Chapitre 52

2.3K 216 36
                                    

PDVAlizée 15/06/16 13:00

Je marche la gorge nouée à travers la prison des hommes, pas après pas, mes chaussures fournies par l'hôpital couinant à chacun de mes pas.

J'ai supplié les infirmiers, je les ai supplié, comme jamais je ne l'avais fait auparavant, de rendre visite à mon compagnon, une dernière visite -avant qu'il ne soit trop tard, je vous en prie. Prostrée sur le sol, j'ai plaidé le dieu qui surplombe le ciel, je ne suis pas persuadée qu'il existe, après tout, mais lorsqu'on est désespérés, on a tant besoin d'espoir. Les infirmiers et médecins, démunis face à ma curieuse réaction surdimensionnée, m'ont donné des calmants, mais dès mon réveil mes cris redoublaient de sorte à ce qu'on m'a envoyé dans le bureau du directeur de l'établissement. Je l'ai regardé. Il m'a regardé. Je me suis assise. Il m'a regardé. Je ne pleurais pas. Il a croisé les bras sur son torse. ''Si vous n'acceptez pas que je vois Ashton, je jure devant Dieu que je vous tuerai et que j'irais le voir de moi même'', voilà ce que je lui ai dit. Et peut-être qu'il a décelé la sincérité dans mes propos, le fait que je n'hésiterai pas une seule seconde à mettre ma menace à exécution, peut-être qu'il a eu ne serait-ce que de la pitié pour moi et les épreuves que j'ai du supporter, cela a pris du temps, un temps infini mais il a accepté. J'ai du attendre trois semaines, trois longues et courtes semaines pendant lesquels seul Will méritait mon attention. A la fin de ces trois semaines, le verdict est tombé, seulement dix minutes d'entrevue, une visite au temps limité.

J'ai du ensuite attendre un mois, un mois entier avant de pouvoir me rendre, sous escorte, à la prison d'Austin, le cœur au bord des lèvres.

Je balaye le grand réfectoire du regard, mal à l'aise lorsque que certaines paires d'yeux se braquent sur moi. La plupart des détenus ne font pas attention à mon arrivé, moi, la fille discrète qui essaie de se fondre dans le décor, essaie de passer inaperçue. Je n'ai pas eu besoin de demander pourquoi le gardien me faisait passer par le réfectoire, au lieu du couloir prévu dans le but de mener les visiteurs vers la salle de visite. Il m'a directement expliqué qu'il était en travaux et que nous n'allions passer que quelques secondes.

Les menottes de métal frottent contre ma peau, mes bras ramenés derrière mon dos m'offrent une sensation des plus désagréables, brûlure et irritation. Le gardien de prison garde sa main verrouillée autour de mon biceps à m'en faire des bleus, ses ongles rongés s'enfoncent dans ma chair. Je grimace quand mes yeux rencontrent les prunelles d' Ashton au loin, son visage figé par la surprise.

La vue de sa jambe beaucoup plus maigre que l'autre et des profondes marques sur ses bras me rappellent l'accident que nous avons provoqué. Je ne me suis retrouvée qu'avec une lésion des cervicales et hémorragie, puis seulement quelques coupures un peu partout.

Je ralenti le pas, le gardien grognant lorsqu'il remarque que j'avance de plus en plus lentement, à la limite du surplace. Il me donne un petit coup, pas très fort, pour me faire avancer plus vite. Une légère tape comme s'il s'attendait à ce que je m'écroule à la moindre brise. Mon vieux, si tu penses ça de moi, alors t'es foutu.

Je sens le poids d'un regard sur ma nuque et fait volte face, mes yeux rencontrent un grand blanc à la carrure surprenante, les cheveux teint d'un blond platine et le regard glacial. Il hoche la tête vers Ashton dont la mâchoire se mure, lui dessinant un visage rectangulaire. Le garde jure de surprise tandis que je regarde la scène, sifflant à travers mes dents serrées.

Le criminel aux cheveux colorés se projette en avant, tend les bras, lesquels viennent rencontrer l'estomac d'un autre détenu, un noir un peu plus grand que le blond. L'ami d' Ashton crible de coup l'homme qui répond par cette même violence. Leurs gestes se font violents et agressifs, ils roulent dans la poussière du terrain, l'un au dessus de l'autre jusqu'à ce que le second prenne l'avantage et se positionne sur l'autre, et vis versa. Le gardien qui était auparavant figé, se précipite vers le grillage près de nous, m'entraînant dans sa course, m'agrippant de toute ses force au risque de m'arracher le bras.

Sweet Serial KillerWhere stories live. Discover now