête au pied comme si j'étais une inconnue à qui sur son front était écrit "aidez moi je ne vais pas bien, mon vide ne sera jamais comblé mais vous pouvez toujours essayer". Je ne lui en veut pas de s'inquiéter, c'est la seule qui donne l'impression d'arriver à lire en moi même si je sais qu'elle n'y arrive pas et que ça la frustre au plus haut point. 

  C'est la seule à qui j'autoriserais à m'ouvrir en deux pour lire en moi comme un livre déjà ouvert et laissé meurtri sur une pauvre table dans une pièce délabré, seulement j'ai peur qu'en tournant les pages elle ne se coupe le doigt et saigne sur mon coeur déjà en pleine hémorragie.

  - Voilà vos plats mesdames, le bortsch ? dit le serveur en tendant un plat.

  - Pour moi, dis-je en ne lâchant pas ma cousine des yeux.

  - Et donc pour moi c'est la salade olivier. dit Valia.

  Elle leva les yeux en direction du serveur, ce dernier arbora désormais un large sourire après avoir posé ses yeux sur moi.

  - Spasibo, soufflai-je gêné.

  Le serveur semblait encore plus intéressé.
Sentiment non partagé.
Il me répondit en russe et s'éloigna en faisant attention à bien nous servir, il nous dérangeait à peu près toute les dix minutes, il nous demandait si c'était bon, si nous avions besoin d'eau, si nous avions fini. Mais entre quelques questions anodines il ne put s'empêcher de me demander d'où je venais, comment je m'appelais, si j'étais célibataire etc.. J'appréhendais le moment ou il me demanderait mon numéro et où je serais obligé de lui dire que je n'étais pas intéressé - car c'était toujours ce qu'il se passait, les hommes voyaient toujours en moi qu'un bout de viande - même si malgré lui ses apparitions rompait le silence que Valia instaurait, pourtant ce n'était pas plus mal j'avais besoin de réfléchir. 

  Je n'ai pas le temps pour ce genre de distraction, on avait trop besoin de moi, ma soeur, ma mère, mes meilleurs amis ont besoin de moi. J'ai besoin de moi, et puis il faut d'abord s'aimer soi-même avant d'aimer quelqu'un. 

  À chaque fois que ce serveur, qui s'appelle Ivan, s'élançait dans notre direction, je ne pus ne pas remarquer cette homme assis au comptoir, qui me regardait avec un regard comme si il voulait me dévorer, je me suis seulement contenté de ne pas lui rendre son regard et de l'éviter, malheureusement à chaque fois qu'il m'adressait un coup d'oeil je ne pus m'empêcher d'être familière avec le serveur pour lui montrer qu'il ne m'intéressait pas et qu'à aucun moment je ne le laisserai me parler ni même m'approcher. 

AntonWhere stories live. Discover now