Chapitre 28

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PDVAsh 03/01/15 12 :29

J’avale une seconde gorgée de mon mauvais café brûlant. La touillette tapote mon nez et je repose le gobelet. Je me lève et ma chaise racle bruyamment le sol de la station-service.

Je sors mon briquet et brûle l’extrémité. Je regarde quelque minute la petite braise orange et je serre la mâchoire en repensant à cette stupide explosion.

Elle a brûlé le bout de mes cheveux et à roussi mon dos, rien de bien grave, ni douloureux mais très frustrant, sachant que cette fille a été plus intelligente que moi. Je ne sais pas comment j’ai pu être aussi bête pour la laisser seule dans ces toilettes, sans surveillance et je ne sais combien de fois je me suis giflé mentalement pour cette erreur.

Peut-être que compte tenu de sa santé mentale, j’avais baissé la garde ? Dans tous les cas, le résultat est le même, elle court en pleine nature avec cet idiot de Lembert.

Je souris lorsque je souffle un nuage de fumé cent pour cent nicotine sur le petit panneau rond « défense de fumer ».

_Monsieur ! La cigarette est interdite ! m’apostrophe la caissière.

Je me tourne lentement, prêt à lui offrir mon plus beau sourire lorsque je la vois. De longs cheveux blonds, une jolie silhouette, un visage fin, j’ai l’impression de voir le fantôme de Kylie.

Tous les sentiments que j’ai un jour ressenti pour Kylie m’emportent dans une vague déferlante, comme un barrage qui cassent et dont l’eau inonde mon corps. Je reste figé, trop secouer pour dire quoi que ce soit et pour détacher mon regard de la caissière qui est devenue maintenant écarlate sous le regard aussi insistant d’un étranger. Et puis, à mieux regarder, elle ne ressemble pas tant que cela à Kylie, son nez est trop court, ses yeux trop petits et sont bleus et non verts, et ses tâches de rousseurs brisent l’équilibre précaire de son visage.

Je comprends alors qu’il est temps pour moi de sortir d’ici. Je ferme mon lourd blouson de cuir et rajuste mon bandana un peu plus sur mes oreilles pour me protéger du froid. Je traverse la station, ignorant le regard toujours encré sur mon dos de la caissière et je passe la porte. Je me dirige vers le parking ou je vois ma Harley Davidson.

La mienne est bien différente de celle de Santana, plus belle, plus intimidante et largement plus rapide. J’enfourne ma Harley et sors du parking. Le tapis de goudron se déroule devant mes yeux, habité par de multiples machines roulantes. J’accélère sans même m’en rendre compte, je glisse sur la route. Je prends le virage largement, sentant le vent fouetter mon corps et je fléchis les genoux, comme si j’étais un grand champion de moto, puis, le virage dépassé, je reprends une attitude normale. J’avance vite, comme si rien ne pouvait m’atteindre et je pense que c’est la chose que j’aime le plus dans les Harley. Je sonde la route du regard, mais elle semble complétement déserte concernant les piétons. Je jette un œil au texto que Black vient de m’envoyer, rapidement pour ne pas perdre de vue la route ni le guidon. Il dit de façon brève et claire qu’il les a trouvés. Je fourre le téléphone dans ma poche gauche, alors que la droite est habitée par mon revolver. Il ne m’a pas donné plus de précision, pas de détail, rien qui pourrait me persuader qu’il dit la vérité, et pourtant je le crois. Je ne pourrais pas affirmer que Black est une bonne ou une mauvaise personne, je ne le connais pas assez pour cela, je sais ce qu’il n’est pas mais pas ce qu’il est, pourtant, Michael semble lui faire confiance et je pense qu’il a dû la mériter.

Santana ne donne pas sa confiance facilement, comme nous tous. Après ce que l’on a tous vécu, il est pratiquement impossible d’ignorer le côté parfois trop sombre des gens. Je suis bien placé pour savoir à quel point cette part d’ombre peut pousser quelqu’un à commettre l’irréparable.

Sweet Serial KillerWhere stories live. Discover now