Chapitre 51

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PDVAlizée 14/04/16 21:10

Je suis assise sur une chaise inconfortable bas de gamme, dans le jardin, le visage de marbre. Je croise mes jambes et mon pantalon remonte un peu de sorte à ce que je vois le bracelet autour de ma cheville, identique à celui qui se trouve autour de mon poignet. Je le fixe intensément, à quoi bon l'enlever ? A l'instant même où je le retirerai, une infirmière surgira et m'en remettra une nouveau. Bracelets en plastique translucides roses bonbons, para-scki, écrit en italique noir, les abréviations de schizophrénie paranoïde.

Je tourne mon fauteuil pour que me visage, figé par ma minerve, se trouve vers les rayons dorés du soleil. L'océan jaune engloutit agréablement ma figure en une lumière aveuglante. Je tourne le dos à l'hôpital psychiatrique d'État d'Austin, lassée de ce bâtiment lugubre. Les nuages cotonneux se découpent en formes étranges, proches de celle qu'on me présente continuellement.

Qu'est-ce que tu vois sur ce papier ? Une tache. Et là ? Une autre tache. Pourquoi mens-tu, Alizée ? Je ne mens pas, je ne désire simplement pas vous dire ce que je vois. Que vois-tu, alors ? Une tache.

Je crache leurs médicaments, me fourre un doigts dans la gorge et les vomis, je fais tout pour que je ne me retrouve pas seule, ils veulent que je sois seule, je ne veux pas être seule. Leurs petites gélules blanches et bleues attirent mon regard, les infirmiers disent qu'elle sont bonnes pour moi et je leurs réponds qu'ils aillent se faire foutre, elles ne sont pas bonnes pour Adam, et ses ailes multicolores, qui vole dans le ciel bleu.

Je dois assister chaque jours à des thérapies de groupe, avec une psychologue spécialisée, présente pour mieux nous comprendre, mieux nous aider à combattre nos hallucinations, je n'ai pas besoin d'eux pour vaincre mes illusions, je n'ai pas besoin d'eux, j'ai besoin d' Ashton.

Ils veulent me faire parler alors je me tais, mais les autres malades sont coopératifs, de gentils toutous shootés aux médocs.

Je suis potentiellement dangereuse pour les autres malades et je suis tenues de ne pas m'approcher des autres détenus. Je ne comptais pas aller les voir, de toute façon. Nous ne sommes pas dans une colonie de vacance, je ne suis pas là pour me faire des amis.

Je reporte mon attention sur le soleil qui déverse toujours cette mer infinie d'or sur l'herbe tendre et verte coupée de frai. Je me penche et arrache un brin et le retourne entre mes doigts engourdit par le froid, lorgne l'horizon et tente d'oublier le grillage qui me sépare de la liberté.

– Vous devriez rentrer, il fait frais. m'intime une voix.

Je me tourne difficilement vers mon interlocuteur au visage de lutin. Un petit nez en trompette, deux yeux rapprochés et les joues rougies par le vent frai, je fais face à William, mon infirmier. Il doit être proche d'une trentaine d'année, plutôt de grande taille, longue tige maigrelette aux boucles d'or qui reflètent les rayons limonades.

– Ne vous inquiétez pas pour moi, Will, allez vous mettre au chaud.

– Vous savez que je dois garder un œil sur vous, pas que je n'ai pas confiance mais je préfère autant garder mon travail. affirme-t-il

J' hoche la tête sans pour autant bouger de ma chaise, les jambes toujours croisées vers le soleil couchant. Je grimace lorsque ma minerve frotte ma brûlure et jette un coup d'œil vers l'infirmier qui se tient toujours bien droit, les bras croisés et le regard fixé sur l'horizon.

– Vous aimez votre travail ? demandais-je soudainement

– Oui bien sûr, pourquoi cette question ?

– Pourquoi l'aimez vous ?

Il m'observe quelque seconde de ses yeux bruns et passe une main dans ses cheveux de blé.

Sweet Serial KillerWhere stories live. Discover now